ADER Nordmann. Paris. LETTRES AUTOGRAPHES & MANUSCRITS 21 JUIN 2024

71 hommes de Foi et de Vertu qui s’étaient aventurés dans ce lieu interlope, et le policeman nous est apparu comme l’Ange de la Juste Vengeance. Pourquoi faut-il que par l’inutile et condamnable agitation de ses jambes (dont je vous rappelle qu’elles sont nues et plus que nues) Mlle Delysia dénature le caractère d’une scène si fortement morale ? […] S’il y a une place bacchante, je m’empresserai de vous le faire savoir ». – 23 août [1914]. « J’ai gravi le même calvaire que vous et essuyé les rebuffades des bureaux de recrutement – pour arriver à me voir confirmer mes trois cas de réforme qui, paraît-il, sont hélas, toujours valables et n’ont même fait que croître et embellir. Et puis la guerre me fait perdre tous mes moyens d’existence et je n’attends plus rien du lendemain. Les temps sont passés de la Vie drôle, et des Music-Halls. Après la guerre si je puis durer jusque là je chercherai une place quelconque dans le commerce ou l’industrie. Mais je prévois un terrible avenir et la pire misère. Qu’importe si la France sort plus grande de cette crise ? J’ai honte de me plaindre et d’être inutile. […] Je vous raconterai comment je suis resté enfermé quinze jours par la mobilisation dans un petit port de la côte bretonne où la gendarmerie est venue perquisitionner chez le redoutable anarchiste polonais qui s’honore de votre amitié mais qui n’ose même plus signer une phrase ou tant d’incidentes se commandent sans s’obéir ! »… – 11 juin 1915 (sur papier administratif de la Division des Parcs et Abattoirs du Ministère de la Guerre, que Curnonsky a couvert de tampons divers). « Cubistiquement Mystiquement Succinctement, Mon cher Maître, l’aspect de ce la présente feuille résume l’état confusément hélicoïdal de mes circonvolutions cérébrales, aussi bien que de mes tubercules quadrijumeaux, de mes pédoncules cérébelleux postérieurs et de mon œil pinéal. C’est proprement, comme on l’eut écrit vers 1885, le Vortex d’un Maelstrom catastrophique où surnagent, dispersés, avec du tréfonds la permanente angoisse d’un engloutissement définitif emmi les mucilaginosités panachées de lichens de soleil et de morves d’azur, les suprêmes idéalités d’une infraconscience aux abois consciente de sa seule détresse, et les invectives mêmes de Julien non plus que la véhémence de vos Apostrophes n’y pourraient rien apporter de pis »… – 13 août 1919. « Vivant ?… c’est beaucoup dire : de ce qui fut le vaillant hospodar que vous connûtes naguerre, il ne reste plus qu’un quart de vieillard alourdi par le demi-siècle proche, un pauvre mercenaire de lettres qui se demande parfois s’il sait encore écrire le français, un raté sans œuvre et sans enfant qui s’efforce de ne plus penser au lendemain… mais tout de même, soyez-en bien sûr, un vieil ami qui serait bien heureux de vous revoir enfin »… On joint une l.a.s. de René Doumic à P. Louÿs concernant Curnonsky (1903) ; une curieuse lettre de « Nicole » adressée à Mlle Sapho (1897) ; la copie par Y.G. Le Dantec d’un poème de Louÿs, Épitre au Prince Boris Curnonsky.

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