102 609 GUITRY Sacha (1885-1957). POÈME autographe, Mon opinion sur P.B., [juin 1939 ?] ; 4 pages oblong in-4 (au crayon). Manuscrit de premier jet, dirigé contre Pierre Brisson, directeur du Figaro. Guitry considérait Pierre BRISSON comme l’instigateur de la campagne menée contre son élection à l’Académie Goncourt (et il le désignera comme un des responsables de son arrestation à la Libération). Le manuscrit, de 30 vers, présente de nombreuses ratures et corrections ; en marge, Guitry a numéroté les strophes dans leur ordre définitif. Son opinion est bien entendu « défavorable » : Brisson n’a jamais fait « le moindre mot d’esprit » ; il se vautre dans le dénigrement et vivote du travail des autres ; il est plus bête que méchant et « est convaincu qu’il n’aime pas nos pièces. « Nous ne voudrions pas d’ailleurs qu’il les aimât. Si on me demandait : Cette haine mortelle Ah ! çà mais d’où vient-elle ? Je répondrais : de l’estomac. Quel teint cireux, quel air sinistre et délavé ! Il a l’air de poser pour un médicament Qui guérit tout : les reins, le pancréas, les vents […] À la sottise humaine il met un point final Il est minus et terminus Et j’aime bien qu’il soit directeur des Anales Puisque qui dit “anal” intéresse l’anus ». On joint le tapuscrit signé, Mon opinion sur Pierre Brisson (avec variantes), et 2 doubles dactylographiés. 600 - 800 € PROVENANCE Collection André BERNARD (vente 17-18 novembre 2011, n° 508). 610 GUITRY Sacha (1885-1957). Poème autographe, Maurice Carrère, [début 1943 ?] ; 1 page in-fol. au crayon, avec ratures et corrections. Pièce de 16 vers en hommage à son ami Maurice CARRÈRE, directeur du restaurant-cabaret Chez Carrère (rue Pierre Charron), qui prêta son restaurant et joua lui-même son propre personnage pour des scènes du film Donne-moi tes yeux (1943), et dont Sacha Guitry loua le local pour organiser le réveillon du 31 décembre 1942. « Homme de goût, chanteur, dessinateur – mais oui ! – Conférencier – parfaitement ! – même inouï – À ses moments perdus, cet homme aussi reçoit. Il reçoit comme on donne – avec délicatesse. Élégant par ailleurs et cravaté de soie, Vous le voyez, toujours aimable, et qui s’empresse, Et qui ne sait, mon Dieu, que faire Pour que chez lui l’on se régale »… On joint l’exemplaire de Mona GOYA du Menu du Réveillon 1943 donné par Sacha Guitry chez Carrère pour ses comédiens et amis (31 décembre 1942), illustré par Guy Arnoux (une jeune fille en robe tricolore, brandissant le drapeau français, entourée de barbelés, tend la main vers une colombe portant un rameau d’olivier) ; au programme des « Menus-Plaisirs », la Monagoya ou « la Jeune Viève » ; sur le « Plaisir-Menu » : « Poisson éventuel. Rôti présumé. Volaille prévisible. Légumes vraisemblables. Salade possible. Dessert hypothétique. Fruits probables. Café admissible. Vins : bleu, blanc, rouge »… 600 - 800 € PROVENANCE Collection André BERNARD (vente 17-18 novembre 2011, n°563). 611 GUITRY Sacha (1885-1957). BROUILLONS autographes, et TAPUSCRIT pour Le Diable Boiteux, 1948 ; 7 pages manuscrites (6 au crayon), et 38 pages dactylographiées et annotées. Brouillon d’un texte de présentation sur TALLEYRAND, avec un petit florilège de citations de « ce grand homme diabolique » : « “Ceux qui n’auront pas vécu au XVIIe siècle n’auront pas connu la douceur de vire”. L’homme qui a dit cela fut l’un des hommes les plus intelligents qui aient jamais existés. Le plus vilipendé peut-être et l’un des plus spirituels – je veux parler de Talleyrand. […] Or, certains mots de lui le peignent à merveille. Il a dit : “La parole a été donnée à l’homme pour dissimuler sa pensée”. […] J’éprouve quelque gêne à répéter les mots fameux qui se trouvent dans un film que j’ai fait sur lui cette année – je m’en voudrais d’avoir l’air de faire à Talleyrand de la publicité ! »… Etc. Tapuscrit de plusieurs scènes de la pièce Le Diable boiteux (Scènes de la vie de Talleyrand), pièce en 3 actes et 9 tableaux créée le 17 janvier 1948 au théâtre Édouard VII, et remaniée pour le film tourné la même année et sorti à la fin de septembre 1948, avec Sacha Guitry dans le rôle de Talleyrand. Le tapuscrit (probablement destiné à la régie du théâtre) porte de nombreuses annotations et corrections manuscrites, et les didascalies sont soulignées en rouge. On y retrouve la magnifique scène du Congrès de Vienne, puis l’entrée de Louis XVIII aux Tuileries (avec un amusant jeu de rideau pour les Cent Jours, supprimé dans le film) et la Restauration ; puis la scène finale de la mort de Talleyrand… 800 - 1 000 € 609 610 611
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