AGUTTES - LIVRES & MANUSCRITS

263 261 MOULIN Jean (1899-1943) L.A.S. « Jean », Chartres 26 juillet 1940, à sa mère et à sa sœur Laure MOULIN à Montpellier ; 1 page in-8, enveloppe timbrée à en-tête Cabinet du Préfet d’Eure-et-Loir. « Chère maman, chère Laure, J’ai reçu hier la lettre de maman qui m’a fait un bien grand plaisir. J’espère que son séjour à Saint-Jeandu-Bruel lui aura fait du bien à tous les points de vue. Je pense aussi que, toutes deux, vous pourriez partir pour Saint-Andiol et ce sera au tour de Laure de se reposer un peu. Ici tout va aussi bien que possible. Bons et affectueux baisers. Jean » 1 000 - 1 500 € 262 PROUDHON Pierre-Joseph (1809-1865) MANUSCRIT autographe ; 4 pages sur 2 feuillets in-fol. Notes de travail et documentation pour ses ouvrages d’économie politique, paginées par lui de 83 à 86, écrites à l’encre brune d’une écriture serrée remplissant les pages. Proudhon s’intéresse ici au change (Change favorable ou défavorable), à l’industrie et au commerce italiens (d’après un compte rendu du Voyage en Italie de Fulchiron). La plus grande partie du manuscrit est consacrée au problème du crédit : « Antinomie du Crédit, des Caisses d’épargne, de la monnaie, de l’intérêt », notamment d’après l’ouvrage d’August CIESZKOWSKI, Du crédit et de la circulation (1839)… « Le Crédit n’est point une anticipation de l’Avenir […] Le Crédit est la métamorphose des capitaux stables et engagés en capitaux circulants et dégagés. […] Par la mise en circulation du gage à l’aide du Crédit, vous allez produire : ce produit vous appartiendra tout entier, sauf la prime ou l’escompte du banquier créditeur, et l’avance qu’il faut lui rendre. Donc, vous avez anticipé sur votre produit »… Etc. 1 000 - 1 500 € 263 ROMMEL Erwin (1891-1944) L.A.S. « Erwin », Münsingen 20 mai 1913, à Mlle Lucia MOLLIN à Danzig ; 4 pages in-8, enveloppe timbrée (quelques légères mouillures) ; en allemand (sous chemise demi-maroquin noir). Lettre d’amour à sa future femme, alors qu’il commence sa carrière militaire. Alors qu’il étudiait à l’école militaire de Dantzig, Rommel avait rencontré en avril 1911 Lucia Maria Mollin (1894-1971) ; il l’épousera le 26 novembre 1916. Âgé de 21 ans, Rommel écrit à « Mein süßes kleines Mollinchen ! » Il regrette de ne pouvoir lui envoyer des photos ; il n’y a rien de tel sur le terrain d’entraînement. Il aimerait beaucoup prendre tout de suite le train express pour Dantzig ; ce serait divin ! Malheureusement, cela sera impossible cette année. Mais il ne faut pas perdre espoir. Dans ses rêves, il est très, très souvent à Dantzig avec Lucia ; et elle, rêve-t-elle de la Souabe de temps en temps ? Il est à Münsingen, où il s’ennuie et se sent terriblement abandonné. Il n’a que des tâches pénibles à faire ; il s’entend parfaitement avec tous ses supérieurs et a donc toutes les raisons d’être satisfait de son sort. Mais il lui manque une chose pour être heureux : une amie chère et fidèle avec qui il pourrait discuter de tout chaque jour et sortir le soir dans les magnifiques collines des environs. Il pense que tous deux ils seraient bien assortis. À 19 heures, dîner au casino. Il y a quatre régiments ici, et ces types sont si étrangers avec leurs opinions ; certains sont des citadins, et ne connaissent que les cabarets, les cafés, les boîtes de nuit, et en général l’agitation d’une grande