131 sa famille et explique pourquoi « un Castellane doit toujours s’appeler Boniface quelque ridicule que soit ce nom. Il raconte son enfance puis donne ses états de service jusqu’en 1830. Il évoque les combats en Espagne en 1808, à Burgos où le comte Lobau demanda pour lui le grade de capitaine de la Garde et la Croix, et que Napoléon refusa, le trouvant trop jeune ; la campagne d’Autriche en 1809 où l’Empereur fut blessé au pied, la mort de Lannes, la bataille de Wagram « une des belles boucheries militaires ». En 1812, c’est la campagne de Russie : « Nous passâmes le Niemen le 24 juin avec la plus formidable armée que j’aye vu composée de toutes les nations, on y parlait toutes les langues, c’était une véritable tour de Babel […] La boucherie de la Moskova eut lieu le 7 septembre nous n’avions que 134 000 hommes présens, 583 pièces de canon; nous y perdimes 30 000 soldats au moins […] Le lundi 14, nous sommes entrés à Moskou ; le feu y prit le soir, l’Empereur examinant le lendemain l’incendie du haut du Kremlin dit au comte Lobau Ceci nous présage les plus grands malheurs […] Dès le 7 novembre, bon nombre de soldats qui ne vivoient que de cheval étoient morts sur le chemin d’une singulière maladie ; ils avoient l’air ivre d’abord, fesoient ensuite des mouvements précipités puis tomboient par terre, s’écrioient Je n’ai plus de force et expiroient. […] Nous arrivâmes à la Bérésina le 26 toute l’armée à l’exception des corps Oudinot et de Bellune venant de Pollosk étoit à la débandade. Le 27 on passa paisiblement les ponts. Le 28 on se battit et il y eut du désordre au passage. L’Empereur quitta l’armée à Smorgonie […] J’eus le 7 décembre à Miedniki les 2 mains gelées ; on me les frotta avec de la neige, la gauche revint la droite un peu je la portai six mois en écharpe et j’en suis estropié »… Etc. Puis Castellane raconte la campagne de France, la Restauration (ayant prêté serment à Louis XVIII, il ne sert pas pendant les Cent-Jours), l’expédition d’Espagne ; c’est alors qu’il commence la rédaction de ces mémoires, dont les notations se poursuivent jusqu’en août 1830. On joint une lettre adressée au colonel Boni de Castellane (par un parent), Versailles 2 mars 1814, sur l’avancée du corps de Blücher et des nouvelles familiales.
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