128 679 MORAND Paul (1888-1976). 26 L.A.S. « PM » et 2 L.S., 1961-1962, à Roger NIMIER ; env. 38 pages formats divers. Intéressante correspondance amicale et littéraire, interrompue par la mort accidentelle de Nimier. Morand, homme pressé, raconte à son ami, avec d’amusants détails, ses voyages ; il le charge aussi de plusieurs missions et services à Paris, auprès de leurs amis, des éditeurs, en particulier Gallimard (où travaille Nimier, et l’éditeur de Morand) ; il se tient au courant de la vie parisienne, demande de lui envoyer des ouvrages, etc. Nous ne pouvons en donner qu’un trop rapide aperçu. Marbella Janvier 1961. Morand fait en voiture le trajet de Paris à Marbella, où il séjourne tout le mois, en vacances studieuses. La traversée de la France et de l’Espagne se passe bien, le séjour aussi, avec d’amusantes anecdotes : location d’un alezan « qui sert pour les films ; c’est la Bardot de l’Espagne […] j’ai l’air d’un général vainqueur […] Il peut aussi faire la cabrade ; je ressemble alors au Louis XIV de la Place des Victoires, perruque en moins »… « 17 jours de soleil ! […] J’ai recueilli un chat rouge ; il mange du melon »… Morand se plaint des langoustes trop grosses et fades, mais se réjouit d’avoir réussi un homard à l’armoricaine et régalé ses invités ; il fait l’éloge du vin de Valdepeñas « vin des outres transpercées par Don Quichotte »… Il a aussi un poussin qui « a tué sa femme à coup de bec et son veuvage le rend radieux »… En ce qui concerne les Mémoires de CHAPLIN, qui est actuellement à Londres, tout est concentré par son éditeur anglais. Morand réclame les derniers ouvrages de Marcel AYMÉ et de Simone de BEAUVOIR [La Force de l’âge], et s’exclame plus tard : « Que mal me fasse d’éditer du S. de Beauvoir ! »... Il rappelle d’écrire à leur ami Louis Malle… La Guilde du livre voudrait faire une édition de son Fouquet ou Le Soleil offusqué (1961, Gallimard) : « Je ne pense pas que Gaston [GALLIMARD] aime ces sous-cessions ? Qu’il décide, le livre est à lui »… Il a reçu « un exemplaire d’une édition de mon roman Montociel sous couverture N.R.F. », projet dont il n’avait pas de nouvelles : on ne lui a rien dit des conditions dans lesquelles ces invendus de Bourquin d’il y a 15 ans, alors interdits en France, avaient été repris par Gallimard. Son contrat avec Bourquin est-il annulé ?... Il envoie un extrait d’une superbe lettre qu’il a envoyée à CHARDONNE (23/01 ; 2 p. dactyl. avec corrections autographes)… Souvenirs de Franck HARRIS qu’il a connu : « l’ami pas sérieux de gens sérieux ; il était maître chanteur […] ; très méprisé partout ; de l’esprit, moins que Wilde dont il avait été le commensal »… – 31/01. Très belle lettre sur SAKI dont il avait publié une nouvelle dans son recueil de nouvelles anglaises Union Jack. Nouvelles anglaises choisies et présentées par Paul Morand (Gallimard 1936). 1962. Vevey 20-22mai. Il envoie à Nimier deux nouvelles : Caïd et Dîner de Cazotte ; il cuisine en suivant les recettes de Jours de France ; il plaisante : « Ne vous faites pas arrêter pour port illégal d’intelligence dans Candide, avant mon retour. Pourquoi rester dans une feuille qui n’a plus de sous ? ». – Juin. Projet pour la collection La Pléiade : Il faut « faire la part des grands gastronomes classiques en 3 volumes : 1/Grimod de la R. 2/Brillat S. 3/Carême 4/Gouffé 5/Escoffier 6/Ali Bab »… Lettre d’affaires de Londres ; il signale des succès de librairie anglais utiles pour de futures traductions… – Juillet. Il va parler de CLAUDEL à la télé ; propositions de Robert Laffont… Fermé la nuit a été primé en Suisse, Gallimard ne refuserait pas qu’il le publie chez un éditeur suisse ?... « COCTEAU regroupe ses amis autour de Fraigneau. Il ne faut jamais se défendre, autrement que par son œuvre »… Il cite une lettre de LARBAUD qui lui disait regretter le temps des voyages avec les premières voitures, où elles étaient si rares : « Moi, je reste ce septuagénaire fou de vitesse, comme Hokusai de dessin (ce qui vaut mieux) ».. – Les Hayes 25 août. Il a essayé la recette d’omelette de Balzac : ça fait un soufflé raté ! Il a trouvé Jeanson excellent à la télé : « la Nouvelle Vague le rend fou ! ». Il a écrit pour la radio « un drame Allemagne XVIIe (Cour de Hanovre) », terminé Les Femmes de 1925 pour Marie-Claire ; il part bientôt à Vevey... Il jardine, composte, bricole, s’occupe des animaux, lit des détectives, cuisine. Il signe : « La Fraternité ou la mort »… – Août. « Tous les serpents à sonates sont dans les festiveaux suisses »… « Est-ce vrai ce roman de vous, annoncé ? Racontez ». Il demande des renseignements sur le contrat que Gallimard vient de faire à JOUHANDEAU ; ils ont exactement le même âge. Il a fini la 3e nouvelle sur le cheval, et a rattrapé son retard. « NOURISSIER est un malin ! (il n’est que cela !) »… Dernière lettre, du 23 août : « Cher Roger, je suis triste pour diverses raisons ; on l’est, ensemble. Mais la liberté, c’est sans prix. À condition de ne plus jamais l’aliéner ». [Nimier trouvera la mort le 28 septembre.] On joint : – un manuscrit autographe, Projet d’interview de Paul Morand, au sujet de son Fouquet ou Le Soleil offusqué (2 p. in-4 ; questions en bleu et réponses en rouge) ; – un tapuscrit avec corrections autographes, Préface aux Dames Galantes de Brantôme (4 p. et demie) ; – 11 doubles dactyl. de lettres de Nimier à Morand (10 avril-17 août 1961). 2 500 - 3 000 €
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