AGUTTES - LIVRES & MANUSCRITS

140 143 140 BRETON André (1896-1966) L.A.S. « André Breton » (minute), Paris 5 juillet 1935, au directeur de la Nouvelle Revue Française ; 1 page in-4 remplie d’une fine écriture à l’encre verte, bleue et noire avec de nombreuses ratures et corrections. Sur le suicide de René CREVEL. Brouillon très raturé et corrigé du droit de réponse de Breton, violemment mis en cause par Marcel JOUHANDEAU lors du suicide de René CREVEL (18 juin). Breton demande d’insérer ce texte dans la revue à la même place et dans les mêmes caractères. « Comment ne serais-je pas blasé sur le compte des injures qui dans le monde littéraire ou politique peuvent atteindre l’homme qui ne compose pas, qui persiste à juger et à agir selon son esprit et son cœur ? Les surréalistes ont été présentés successivement comme une bande d’impuissants, de chacals, de brigands, qu’il pourrait tout au plus s’agir de rééduquer par le travail forcé comme en URSS. [...] La grossièreté de cette manœuvre n’en exclut pas toute la malignité. La confiance que m’accorda René Crevel et qui lui dicta le propos extrême que rapporte M. Jouhandeau : “Quand je ne croirai plus en rien, ni en moi ni en personne, je croirai encore en Breton”, force m’est aujourd’hui de faire abstraction de l’émotion qu’elle me donne pour m’élever seulement contre le parti scandaleux qu’on cherche à en tirer. […] Crevel aurait été victime de l’“admiration dangereuse” qu’il me portait »… Etc. 1 500 - 2 000 € 143 CÉLINE Louis-Ferdinand (1894-1961) L.A.S. « Louis F », Huelgoat ce 6 [octobre ? 1942, à son ami le peintre GEN-PAUL] ; 2 pages in-fol. Il fait allusion à Tinou, la femme de LE VIGAN : « à force de se suicider elle va finir par réussir un jour ou l’autre. Ah ! les amants infidèles c’est aussi grave que la Volga. Tout y passe ! » La vie est difficile : « on mange assez peu – et on vit au Sana. Tu n’aimerais pas. C’est un concert de toux du matin au soir. Aucun autre endroit. La troupe partout. DENOËL toujours ergoteur et jésuite. Il faut que je rentre pour me défendre. C’est la vie ». Il n’a pas obtenu de papier de l’ambassade : « Je ne suis pas très piffé, je pense ». L’approvisionnement est difficile et risqué avec le marché noir : « Pour la guerre – rien de neuf en fait – on y laissera nos os – au mieux de vieillesse »… 1 000 - 1 500 € 141 BRETON André (1896-1966) L.A.S. « André Breton », Paris 29 juillet 1957, à Bernard POISSONNIER ; 1 page et demie in-8. Au sujet de Giorgio de CHIRICO. « Ce que vous m’apprenez des derniers agissements de M. de Chirico ne me surprend aucunement. Ses déclarations tonitruantes contre la peinture moderne auxquelles la presse a fait écho nous renseigneraient à elles seules sur son équilibre. C’est un très curieux cas qui appellerait une étude clinique. De mes yeux je l’ai vu recopier une de ses toiles (Les Muses inquiétantes) qui était déjà dans une collection pour vendre la copie comme original. En 1943, alors que j’étais à New York, j’ai appris qu’il contestait, sur les reproductions que j’en avais données […] l’authenticité de deux toiles (La Muse du Poète et un Intérieur métaphysique) qui ne pouvaient être que de lui. Il a antidaté bon nombre de ses tableaux », et même authentifié des « faux caractérisés »… On joint une P.S., 14 décembre 1959 (demi-page in-4 à en-tête de la Galerie Daniel Cordier), reçu d’une toile de Chirico prêtée par B. Poissonnier (pour l’exposition Eros). 400 - 500 € 142 CANETTI Elias (1905-1994) L.A.S. et L.S. « Elias Canetti », Londres 11 décembre 1963 et 22 juillet 1964, à Eva Maria DEMISCH, du Frankfurter Allgemeine Zeitung ; 1 page et demie petit in-4 et 1 page in-4 ; en allemand. Il la remercie chaleureusement d’un article sur sa soirée littéraire à Francfort… Il est de retour à Londres après une absence de six semaines, il y restera tout le mois d’août et sera heureux de la revoir… 500 - 600 € 32

RkJQdWJsaXNoZXIy NjUxNw==