AGUTTES - LIVRES & MANUSCRITS

145 146 145 CHATEAUBRIAND François-René de (1768-1848) L.A.S. « your faithfoul Brother », [au Mesnil] 21 juin [1811], à la duchesse de DURAS ; 4 pages in-4. Sur le projet d’une société lui garantissant une rente de dix ans sur ses œuvres [les actionnaires, parents et amis, à la tête desquels Mme de Duras et Adrien de Montmorency, se rembourseraient sur le produit de ses écrits]. Il a quitté Verneuil pour venir au Mesnil chez Mme de ROSANBO, et il sera de retour le 29 ou 30 à la Vallée. Il parle des « projets de M. A. » [Adrien de MONTMORENCY]: « Il est mille fois trop bon et vous aussi. Je vous donne bien volontiers ma procuration à tous les deux et à lui en particulier pour arranger les choses comme vous l’entendrez. Vous ne pouvez faire rien que de bien et de noble, ainsi je suis sans crainte. Mes bons neveux m’ont offert entre eux deux 4000 francs par an pour le commencement de ma fortune. Ainsi vous voyez que voilà les affaires bien avancées ! Je crois que si on en vient à quelque chose de sérieux, je puis compter encore sur 4 à 5 personnes sures. C’est à vous et à votre ami à chercher et tracer un plan général. J’approuverai tout ce que vous ferez. Je veux toujours que mon travail soit la base de cet emprunt et que les actionnaires trouvent un ample dédommagement des avances qu’ils m’auront faites. Mais chère sœur j’attends dans les premiers jours de juillet une offre sérieuse d’un pays étranger [la Russie], et peut-être trouverai-je une autre patrie moins ingrate pour moi, et plus généreuse que celle-ci »… Il approuve à l’avance tout ce que fera M. A. « On peut commencer l’affaire. Car si celle de la Rus[sie] vient à manquer, je ne saurai plus guères que devenir. Il seroit pourtant bien triste de vous quitter pour toujours. Je suis charmé que vous soyez gaie et heureuse. Votre bonheur fera toute ma joie »… Il lui parlera une autre fois de son neveu Christian, « décidé à ne vouloir jamais entendre parler de femme, et je le fortifie dans cette idée. Le mariage est la plus grande des calamités »… Et il termine : « Bon jour chère et aimable sœur, à jamais your faithfoul Brother ». 1 000 - 1 200 € PROVENANCE La Duchesse de Duras et ses amis, Chateaubriand (vente 24 octobre 2013, n° 24). 146 CHATEAUBRIAND François-René de (1768-1848) L.A., [Vallée-aux-Loups] Vendredi 22 [novembre 1811], à la duchesse de DURAS ; 3 pages in-4. Sur sa tragédie Moïse et allusion à l’affaire du discours académique. Il a reçu la lettre de sa « chère sœur » : « Je vous ai écrit de Paris à peu près tous les détails de mon affaire. Je suis maintenant fort tranquille dans ma vallée. J’espère que tout est fini, et fini comme vous le voyez comme [je] le désirois. Ainsi tout est bien. Ne parlons plus de cela. […] Vous me menacez de ne pas venir à Paris ? et si je vous fesois la même menace ? et si nous allions tous deux en nous menaçant rester tous deux dans notre coin, ou venir tous deux à Paris ? Je suis homme à tout faire ». Puis il parle d’Adrien [de MONTMORENCY] : « Je l’ai vû. Je reconnois toutes ses bonnes qualités ; je lui suis très dévoué ; très reconnoissant. Il doit venir me voir la semaine prochaine. Que voulez-vous de plus ? Après cela, il me refroidit un peu parce qu’il a pour moi une si grande chaleur que j’ai toute la peine du monde à y croire. Cela est peutêtre bizarre de ma part mais cela est ainsi. Je m’accoutumerai à cette manière trop aimable, alors je serai tout-à-fait à lui ». Puis sur Moïse : « Vous croyez donc connoître le sujet de la tragédie ? Je crois en effet vous l’avoir conté. J’aurai deux actes en vers et trois en prose. Le troisième acte sera bientôt terminé en vers. J’ai retrouvé ma première lyre dont je me suis servi longtemps avant d’avoir écrit en proses. Je suis fort content ; j’ai des chœurs. C’est de la Bible toute pure, toute grande toute noble comme Athalie, à Racine près »... Correspondance générale, t. II, n° 539. 1 000 - 1 200 € PROVENANCE La Duchesse de Duras et ses amis, Chateaubriand (vente 24 octobre 2013, n° 34). 34

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