111 Autographes & Manuscrits • 10 juillet 2025 d’une solennité, d’un ridicule qui me vont comme un gant, mais de ce gant on m’a chaussé, comme si j’étais mort […]. Le nom de Dieu en outre ne doit jamais figurer dans un titre. Tu ne Le prononceras point en vain »… 6 août 1957 : il reste l’été à Paris : « Ma maison est agréable, elle donne sur un jardin, n’est pas loin du bois, où je vais chaque jour me promener avec ma chienne Loutte »... 27 février 1958 : « on étouffe aussi poliment les gens au F.L. qu’à Moscou »… 25 septembre 1962 : « Jamais je n’ai été plus amoureux que dans le voisinage de la mort »... 14 décembre 1966 : « Accablé par le procès que je suis obligé de soutenir contre GALLIMARD qui m’a dépouillé de tout et me refuse les droits qui me reviennent sur mes deux derniers ouvrages, déçu et escroqué par ma petite Céline et son mari, quand je me suis vu en même temps calomnié par un journal aussi sérieux que Le Figaro littéraire […], j’ai vraiment connu un moment de chagrin presque insupportable »… Longue réponse à un article de L’Osservatore Romano critiquant l’œuvre de Jouhandeau pour son immoralité (dépêche de l’AFP jointe). Jouhandeau s’explique sur le personnage de M. Godeau, qui « meurt dans l’amour de Dieu » ; quant à ses propres mœurs, « le péché peut bien nous exclure de la Grâce, il ne nous exclut pas de la Foi. Et j’ai vécu dans le péché peut-être, mais jamais hors de la Foi en Dieu »… 1 000 - 1 200 € 642 JOUHANDEAU Marcel (1888-1979). MANUSCRIT autographe, Journaliers XX. Jeux de miroirs, septembre 1965-26 juillet 1966 ; 1020 pages in-8 (21,7 x 14 cm) en 6 liasses. Manuscrit complet du XXe des Journaliers. Jeux de miroirs, vingtième volume des Journaliers, a paru en 1974 chez Gallimard, avec ce texte de présentation : « Jouhandeau que Marie Laurencin imagine entouré de miroirs ne s’est jamais perdu de vue. Individualiste, ayant horreur de la foule et de la promiscuité, Jouhandeau se réfugie en lui-même et met à profit ses loisirs pour se livrer à une méditation patiente et souvent passionnée, afin de se bien connaître. La vie quotidienne lui est une joie dans toutes ses manifestations. Il cherche à la vivre sans laisser paraître la moindre impatience, le moindre dégoût, la moindre fatigue. Il attache avec bienveillance du prix à chaque être, à chaque rencontre et recherche la beauté sous toutes ses formes. Cependant Céline lui cause du souci, Élise est toujours difficile. À l’hôpital de Forges-les-Bains où Marc retrouve l’usage de ses jambes, son futur père adoptif fait des visites régulières. Malgré ses soixantedix-neuf ans Jouhandeau se conduit comme s’il en avait trente. Il vit pour des rendez-vous aussi insolites qu’imprévus et a trouvé son équilibre peut-être parce qu’il n’a jamais observé de mesure en matière d’amour, de travail, de bonne humeur. » Manuscrit de travail, à l’encre bleue ou noire, sur des feuillets perforés à petits carreaux. Il présente de nombreuses ratures et corrections, avec des passages biffés. Il est classé en 6 parties, liassées par des cordelettes ou des rubans, précédées d’une pièce cartonnée numérotée et datée ; chaque partie est paginée séparément. 1. 10 septembre-29 octobre 1965 (153 p.) ; 2. novembre-décembre 1965 (150 p.) ; 3. 22 décembre 1965-janvier 1966 (179 p.) ; 4. février 1966 (175 p.) ; 5. 21 mars-mai 1966 (174 p.) ; 6. mai-26 juillet 1966 (189 p.). La première page porte en tête l’indication « Carnet 98 » ; dans ses Journaliers, Jouhandeau élabore en styliste les notations de ses carnets. Le volume s’achève sur cette note du 26 juillet 1966 : « J’entre aujourd’hui dans ma 79e année. Il est grand temps de me ressaisir, de donner à ma vie un tour plus sérieux, je veux dire, à la fin de ma vie un tour sublime ; que je fasse taire les Sirènes, qu’un grand silence entoure le moment où je passerai le seuil de l’éternité. » 3 000 - 4 000 € 642 641
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