AGUTTES - LIVRES & MANUSCRITS

137 139 137 BECKETT Samuel (1906-1989) Tapuscrit avec signature autographe « Samuel Beckett », [En attendant Godot] : 1 page in-4. Page dactylographiée de sa propre traduction en anglais de sa pièce En attendant Godot, publiée en France en octobre 1952 aux Éditions de Minuit, quelques mois avant la création le 4 janvier 1953 au Théâtre de Babylone. Samuel Beckett traduit lui-même la pièce en anglais et la publie à New-York en 1954 (Grove Press). La première représentation anglaise eut lieu à Londres en août 1955. La page est un extrait de l’acte II, dialogue entre Vladimir et Estragon avec la fameuse réplique : « We’re waiting for Godot », depuis la réplique de Vladimir : « Ah ! I see what it is. Yes, I see what’s happened », jusqu’à cette autre : « What about trying them ? ». On relève une correction autographe de Beckett à la ligne 3, corrigeant « elemantary » en « elementary »). 500 - 700 € 138 BLOY Léon (1846-1917) MANUSCRIT autographe, Notes, [1871-1873] ; 21 pages sur 12 feuillets petit in-4 et 1 page in-8 dans un cahier cartonné, dos toilé. Cahier de notes de lecture, tenu à Périgueux entre 1817 et 1873, avec titres calligraphiés. L’écrivain y a soigneusement transcrit les passages les plus importants de ses lectures d’alors : Les Moines par l’abbé Martin (1867) lu en « Août 72 », VIII notes ; Discours de l’Estat et des grandeurs de Jésus par Pierre de Bérulle (1623, éd. de 1866), lu en « Septembre », XXXVI notes (la note XXXVII a été découpée) ; 2 notes sur la Vie de St Vincent de Paul par l’abbé Maynard ; 33 notes (les 10 premières chiffrées au crayon bleu) de La Légitimité par Blanc de Saint-Bonnet ; 10 pages de notes du Mémorial mnémonique de l’histoire de France, de 350 à 1769. Sur 3 feuillets détachés, note d’après la Recherche de la vérité de Malebranche, liste d’articles du Nain Jaune sur les Théâtres, et prières en latin. Plus une petite page de notes bibliques. 400 - 500 € 139 BOUSQUET Joe (1897-1950) L.A.S. « Joe Bousquet » (signée en tête), Villalier 25 octobre 1925, à André BRETON ; 6 pages in-4 à l’encre bleue (trous de classeur, quelques bords un peu effrangés). Très longue lettre à André Breton, sur les rapports entre le surréalisme et la révolution russe. « Bien cher André Breton, Votre silence me navrait. Mes pensées perdent si vite leur couleur dans cette profonde absence de toute intervention extérieure que j’en suis vite à douter de mon cœur si je lui demande jouer votre partie »... Il a reçu une lettre de GALA ELUARD, « charmante dans sa sévérité »… Il a eu des « crises interrompues de fièvre qui jouent régulièrement en moi le bel automne. […] J’ai le cœur plus près des sens, me semble-t-il... et plus qu’autrefois des ailes dans les mains. Mes pensées et mes rêves se détachent plus nettement dans cette brume “d’une autre nature” qui semblait jusqu’à hier porter dans mon esprit la malédiction de ma chair. Je rêve plus loin et mieux ; et en même temps, mes désirs semblent aller moins loin, amassant à mesure qu’ils s’affirment une manière de dynamisme »… Il a commandé le LÉNINE. « La première lecture m’avait trouvé incertain (la fièvre peut-être) mais je crois plutôt maintenant que ce livre ne doit pas être lu comme il a été écrit, que pour nous, c’est d’un autre côté qu’il faut l’ouvrir. […] Laissons donc le côté épique du livre : il contient des vérités plus belles que les mensonges. La lumière dont il est plein emporte le rêve vers des terres miraculeuses où les éléments obéissent. Il faut sans cesse lever les yeux vers je ne sais quel point de feu où s’élabore le chiffre dont même nos pensées ne sont que les attributs. Il doit rendre la vie à toutes les âmes de phraseurs maigres en leur soufflant – et c’est par ce point qu’il faut l’aborder – cette évidence que l’homme-sommet est inséparable du massif où, miraculeusement, le hasard veut qu’il brille – massifs déterminés par des méridiens purement spirituels, bien entendu, ethniques si l’on veut dans le sens où les peuples reproduisent à leur manière des lignes de force dont notre pensée détient aussi le secret »... Une nouvelle crise de fièvre l’ayant empêché de finir, il commence une nouvelle lettre : « j’ai épuisé tous ces jours-ci les trésors rouges et jaunes de la fièvre activée par les cahots d’une mauvaise automobile ». Il signale son article (signé d’un pseudonyme) sur François-Paul ALIBERT, qui « est un grand cœur et un très bon poète : c’est lui que j’aime le plus volontiers dans la génération de Paul Valéry. Je l’aime pour le courage qu’il a mis à défendre en somme la faute de français. Vous m’entendez bien. Il a du tempérament. Vous dirai-je que presque tous ses livres ont été édités à ses frais à Carcassonne, qu’il est pauvre, qu’il a cruellement souffert. Je lui dois de beaux exemples de courage »... Puis il revient à LÉNINE et à son style : « Art de tout ramener à l’essentiel – comme Paul Eluard – comme André Masson – comme nous tous, quand nous rêvons. Lénine de par le mystérieux pouvoir de choisir et de vouloir régnant sur le chaos. J’admire cette conception de révolution permanente. Révolution dont nous annonçons les phases qui s’appuie sur les mouvements de nos cœurs. Non pas “tout détruire”. Mais “ne rien accepter comme établi”. […] Je ne voudrais pas que chez le plus insignifiant des surréalistes on pût relever la moindre trace d’une rétrogradation »… Et il commente l’article consacré par Breton à Lénine dans la Révolution surréaliste : « Le surréalisme est un ensemble de recherches spirituelles, un état d’esprit, non plus une attitude de refus, mais, maintenant une attitude de combat. C’est son reflet sur les murs de la cité qui compose avec eux le traité aisément lisible selon lequel se dessinerait une révolution sociale »… Etc. 1 500 - 2 000 € Autographes & Manuscrits - Livres • 5 décembre 2025 31

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