245 127 245. Marcel PROUST (1871-1922). L.A.S. ; 3 pages in-8. 1 800 / 2 000 € Belle lettre littéraire inédite. Proust remercie un auteur (Sylvain Bonmariage ?) de l’envoi d’un livre. « Une grande fatigue de la vue m’interdit actuellement la lecture et la correspondance. J’ai fait pourtant infraction pour vous lire un peu et vous remercier. Car j’ai tant aimé certaines parties de votre livre. Tout ce que vous dites par exemple de Julien Sorel opposé du Disciple et rapproché de lui, m’intéresse beaucoup. Beaucoup de vos “pensées” me semblent contestables, mais quelle pensée ne l’est pas, et puis elles me font le plaisir de me faire faire un peu connaissance avec votre intelligence et de me renseigner sur vous. Au reste votre livre ne renseigne pas que sur vous; ce que vous dites de Frantz Hals est du plus grand intérêt. Je garderai les heures ou j’aurai le moins mal aux yeux pour mieux vous lire »… Il évoque pour finir « le tableau de la mort de Chateaubriand ». 246. Marguerite Eymery, dite RACHILDE (1860-1953). L.A.S., Paris, 2 octobre 1936, [à Léon Delafosse] ; 4 pages in-8 à en-tête du Mercure de France. 250 / 300 € Les catastrophes s’enchaînent : en l’absence du directeur du journal, parti faire des conférences au Brésil, le secrétaire a eu un accident de moto et elle se trouve seule pour recevoir les gens de lettres. « Ah ! le beau temps du Mercure est passé où l’on pouvait demander le directeur de 7 h. du matin à 7 h. du soir… » Elle a fait appel à un administrateur et espère « voir paraître mon livre fin novembre… mais…mais… ça tient à tant de choses. […] Si on ne s’occupe pas soi-même de donner le ton à notre personnalité, ce ne sont pas les autres qui vous aideront jamais »… Elle regrette l’attitude de la France qui « a adopté l’indifférence comme seul système de combat et on en recueille les fruits ». Elle raconte un incident survenu au Club du Faubourg de Léo Poldès où elle a mis « en fuite un anarcho espagnol de qualité… en le menaçant simplement de lui mettre quelques balles dans la peau, parce qu’il avait menacé du poing la salle entière en lui disant : “Vous ne voulez pas nous donner des armes et des munitions ? Nous vous en f… des coups quand nous reviendrons” textuel ». Cela a fini dans les hurlements de la salle. Elle constate que « la grève de la battellerie sur les bords de la Seine (quinze barrages de péniches et de remorqueurs) était faite par des gens qui ne savaient pas pourquoi et qui ne connaissaient pas les gens qui leur donnaient des mots d’ordre. Après cela, on peut tirer… la planche qui relie les péniches au sol français. Où allons-nous ? Moi, j’ai le sang de mon père dans les veines et je ne déserterai pas»… .../...
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