171 65 171. COLETTE. L.A.S., Lundi matin [Paris 27.XII.1943], à Marguerite Moreno ; 3 pages et demie in-4 (sous verre). 600 / 800 € Belle lettre de fin d’année à sa grande amie comédienne, sous l’Occupation. « Ma Marguerite, j’aurais aimé que nos lettres de fin d’année se croisassent ». Elle a entendu deux jeunes femmes délirer sur Marguerite dans Douce [film de Claude Autant-Lara], qu’elle n’a pas encore vu. Elle lit le Soulier de Satin de Paul Claudel, dans son lit : « Comme je me suis, toujours, assez mal adaptée à Claudel, je lisais en grognant, en invectivant contre ces apparentages, d’époque et de caractères, qui vont jusqu’à rappeler si vivement Jarry ! Et puis… et puis des scènes qui vous arrachent à la critique, qui provoquent (la bouchère qui nage et se noie, et la scène finale) presque la larme ». Elle ne se sent pas très bien, et tout est devenu difficile, sans livreurs : « Le cycliste, à cause de ses pneus usés, ne dépasse pas tel arrondissement. Bagatelles »… Elle a revu Tonton [Gaston Baheux dit «Tonton de Montmartre», animateur du cabaret Le Liberty’s] : « Il s’est trouvé seul quelques heures, […] il a empoigné un poulet, quelques tranches de jambon, une bouteille de vin et une de fine, et il est descendu chez nous, à notre grand plaisir ; je voudrais qu’il fût heureux, plus tard, dans sa propriété ». Marguerite ayant parlé du « langage » de sa source, lui fait souvenir « qu’en m’endormant un jour près d’une petite rivière tumultueuse (j’adorais dormir en plein air) le langage de l’eau s’est transformé, traduit en langue humaine, quand j’ai passé de la veille au rêve, mais tout s’est effacé au réveil, comme il se doit. […] N’empêche que de plus en plus je pense que je te retrouverai, à travers tout, malgré vents, guerre et espace ! Tu verras, Marguerite, tu verras. Ce matin le vent passe à l’Ouest, et je bénis cette humidité, ce gris-bleu »… 172. COLETTE. Photographie avec L.A.S., [vers 1950], à un « cher Maître » ; 9 x 13,5 cm. 200 / 250 € Photographie de Colette écrivant devant sa fenêtre, par Lipnitzki ; tirage argentique, signé en bas à gauche, avec tampon au verso. En marge et au dos, Colette a écrit pour remercier d’un « charmant objet » (un sulfure), qui rejoint ses « autres trésors » : « Je compte ses bulles, je me repais de tout ce qui m’attache à lui. […] Je suis un vieil écrivain. Venez vous me rendrez bien contente, moi qui suis immobile»… 173. COLETTE. 5 livres brochés et 6 photographies (dont 2 encadrées). 100 / 150 € Willy, Minne, 27e éd. (Ollendorff, 1904). – Mitsou ou Comment l’esprit vient aux filles, ill. de Jean Oberlé (H. Jonquières, 1926). – Mitsou, ill. par Hermann Paul (Le Livre de demain, A. Fayard). – La Maison de Claudine (Flammarion). – Gigi, adaptation cinématographique (Codo-Cinéma, 1949). Photographies (contretypes ou retirages, in-4) : dans son institut de beauté, aux sports d’hiver, à la première de La Seconde…
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