ADER Nordmann. . LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES

43 37 43. Paul VALÉRY (1871-1945). L.A.S. « P.V. », [août 1903, au Docteur Joseph-Charles Mardrus] ; 4 pages in-8. 1 000 / 1 500 € Très belle lettre au traducteur des Mille et une Nuits. Valéry attend un enfant (son fils Claude, qui va naître le 14 août) : « Quelque être maintenant très imminent – peut-être visible dans quelques heures. Mais l’attente en est dure, la grossesse fut pénible. Soins et soucis me tinrent hors de la culture d’amis tels que vous, ami, dont je ne veux embêter l’oreille. Ali baba, Gerbe (réelle) de perles me demeurent comme des moments féeriquement préservés de sales réflexions et d’angoisse. Le blanc bouquin me lut un bon rêve de rire, fleur et luxe, avec ce surcroît qui manque à tous les rêves – le beau langage. Traduire, – et dans votre manière – c’est écrire, ayant rejeté tout ce qui très bête, empâte la littérature et l’éloigne d’un noble sport. Le thème ou intrigue, – aliment de concierges, il faut qu’on le leur laisse [...] L’invention même n’est qu’une traduction imparfaite – tout au plus un lot d’une tombola émerveillant au hasard quelqu’un. Mais retirer d’un texte très étranger une condition continue, n’est-ce pas l’idéal pour qui dispose des ressources du discours et s’en tient à leur exercice le plus pur ? Traduire plus civilisé qu’écrire – ce n’est paradoxe ni erreur. […] Bonsoir, heureux distillateur de roses arabiques, écrivain voluptueux rare Mardrus, auquel la perfection est confortable. Je ne puis vous lire sans me réjouir de n’être point poète »... 44. Paul VALÉRY (1871-1945). L.A.S., vendredi, 40 rue de Villejust, à Jean Moréas ; 1 page in-8. 400 / 500 € « Quoique je vous figure, dans mon esprit, un convalescent délicieux qui s’accoude, issu de la faiblesse, et cause, comme il retrouve sur sa langue la saveur du discours ; toutefois je vous désire tout autre encore, debout, rimant, fumant – tel que vous allez être si vous voulez vous conformer au vœu que je vous écris de tout mon cœur ». On joint la dactylographie de sa traduction des Bucoliques VI et VII de Virgile (4 pages in-4). 45. Paul VALÉRY (1871-1945). L.A.S., 28 novembre 1925, au maréchal Foch ; 1 page et demie petit in-4 à son adresse 40, Rue de Villejust, XVIe. 400 / 500 € Au lendemain de son élection à l’Académie française (19 novembre 1925). « Monsieur le Maréchal et illustre confrère, Votre petit voyage en Belgique m’a privé de la joie d’aller vous présenter mes devoirs et mes remerciements dès le lendemain de mon élection. Comme je dois partir moi-même pour aller faire des conférences à l’étranger, je me permets de ne vous témoigner que par écrit toute ma reconnaissance. Je ne saurais en différer l’expression, que je résume ainsi : ce sera l’honneur de ma carrière d’homme de lettres pur et simple d’avoir reçu du grand homme de guerre qui nous a sauvés, l’accueil et les encouragements que j’ai trouvés auprès de vous»…

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