119 Autographes & Manuscrits • 10 juillet 2025 660 MALRAUX André (1901-1976). 2 MANUSCRITS autographes, extraits des Conquérants, [1928] ; 1 page petit in-4, et 1 page in-4. Sur Israël et la Palestine, à travers le personnage du révolutionnaire Garine. Ces deux feuillets, à l’encre violette, ont été écartés du roman Les Conquérants (Grasset, 1928), et concernent le passé de Garine ; ils présentent des ratures et corrections, et semblent inédits. Le premier, sur papier quadrillé provenant d’un cahier d’écolier, doit correspondre à une déclaration de Garine : « La Révolution se produira d’abord en France ou en Russie. […] Il faut renoncer à jamais au Royaume Juif de Palestine. Nulle couronne nul boulet n’est plus accablant qu’un idéal mort. Il faut les abandonner, comme les cadavres de nos parents. Il le faut. C’est nécessaire. Je ne renonce pas moi-même sans combat à suivre l’étoile qui a guidé pendant 2000 ans les hommes de notre race. Mais elle nous conduit aujourd’hui vers la mer, et, derrière nous, à la place des moissons saccagées, je vois les innombrables têtes courbées des peuples. L’enthousiasme de quelques-uns d’entre nous et le respect de tous les autres, devant l’espoir donné par le livre, commencent à faire notre faiblesse. […] nous sommes encore émus de la souffrance de ceux qui nous ont formés, du son de ces paroles par lesquelles Israël a exprimé son vieux génie misérable et prophétique. Il faut rompre avec tout cela, chercher notre force dans notre dispersion même. Oublions le Royaume »… L’autre fragment, écrit au dos d’un feuillet à en-tête de la revue L’Indochine, dirigée par Malraux et Paul Monin, évoque Garine à Paris : « Il était cependant sensible à la douceur de la ville, au fleuve amical qui tourne autour de Notre-Dame […] Ces paysages lourds d’une gloire sanglante que venaient tout naturellement compléter les marchands de livres et d’oiseaux, l’amenaient à trouver à la vie de la douceur, et, parfois, à chercher les allégories dont les hommes de sa race pourraient orner leur capitale reconstruite. […] Au-delà de ces livres sacrés il voyait les étoiles graves de la nuit de Judée et l’horizon des sables. Au-dessus de la rumeur apaisée de la ville, il entendait les murmures désespérés de l’Ecclésiaste […] Il habitait une de ces grandes maisons divisées en petites chambres, où l’on enferme les artistes pauvres près de la porte d’Orléans. Il allait quelquefois à Montparnasse parce que, parmi les gens de toutes nations qui se réunissent là, il rencontrait des Russes qui lui faisaient connaître certaines nouvelles dédaignées du Comité. Mais il n’aimait pas les artistes »… On joint une P.A.S. d’envoi de ces pages, probablement pour une vente caritative : « Pour l’État d’Israël, avec les souhaits que peut former l’un des présidents de la L.I.C.A. depuis pas mal d’années André Malraux Juin 48 » (1 p. in-4). 800 - 1 000 € 661 MALRAUX André (1901-1976). L.A.S. « André Malraux », 24 [mai 1932 ?], à Paul VALÉRY ; 1 page in-8. Il n’oublie pas la « vieille dette » qu’il a à l’égard de Valéry, ni son obligeance : « Voulez-vous “en attendant” me faire le grand plaisir d’accepter ce stuc, l’un de ceux que j’ai rapportés d’Asie centrale. On dirait une figure de la Renaissance italienne, et, comme il est de la frontière afghane-chinoise, et du IIe siècle, il confirme dans la mesure de ses moyens les raisons que vous avez de considérer l’histoire comme une dépendance des meilleurs contes d’Hoffmann. Il est donc évident qu’il aspirait à venir chez vous, que c’est son désir qui m’a attiré là-bas et que je l’ai seulement satisfait »… 500 - 700 € 662 MALRAUX André (1901-1976). DESSIN original avec légende autographe, 2 L.S. « André Malraux » et 1 L.A.S. « André M », s.d. et Boulogne s/Seine 1950-1951, à Pascal PIA ; 10 x 7,7 cm, et 3 pages in-8 à son adresse, une enveloppe. Dessin original à la mine de plomb, des années 1928-1930, légendé à l’encre Dyable hésytant ou Tristesse de l’incertitude. 12 mai 1950. Il aimerait bien voir « les dyables » qui sont dans les colis que Pia fait revenir d’Alger : « je voudrais en faire photographier quelques-uns ». 14 février 1951, renouvelant sa demande de voir ses dyables : « Je suis piqué de la curiosité de savoir si les actuels, que j’ai faits en grand nombre aux Conseils des Ministres, Comités Exécutifs et autres endroits propices à la création des dyables, ressemblent à ceux d’autrefois »… 23 février 1951 : « Je vous renvoie votre dyable avec honnêteté, me tenant à quatre pour ne pas lui rajouter un bras et une épée à droite. Enfin !... En peinture, le talent croît avec l’âge. Si les compagnons de celui-ci le rejoignent un jour, dites-le moi »… 1 000 - 1 500 € 660 662 661
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