ville, une fille différente chaque jour, etc. Les autres, d’une petite garnison préservée comme Weingarten, ne connaissent pas ce métier et ne veulent même pas le découvrir. On ne peut vraiment pas aller au café. C’est presque un marché de femmes partout ; Lucia peut imaginer à quoi ressemblent ces charmantes créatures dans la cohue des officiers de réserve, des jeunes lieutenants, des vieux majors célibataires, etc. Ils restent là encore deux semaines et demie, puis ils repartent pour la belle rivière Inn. Le 11, il y a la fête du Bodensee à Constance. Ensuite, il part quatre semaines en vacances ; étant trop endetté, il va devoir passer ses vacances à la maison. Il sait où il serait plus agréable de passer des vacances !... Il termine tendrement avant de partir pour un entraînement de tir… « Mein süßes kleines Mollinchen ! Heiße Küsse für Dein so arg liebes Kärtchen, das mir gerade in meine ärmliche Barake gebracht wird. […] Kann Dir leider in der nächsten Zeit nicht viel Photographien schicken, kleines Herzchen. Auf dem Übungsplatz gibt es sowas nicht. […] Du süßer Liebling, weißt am Liebsten würde ich mich jetzt in den D-Zug nach Danzig setzen. Es wäre göttlich, die Ankunft in Danzig ! Aber leider darf und kann es ja dies Jahr noch nicht sein. Aber wir dürfen die Hoffnung nicht aufgeben. Im Traum war ich schon arg arg oft in Danzig bei Dir, hab auch schon viel Versäumtes im Traum nachgeholt mein Kindchen. Träumst du auch ab und zu mal vom Schwabenland ? Z. Z. sind wir in Münsingen. Ich fühle mich hier verdammt verlassen und langweilig. Habe wenig aber anstrengenden Dienst; fahre mit allen Vorgesetzten ausgezeichnet und hätte demnach allen Grund mit meinem Schicksal zufrieden zu sein. Aber eines fehlt mir halt zu meinem Glück; ein lieber treuer Weiblicher Kamerad, mit dem man täglich alles besprechen könnte, hinaus ziehen könnte, Abends auf die herrlichen Höhen in der Umgegend. Ich glaube wir zwei würden ganz gut zusammenpassen, was mein Liebling? Aber so ist es schrecklich hier. Abends um 7 ist Kasinoessen. Es sind 4 Rgt. [Regimente] hier oben und die Kerle sind einem derart fremd mit ihren Ansichten. Weißt, die einen sind Großstadtmenschen, kennen nichts als Kabarets, Café, Schwoflokale und überhaupt einen wüsten Großstadtbetrieb, alle Tage ein anderes Mädel etc. […] Die andern, aus kleiner unverdorbener Garnison so à la Weingarten kennen diesen Betrieb nicht und wollen ihn gar nicht kennen lernen. Hier kann man schon gar nicht in ein Café gehen. Es ist überall ein Weiberbetrieb schon gleichen. Wie diese holde Wesen bei dem Massenandrang von Reserveoffizieren, jungen Leutnants, alten ledigen Majors etc. pp. aussehen, kannst Du Dir wohl denken […] Nun – wir sind nach 2 ½ Woche hier, liebe Lu., dann geht es wieder an den herrlichen Inn. Am 11. ist Bodenseefest in Konstanz. Anschließend ziehe ich 4 Wochen in Urlaub. Da ich z.Z. zu viel Schulden habe, muß ich meinen schönen Urlaub leider zu Hause zubringen. Ich wüßte zwar, wo ein Urlaub schöner wäre ! Du auch ? […] Nun adio mein Goldschatz. Ich muß in 10 Minuten zum Scharfschießen im Zug, noch rasch umziehen. Leb wohl, vergiß mich nicht, würde mich riesig auf ein paar Zeilen oder einen langen Brief von dir freuen.Es küßt und umarmt Dich von Herzen dein tr[euer] Erwin ». 1 500 - 2 000 € 78

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