ADER Nordmann. LETTRES et MANUSCRITS AUTOGRAPHES

91 236. Georges RIBEMONT-DESSAIGNES (1884-1974). Manuscrit autographe signé, Arc-en-ciel, [1926] ; 12 pages in-4 à l’encre bleue sur papier fin (petite déchirure sans manque réparée au premier feuillet, rousseurs sur le dernier, qqs ff légèrement effrangés). 800 / 1 000 € Rare manuscrit d’une pièce dadaïste, créée le 2 mai 1926 au théâtre des Mathurins lors des Galas Bériza, avec une musique de Jean Wiener, et dans une mise en scène et décors de Ladislas Medgyes. Un extrait parut dans le n° 86 des Cahiers du Sud (janvier 1927). La pièce a été publiée dans Dada 2, recueil de textes de Ribemont-Dessaignes, par les soins de Jean-Pierre Bégot (Paris, Champ Libre, 1978). Cette pièce en un acte met en scène quatre personnages : Ophélie, « Figure de cire » ; David, « Astronome » ; M. Cœur, « Coiffeur » ; Barbara, « Femme de David » ; et plusieurs rôles muets: une moitié de danseuse, une seconde moitié de danseuse, une danseuse entière, une vieille femme, des passants et des chasseurs. Marguerite Bériza jouait Ophélie et Orane Demazis était Barbara. La pièce est à la fois loufoque et poétique, tout à fait « Dada ». L’astronome David dirige son télescope vers la vitrine du coiffeur et y découvre Ophélie, «un mannequin de cire représentant une femme idéale » ; Ophélie le découvre à son tour : «Ils se contemplent ardemment. Des hommes passent et s’arrêtent à regarder le mannequin ». Survient le coiffeur : « il jette des pierres aux passants qui s’éloignent ». Pour les dissuader de revenir, il installe un piège à loup, et David reprend sa contemplation céleste. C’est à ce moment que les danseuses entrent en scène : « Une femme est apparue dans l’ombre, elle est nue, mais on n’en voit que la moitié droite du corps. Elle danse. Puis une autre femme nue dans les mêmes conditions, et dont la moitié apparente est celle de gauche, se met à danser. Enfin les deux moitiés se rejoignent. On ne voit plus qu’une seule femme complète qui continue à danser. Un bouquet de fleurs s’épanouit dans le ciel. Des nuages passent. La danseuse s’élève et disparaît derrière les nuages. Le visage d’Ophélie paraît à sa place et se met à chanter. Dans la rue passent des gens avec leur parapluie. La lune a remplacé la face d’Ophélie. Un rayon illumine la vitrine du magasin de M. Cœur, où s’illumine Ophélie. On voit Ophélie sauter à bas de son socle. Elle sort du magasin en brisant la glace ». En quittant sa vitrine, elle se prend dans le piège à loup. Barbara se querelle avec David puis avec Ophélie. Les deux femmes se battent. Barbara réussit à s’échapper. Ophélie et David échangent quelques mots tendres jusqu’au retour de Barbara. Armée d’un rasoir, celle-ci tranche la tête de son mari. Entendant du bruit, M. Cœur tire un coup de feu qui atteint Barbara. Arrivent alors les chasseurs qui entourent Ophélie « avec tumulte, et se penchent avidement. Trompes. Grande fanfare. Tandis qu’on voit s’envoler au ciel la tête de David, les chasseurs emportent Ophélie sur leurs épaules comme une bête morte»…

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