116 331. Jeanne Le Roux de la Chapelle, baronne TASCHER DE LA PAGERIE (1754-1822) épouse du précédent. L.A.S. [au Vauclin, Martinique] 31 mars 1804, à sa fille Stéphanie (1788-1832, future duchesse d’Arenberg) ; 8 pages in-4. 500 / 700 € Magnifique et très longue et lettre sur la situation tragique des colons de la Martinique pendant le blocus : « cette colonie bien malheureuse depuis que tu l’a quittée par la guerre et la famine et qui va l’être bien davantage sous peu puisque nous attendons chaque jour à être attaqués par les Anglais, et peut-être hélas, prise par eux puisque nous n’avons que fort peu de troupes, et que dans les villes et campagnes on y meurt de faim par neuf mois de blocus assez bien observé pour notre malheur et partout beaucoup trop bien depuis le mois de janvier, ce qui nous autorise davantage à croire à ce projet d’attaque et à craindre d’être pris par famine »... Elle la charge de présenter le porteur de la lettre à « ton cher parrain et à ta chère marraine » [Bonaparte et Joséphine] pour qu’il plaide en faveur de l’île « car personne n’est plus vrai que lui [...] et ton parrain et ta marraine sauront tous ce qui nous concerne avec détails et vérité ». Elle évoque ses inquiétudes quand elle a appris que lors de sa traversée son navire fut pris et amené en Angleterre, donne de ses nouvelles et évoque leur situation difficile. « J’espérais que la récolte de l’année dernière me mettroit à même de ne pas manquer d’argent. Et point du tout, elle est encore à l’habitation cette récolte, les gaboteurs n’ont pu continuer à nous l’apporter », et elle ne trouve plus personne sur l’île pour la lui envoyer, il n’y a ni bras, ni matériel, ni vivres et pour la première fois de sa vie, elle a dû emprunter. « C’est ton digne directeur et instituteur Mr l’abbé Garnier et Mr Nielly qui m’a fait vivre jusqu’à présent. Oui, ma bonne, c’est lui seul qui tous les lundis avec l’affection d’un fils tendre, me porte ce qu’il a gagné de son carnelle des nègres dans la semaine ». Il est le seul, parmi tous les gens qu’elle a aidés dans cette ville, qui soit si charitable avec elle. L’absence et l’éloignement de ses enfants est terrible à vivre, mais elle le supporte « en chrétienne », car elle a l’espoir, qu’à la paix venue, elle viendra les rejoindre en France. « J’iray vous voir tous pour ne plus vous quitter mes chers enfants qu’à la mort ». Elle charge son porteur de rapporter des portraits de chacun de ses enfants. « Je voudrois que sur une simple boëte d’écaille bien noire et toute unie chacun de ces portraits, que je baiserai mille fois par 24 heures et qui ferait le bonheur de ma vie et m’aideray à supporter tous mes maux et le temps qu’il me restera à être loin de vous tous »... On joint une L.A.S., [au Vauclin, Martinique] 12 mars 1804, à son fils Henri (4 p. in-4) ; plus une L.S. Saint-Pierre Martinique 24 novembre 1805, à son beau-frère Danès (1 p. et demie in-4, adresse).
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