166 167 166 FRIEDELL Egon (1878-1938) L.A.S. « Egon Friedell », Wien 20 avril 1921, à Maximilian HARDEN ; 2 pages et demie in-8 à son en-tête Egon Friedell Dr. Phil. et adresse ; en allemand. Au sujet de sa pièce Die Judastragödie. Il est touché de l’intérêt que lui porte Harden. Cela représente beaucoup pour lui car il y trouve le courage d’attaquer d’autres œuvres. Le sujet qu’il aborde est justement la chose à laquelle il accorde le plus d’importance. Peut-être y accorde-t-il trop d’importance. L’impression de Harden lui serait précieuse. Il se souvient d’une pièce de Harden sur Pâques qu’il avait lue dans sa jeunesse et qui l’avait beaucoup ému et inspiré. Alors que les choses commençaient à mûrir dans son esprit, c’est donc un peu à Harden qu’il doit la naissance de son drame… « Das mich sehr ehrende und beglückende Interesse einer Persönlichkeit wie Sie bedeutet für mich außerordentlich viel, weil es mir die Courage zu weiteren Arbeiten gibt. Ich muß gestehen, daß dieses neue Feld, auf dem ich hiemit debutiere, gerade das ist, worauf ich den größten Wert lege. Ob ich damit recht habe oder ob ich, wie das schon bei Autoren vorzukommen pflegt, es für das wichtigste halte, was ich am wenigsten kann, vermag ich selber natürlich nicht zu entscheiden. Ich brauche Ihnen wohl kaum zu sagen, von wie großem Werte es für mich wäre, Ihnen persönlichen Eindruck zu erfahren […]. Ich erinnere mich an ein herrliches Osterstück, das ich vor vielen Jahren als ganz junger Mensch von Ihnen in der Zukunft las und das mich ungemein stark ergriffen und angeregt hat. Da der Stoff gerade damals zum ersten Mal in mir zu arbeiten begann, so ist die Entstehung meines Dramas zum Teil auf Sie zurückzuführen ». Il évoque pour finir la contribution de Harden à l’Altenbergbuch à la mémoire de Peter ALTENBERG… 800 - 1 000 € 167 GAUTIER Théophile (1811-1872) MANUSCRIT autographe signé « Théophile Gautier », Esquisses de voyage. Le Volga de Tver à Nijni-Novgorod, [1861] ; 7 pages oblong in-8, découpées pour l’impression puis remontées. Voyage en Russie. [Gautier s’est rendu en Russie de septembre 1858 à mars 1859, pour préparer son ouvrage sur les Trésors d’art de la Russie ancienne et moderne. Il en a rapporté des impressions de voyage, publiées en articles en 1861 dans Le Moniteur universel, puis rassemblées dans les 2 volumes du Voyage en Russie chez Charpentier en novembre 1866.] Le présent manuscrit se rattache à la fin du voyage ; publié dans Le Moniteur universel du 31 octobre 1861, il est le premier d’une série de six articles contant la fin du voyage, et rassemblés sous le titre « L’Été en Russie » à la fin du tome II du Voyage en Russie (p. 207-220 pour celui-ci, où il est précédé d’un paragraphe d’introduction). Les feuillets, remplis d’une petite écriture serrée, ont été découpés en bandelettes pour l’impression dans le journal, puis remontés. On relève des ratures et corrections, et quelques variantes avec le texte publié. Gautier commence ainsi : « D’où vient que les noms de certaines villes vous préoccupent invinciblement l’imagination et bourdonnent pendant des années à vos oreilles avec une mystérieuse harmonie comme ces phrases musicales retenues par hasard et qu’on ne peut chasser ? […] Le démon du Voyage susurre près de vous les syllabes d’incantation à travers vos travaux, vos lectures, vos plaisirs, vos chagrins, jusqu’à ce que vous ayez obéi »... Ainsi, le nom de NijniNovgorod le fascinait… Travaillant à Moscou à son livre sur les musées, il céda à l’appel. Au lieu du train, Gautier remonte jusqu’à Tver « pour prendre le Volga presque à sa source »… Il descend à l’hôtel de la Poste et va se promener dans la ville. En coloriste, il décrit le « long crépuscule » offrant des teintes dignes de Delacroix, Diaz ou Ziem… Il descend vers le fleuve, à travers une grande rue : « Des maisons de bois rechampies de diverses couleurs et surmontées de toits verts, de clôtures de planches peintes, la bordaient, laissant apercevoir le sommet d’arbres garnis de fraîches frondaisons »… Il décrit le fleuve « dont l’eau brune réfléchissait comme un miroir noir les splendeurs du crépuscule en leur donnant une intensité et une vigueur magiques. La rive opposée, baignée d’ombre, se projetait comme un long cap dans un océan de lumière où il eût été difficile de démêler le ciel de l’eau »… Avant de se coucher, il admire le ciel criblé d’étoiles : « c’était comme une poussière de soleils. La voie lactée dessinait ses méandres d’argent avec une netteté surprenante. L’œil croyait démêler, dans ce ruissellement de matières cosmiques, des élancements stellaires et des éclosions de mondes nouveaux »… Au matin, un « drojki » le mène rapidement au fleuve, où il embarque sur le petit bateau à vapeur la Nixe, qui, « tournant ses palettes prit gracieusement le fil de l’eau ». 1 500 - 2 000 € 42
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