131 outre une réponse d’Anatole de La Forge, une note de Manin, Scheffer et Ulloa, déclarant qu’ils avaient autorisé La Forge à parler en leur nom (et une lettre d’Henri Martin se désolidarisant de cette polémique) ; Sand leur répondit aussitôt par cette lettre ouverte, publiée dans La Presse et Le Siècle du 22 mars. Girolamo Ulloa (1810-1891) avait été impliqué en 1833 dans une conjuration ; placé sous les ordres du général Pepe en 1848 à la prise de Venise, il fut nommé colonel puis général de brigade, résistant l’année suivante aux Autrichiens, malgré une infériorité numérique ; après la chute de Venise, il partit pour l’exil avec Daniele Manin, résidant à Paris de 1849 à 1859. Revenu en Italie, il commanda l’armée de Toscane jusqu’à la paix de Villafranca. Daniele Manin (1804-1857) avait pris en mars 1848 la tête du mouvement de libération de Venise, et devint président de la République. Contraint à l’exil après le retour des Autrichiens (21 août 1849), il vécut à Paris en donnant des leçons d’italien. Le troisième personnage est le peintre Ary Scheffer (1795-1858).] Sand rappelle à ses interlocuteurs qu’ils ont signé la déclaration regrettant les propos de Sand concernant l’Italie, et leur demande « s’il vous convient de signer la déclaration complète : à savoir qu’il résulte de la lecture entière du roman intitulé La Daniella : “que les opinions de Mme Sand ont subi une triste métamorphose ; qu’elle insulte à l’infortune d’un peuple opprimé ; qu’elle prête l’appui de sa plume aux détracteurs de l’Italie ; qu’elle ajoute sa signature au bas de l’acte d’accusation que dressent contre l’Italie d’aveugles et injustes persécuteurs ; que les amis de l’Italie sont affligés de la rencontrer dans les rangs de ses adversaires ; enfin que, de gaîté de cœur, elle lance l’outrage aux fronts sur lesquels elle devrait placer des couronnes”. Vous devez, Messieurs, cette déclaration à M. Anatole de la Forge ou vous me devez, à moi, une réparation d’honneur. Ce n’est pas parce que je suis une femme que vous auriez bonne grâce à la refuser. S’il vous plaît d’assumer sur vous la responsabilité des expressions dont s’est servi votre interprète en parlant de moi, et de faire connaître que ses sentimens sur mon compte sont les vôtres, je me le tiendrai pour dit et ne répondrai pas un mot ; n’ayant plus alors qu’à pardonner une horrible injustice à des hommes qui ont beaucoup fait, l’un pour son art, les autres pour leur patrie. Ce silence et ce pardon seront de ma part une justification plus frappante que des paroles. Les cœurs droits n’y verront point une fin de non-recevoir, mais un acte de respect envers vous aussi bien qu’envers moi-même»… Correspondance, t. XIV, n°7418. 251. George SAND. L.A.S., [Nohant] 24 janvier 1872, [à Charles-Edmond] ; 4 pages in-12. 300 / 400 € Elle envoie à son ami, rédacteur du journal Le Temps, son « feuilleton » (de ses Impressions et Souvenirs), « et il y en aura encore un autre sur la matière d’apprendre à lire. C’est bête, mais c’est utile et opportun et j’espère que mon Flaubert ne me mangera pas. Ce n’est pas de l’art que je consacre à cette chose pratique, et on n’est pas obligé de faire toujours de l’art. Il y a quelquefois mieux à faire, quoi qu’il en dise ». Elle tient à corriger l’épreuve, car « il y a nombre de choses techniques et une lettre à la place d’une autre embrouillerait tout ». Quant au livre d’Edgar Quinet [La Création] : « Dès qu’il touche à l’homme il redevient admirable. Je le lis à petites doses, mais j’en suis charmée et je trouve que vous avez eu raison de m’en dire tant de bien, vous n’avez rien dit de trop ; c’est un beau livre ». Puis elle commente la crise politique : « Nous avons donc traversé encore une révolution entre deux eaux ? Nous n’avons pas eu ici le temps de nous en apercevoir. Ce même jour nous avons appris la démission et la réconciliation. Je pensais déjà que Plauchut allait nous proposer le roi d’Araucanie. Ce sera pour une autre fois »... Elle ajoute : « Je vous écris à 3 h. du matin, au bruit de la foudre, clair de lune verdâtre, nuées d’orage, les arbres couchés sous la raffale. C’est très fantastique et très joli. Tout dort à Nohant comme si de rien n’était. Je suis seule à m’apercevoir d’un effroyable tumulte dans le dehors »… Correspondance, t. XXII, n° 15894. 252. [George SAND]. Photographie par Nadar ; format carte de visite sur carte à la marque de Nadar. 100 / 150 € Photographie en buste de G. Sand, coiffée d’une mantille. On joint 3 photographies format carte de visite : Abraham Lincoln, Prince Napoléon, Gioacchino Rossini. 253. [George SAND]. Faire-part, et 6 lettres et documents, la plupart L.A.S. 250 / 300 € Faire-part de son décès, le 8 juin 1876. Manuscrit intitulé Quelques réflexions sous forme de lettre sur l’Histoire de ma vie (de George Sand), daté Nogentsur-Marne août 1856 (16 p. in-fol.), sous forme de lettre à G. Sand ; citons la conclusion : « Vous aurez vécu plus fatalement que la plupart des femmes de notre époque. Vous aurez passé par tous les genres de douleur. Puisse ce triste résultat dégouter ceux qui voudraient suivre la même route que vous ! » Antoine, comte d’Aure : 2 l.a.s. à Sand, 1856-1857. Francis Charmes (1911, sur les œuvres de Sand). Gustave Claudin (1855, à A. de Pontmartin, sur sa critique de Sand). Edmond Plauchut (Nohant 1884, sur son amie G.S.). Plus un menu au dos duquel on a noté un quatrain de Mérimée; et 3 l.a.s. de Henry Brougham.
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