AGUTTES - LIVRES & MANUSCRITS

154 158 153 COCTEAU Jean (1889-1963) MANUSCRIT autographe signé « Père Ubu », Paroles sur une tombe, [1913] ; 2 pages in-fol. avec quelques ratures et corrections. Article publié dans La Revue hebdomadaire en 1913, et consacré à son ami Raymond LAURENT, qui s’était suicidé en 1908 à Venise peu de temps après avoir quitté Cocteau. « Parler ici de Raymond Laurent s’impose – il était poète et il avait 22 années ! [...] Le pauvre enfant m’avait reconduit jusqu’à mon hôtel une heure avant son suicide ; il m’avait beaucoup parlé […] Mal conseillé dans l’existence, son cœur subtil et délicat plein du repentir des erreurs inconscientes, ses grands yeux bleus lavés par les ciels de son voyage, Laurent ne voulut pas subir encore l’attirante contrainte d’un monde pour lequel il n’était point fait »… Etc. 500 - 600 € 154 COCTEAU Jean (1889-1963) L.A.S. « Jean Cocteau », Pramousquier 10 octobre 1922, à André MATER ; 2 pages in-8. Sur Thomas l’imposteur et La Chartreuse de Parme. « Figurez-vous que j’ai fait un roman – oui, et qu’il s’y trouve des choses qui peuvent vous plaire. Je relis la Chartreuse de Parme, livre frivole et profond comme un lustre d’opéra. Le comte Mosca me fait tout le temps penser à vous comme la Sanseverina à Madame Sert. Il faudrait donc vous réunir. Vive le soleil. Je m’y plonge et redoute Paris. Où êtes-vous »… 400 - 500 € 155 COCTEAU Jean (1889-1963) L.A.S. « Jean », Milly, octobre 1949, à sa traductrice anglaise Mary HOECK ; 2 pages in-4. Sur sa conception de l’art et sa pièce Orphée. Il revient sur sa lettre précédente : « Il me semble que vous avez été choquée par la phrase – l’art consiste à abîmer la matière – c’est que votre âme a lu trop loin. Je ne voulais rien dire de plus sinon que le marbre et la toile sur lesquels on s’acharne pensent : on m’abîme, on me tache, on me brise. Il est vrai que les ruines trouvent bénéfice dans la détérioration et que toute vie, toute beauté résultent d’une détérioration, d’une combustion, de quelque chose qui meurt. On parle de mes pièces pour le prochain festival d’Edimbourg. J’ai accepté l’offre en pensant que cela se faisait pour nous réunir sur les lieux de votre rêve. Ainsi serions nous assis côte à côte pendant que les acteurs régissent et que les décors se plantent. […] En semaine j’ai donné mes mains et l’encre de mes veines à cet Orphée qu’il importe de réussir »... 400 - 500 € 156 COCTEAU Jean (1889-1963) L.A.S. « Jean », 3 octobre 1954, à son ami l’égyptologue René BERTRAND ; 2 pages in-4. Il cite un « étude photographique sur la mémoire du sang. […] Jamais on ne réunira assez d’hommes pour ôter une couche de plâtre sur le 4e mur de notre prison à 3 murs. Denis SAURAT est l’auteur de traduction de poèmes de géants Cathares et entre outre un de ses poèmes lui a été dicté mystérieusement dans l’idiome. Son livre : L’Atlantide et le gigantisme s’oppose à toute la science académique avec une grâce et une autorité de premier ordre. (Il n’est plus tout jeune). Il vient de faire des conférences avec Lahovary sur le groupe sanguin et les races »… Puis Cocteau évoque ses problèmes de santé… 300 - 400 € 157 COLETTE (1873-1954) L.A.S. « Colette », [8 janvier 1947], à Maurice SAUREL ; 2 pages oblong in-8 sur papier bleu, enveloppe timbrée. « Folie et dilapidation ! Orgie et damnable excès ! Maintenant que je vous ai bien maudit, je peux me délecter, cher ami. J’y mets quelque langueur, comme quelqu’un qui est cloîtré depuis cinq semaines au moins. Aujourd’hui huit janvier, j’ai laissé mes collègues goncourter sans moi chez Drouant Il s’agissait d’une de ces réunions où l’on convoque le notaire des Goncourt, l’avocat des Goncourt, l’avoué des Goncourt ». Elle aimerait déjeuner avec Saurel et Moune [Hélène Jourdan-Morhange]… 300 - 400 € 158 DICKENS Charles (1812-1870) L.A.S. « Charles Dickens », Cheltenham 23 janvier 1869, à Mrs. Isabella GLYN DALLAS ; 1 page in-8, en-tête biffé Gad’s Hill Place (lettre contrecollée) ; en anglais. Lettre piquante à l’ancienne actrice Isabella GLYN (1823-1889), femme du journaliste et critique littéraire E.S. Dallas, à propos de sa création de Sikes and Nancy, au cours de ses « lectures d’adieu » [récit par Bill Sikes de son assassinat de Nancy, tiré d’Oliver Twist]. Dickens la remercie pour son billet, qu’on lui a fait suivre ce matin. On avait déjà attiré son attention sur cette exécrable lettre de Russell du Scotsman. – Il sera ravi de la voir assister à l’assassinat au théâtre Saint-James : « I shall be heavily glad to see you “assisting” at the murder ». Il est venu exprès hier soir, le faire pour MACREADY. Celui-ci a l’air bien, vu de face, mais “l’âge au pas furtifs” [Hamlet, V, 1] l’a rattrapé trop tôt : « but “age with his stealing steps” has overtaken him too soon »… 800 - 1 000 € 38

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