204 78 204. Laurent Angliviel de LA BEAUMELLE (17261773). L.A.S., Nîmes 15 avril 1758, à une dame ; 6 pages et demie in-4 (déchirure avec manque de papier à la dernière page touchant quelques mots). 500 / 700 € Longue lettre galante en partie en vers, peutêtre adressée à Jeanne Finiels, avec qui La Beaumelle (le philosophe a déjà été deux fois emprisonné à la Bastille) envisagea de se marier, entre février et avril 1758. « Enfin, madame, je les ay vuës et je l’avouë votre pinceau est des plus fidèles, que ne cultivés vous le talent de faire de portraits ; il ne tenoit qu’à vous d’être un de nos plus grands peintres comme vous êtes une de nos plus aimables femmes. J’ay vû ces deux charmantes sœurs Soudain je les ay reconnuës ; Belles brillantes ingénues Traits réguliers yeux séducteurs Visage parsemé de fleurs Telles enfin qu’Iris déployant sur les nues Sa robe de mille couleurs»… Près de 120 vers sont ainsi égrenés dans cette longue lettre galante dans laquelle il est aussi question à plusieurs reprises de Mlle de Saint-Jean et de Mlle de Montolieu. 205. Henri-Dominique LACORDAIRE (1802-1861) L.A.S., La Quercia 16 décembre 1839, au comte de Falloux, à Rome; 2 pages et demie in-4, adresse, marque postale Viterbo (bord lég. effrangé). 200 / 300 € Magnifique lettre au jeune publiciste. Il n’a pu rendre les visites que M. de Falloux lui a faites à Viterbo, et lui écrit avant d’entrer « dans cette terrible année 1840 qui, sans détruire mes sentimens pour vous, serait capable d’en renvoyer l’expression à l’autre monde. J’estime beaucoup l’autre monde, grâce à Dieu, mais je tiens qu’il faut payer ses dettes dans celui-ci. […] J’écrivais à Mme Swetchine que vous m’apparaissiez de temps en temps comme à l’époque des fées ou plutôt de la chevalerie, lorsqu’après des années de séparation, on se rencontrait tout-à-coup sous les murs d’Antioche ou d’Edesse, au pied du mont Liban, ou en buvant de l’eau du Nil. Et, dans le vrai, si la chevalerie de l’épée n’est plus, celle des idées commence. Nous sommes un peu tous, sous beaucoup de rapports du moins, des chevaliers errans de l’intelligence ; nous cherchons le secret perdu de la vérité […] ; nous cherchons la cité future des hommes, parce que celle d’aujourd’hui n’est plus qu’une tente au milieu d’un champ. Voilà justement ce qui fait, cher et noble ami, que nous nous rencontrons par les chemins de ce monde; nous sommes deux coureurs d’avantures spirituelles, vous plus jeune, moi plus vieux, partis de rivages plus différens encore que le nombre de nos années. C’est pourquoi vous me pardonnez de ne pas coucher toujours dans le même lit que vous. Celui d’un moine est toujours un peu plus dur et sauvage que celui d’un jeune homme du monde, quelque amoureux de la sagesse qu’il soit. […] Réunis que nous sommes par les grands endroits de l’esprit, laissons au temps le soin de nous apprendre qui a tort ou raison sur le reste. Dès que Jésus-Christ et son église sont pour vous la pierre angulaire des destinées de l’humanité, je vous tiens pour ayant reçu la lumière de ces révélations qu’on appelle vulgairement des révolutions. Vous êtes homme baptisé du baptême de l’avenir ; vous êtes dans la conjuration de ce que Dieu prépare, son soldat, son lévite, un français retrempé à la source prédestinée d’où est sortie la France »… 206. Léo LARGUIER (1878-1950). 54 L.A.S., 1905-1911, à Charles Dumas ; env. 115 pages in-8 ou in-12, enveloppes. 600 / 800 € Importante correspondance amicale et littéraire à son « vieil ami », son « cher poëte », « Mon lieutenant », « Mon vieux », etc. Au sujet de poésie, de leurs travaux ; demandes d’écrits ou d’articles dans divers journaux ; questions d’argent, de rendez-vous et invitations, recommandations, vœux, etc. 1er avril 1905. Il était à une terrasse de café hier avec Moréas, et remercie Dumas pour son volume ; il l’invite à prendre le café chez lui un soir ; « Derème m’a dit de fort beaux vers de vous », et il aimerait connaître ce poème… Remerciements pour son article : « Rien ne pouvait me toucher davantage […]. Les poëtes sont d’ailleurs les seuls critiques et je suis très fier des pages que vous me consacrez. C’est certainement la première fois que l’on dit ces choses sur mon art »… Le livre de Despax va bientôt paraître : « je crois qu’il sera fort beau »… Février1907. « Une mort, celle du Mouvement ! Cette revue meurt de misère ». Il lui propose des nouvelles pour le Figaro : « Je ferai
RkJQdWJsaXNoZXIy NjUxNw==