123 Autographes & Manuscrits • 10 juillet 2025 669 MAURIAC François (1885-1970). 2 L.A.S. « F.M. » et 2 L.S. « F. Mauriac », Paris 14 février -11 août 1950, à Roger NIMIER ; 6 pages formats divers, 2 à en-tête du Figaro, 2 enveloppes. 14 février : il est prêt à recevoir l’ami de Nimier [probablement Roland LAUDENBACH], en vue d’une collaboration à la Table Ronde, bien qu’il y voie des objections : « votre ami est si marqué politiquement »… – 30 mars. Mauriac se dit déconcerté à la lecture du livre de Nimier [Le Grand d’Espagne] et préfère ses articles : « je suis extrêmement sensible à votre ironie ; l’impression que j’ai eue dans le livre, c’est qu’elle n’embraye pas sur le réel ». – 20 avril : il a reçu son nouveau livre [Le Hussard bleu] : ces pages « n’ont rien perdu de leur succulence » ; il a demandé à Roland L[audenbach] de ne plus mettre les pieds au Figaro ; il l’accuse de trahison, mais ne met pas Nimier dans le même sac : « Vous n’avez pas essayé de livrer à l’ennemi la Revue que nous avons faite »…11 août. : Nimier est en vacances à Saint-Jean-de-Luz, avec son ami Yves Duparc [Eric OLLIVIER, ancien secrétaire de François Mauriac] : « il vous aime beaucoup, il me semble, autant que le permet la substance granitique dans laquelle il a été sculpté. Et moi aussi je vous aime beaucoup aussi »… 400 - 500 € 670 MAURIAC François (1885-1970). MANUSCRIT autographe signé « F.M. », Le Secret de Racine, [1955] ; 3 pages in-4 avec ratures, additions et corrections. Article sur RACINE, publié dans Le Figaro littéraire du 2 avril 1955. Mauriac demeure étranger au débat à propos des beaux vers de Racine : « je serais tenté de répondre qu’il ne se trouve pas de beaux vers dans Racine, je veux dire : aucun qui puisse être détaché du contexte. […] Ce qui appartient à Racine, c’est la continuité rigoureuse non d’un discours comme dans Corneille, mais d’une passion pensée, exprimée, clarifiée, mise au net, par un petit nombre de mots très ordinaires, qui composent une musique. Musique sans dissonance ni accord appuyé, – suggestive certes mais qui interdit le rêve, liée qu’elle est à une réalité d’ailleurs atroce. Aucune échappée, comme dans Shakespeare, aucun regard à l’étoile, jamais le moindre répit pour se détourner de l’horreur présente et pour méditer calmement sur le destin des autres hommes. Nous sommes enfermés dans la cage, entre les barreaux de vers tous pareils, face à des passions nues qui se regardent et qui se décrivent et qui se racontent avec une lucidité que leur fureur ne limite ni n’altère »… Cela ne saurait plaire aux Français, aux Romantiques, ni d’ailleurs aux tragédiens qui n’existent plus depuis Mounet-Sully… Et de terminer par des questions sur « le chrétien Racine » : « la tragédie racinienne appelle l’Incarnation : son horreur exige un Rédempteur. […] La conversion de Racine n’est certes pas un phénomène étranger à la tragédie de Racine, celle qu’il a écrite, celle qu’il a vécue… Mais cela nous mènerait loin »… 800 - 1 000 € 667 669 670 668
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