98 596 FRANCE Anatole (1844-1924). MANUSCRIT autographe, Calendrier des dames françaises pour l’An de grâce 1882 ; carnet de 13 pages in-12 écrites au recto, lié d’un ruban rose. Joli petit manuscrit composé d’une page de titre et d’une page par mois de l’année. France a écrit sur chaque page la date et le lieu de naissance d’une Française, et un quatrain à elle consacré. Les douze « dames » ainsi honorées sont Jeanne d’Albret, la marquise de Sévigné, Mme Roland, Marguerite de Valois, Madame Élisabeth, Henriette d’Angleterre, George Sand, Virginie Déjazet, Marie Rendu (sœur Rosalie), Sarah Bernhardt, Ninon de Lanclos et Julie Récamier. Ainsi George Sand : « Sois adorée et sois bénie Dans les œuvres de ton cerveau, Toi qui sus donner, ô génie ! Au vieil amour un goût nouveau »... 1 000 - 1 200 € 597 GAY Sophie (1776-1852). L.A.S. « Sophie Gay », Versailles 12 juin 1851, à Victor HUGO ; 1 page in-8 sur papier bleu à son chiffre SG. Belle lettre de la femme de lettre, à propos du discours de défense de Charles Hugo par son père. [Au lendemain du discours contre la peine de mort prononcé par Victor Hugo en audience de cour d’assises alors que son fils Charles était jugé pour « non respect dû aux lois ». Charles Hugo avait, publié peu de temps auparavant, dans L’Événement, un article contre la peine de mort à l’occasion de la condamnation du braconnier Montcharmont. La défense de Victor Hugo n’eut toutefois pas d’effet, et son fils fut condamné à six mois de prison.] « Cher Poëte, Je ne saurais déplorer la persécution qui vous inspire tant de belles choses, et je sors du tombeau pour vous complimenter, je ne m’étonne plus tant de vivre encore après une si affreuse crise qui ressemblait beaucoup à celle qui a emporté votre pauvre voisine : il me semble que Dieu doit être touché d’entendre plaider la cause de la vie de cette manière et que tout le monde s’en ressent. Merci donc de votre gloire ; tachez d’en être aussi heureux que vous avez le droit d’en être fier. Rappelez-moi par mille tendresses à votre belle et spirituelle famille. » Victor HUGO a inscrit en tête de la lettre du « R » de sa main, montrant qu’il a répondu. 300 - 400 € 598 GIDE André (1869-1951). L.A.S. « André Gide », Grenade [début avril 1893], à son « cher ami » [Élie ALLÉGRET] ; 6 pages in-8. Il n’est pas à plaindre, car il devrait être à l’armée, à Nancy, « dans une des casernes les plus dures, à se former le tempérament » ; ayant eu une forte bronchite, on l’a renvoyé. « Je n’ai goûté de la caserne que deux jours de chambrée et 8 d’infirmerie. – Jugé poitrinaire achevé, j’ai passé quelques jours assez moroses comme tu penses, car j’ai toujours vécu, agi, écrit, souhaité, comme si j’avais assez longtemps à vivre ». Il a dû se soigner avec rudesse : « cessation presque complète de travail de bête, course perpétuelle, escrime, patinage quotidien, nourritures archi abondantes etc. […] Ce régime, comme tu comprends, m’était insupportable ». Il a pu partir en Espagne avec sa mère : « à Séville j’ai revu les cigognes de Strasbourg, et près de Barcelone j’ai pensé bien longuement à tous ces souvenirs que les tiens y avaient pu laisser »… On joint 12 L.A.S. de SAINT-GEORGES DE BOUHÉLIER, 18991947, à André Magre. 400 - 500 € 599 GIDE André (1869-1951). L.A.S. « André Gide », 16 janvier 1910, à Stuart MERRILL ; 4 pages grand in-8, enveloppe timbrée. Belle lettre après la mort de Charles-Louis Philippe. [La lettre est adressée à Stuart MERRILL (1863-1915), poète symboliste d’origine américaine. Le romancier et conteur CharlesLouis PHILIPPE (1874-1909) venait de décéder prématurément le 21 décembre 1909, emporté par une fièvre typhoïde compliquée d’une méningite foudroyante ; il laissait inachevé son nouveau roman Charles Blanchard.] « Mon cher Merril Vous m’avez écrit la meilleure des lettres et votre article sur Philippe est très bon. Non certes, il ne fallait pas craindre de le présenter comme vous faites ; rien d’absurde comme les portraits compassés et fardés ! […] Ce que vous m’écrivez sur la Porte étroite et ce que vous en dites dans votre article me touche profondément. Non, ce n’est pas par Ducoté que j’ai connu Philippe. C’est par JAMMES. Jammes était chez nous, à La Roque ; un matin il reçut une lettre qui l’attrista fort ; elle était de Philippe ; notre ami traversait une crise affreuse : misère, déboires, haine farouche de l’ordre établi ; il y parlait de massacres et de bombes ; Jammes en avait le cœur tout ridé. 596 597 598
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