133 Autographes & Manuscrits • 10 juillet 2025 689 PAULHAN Jean (1884-1968). MANUSCRIT autographe signé « Jean Paulhan », Les Héroïdes, [1951] ; 1 page et demie in-4 avec quelques ratures et corrections. Hommage à André Gide. GIDE est décédé le 19 février 1951 ; cet hommage sera intégré dans la préface de Paulhan à La Porte étroite d’André Gide (1958). Paulhan décrit la fin de Gide comme un passage de grande sérénité, où il semblait alternativement s’interroger et se répondre. Il parle de Gide « comme d’un mythe » : par ses contradictions, il faisait songer à ces divinités qui ont vingt bras. « Mais ce que l’on n’a pas dit, sans doute, c’est que Gide portait insolence et inquiétude, angoisse et joie, immorale et morale jusqu’au point d’extrême tension, qui fait vaciller leur nature et ne laisse subsister d’elle qu’un risque, gravement accepté, allègrement soutenu. Ainsi d’Alissa, de Lafcadio ; ainsi du personnage qui dit Je, dans le Journal. Où Gide dit “soties”, je dirais volontiers héroïdes ». 400 - 500 € 690 PAULHAN Jean (1884-1968). 3 L.A.S. et 1 L.S. « Jean Paulhan », 1949- 1950, à Roger NIMIER ; 3 pages in-16 ou in-12 et demi-page in-8 à en-tête de la NRF, 2 enveloppes. Remerciements. « Venant d’un homme aussi féroce que vous, je n’aurais pas été rassuré. […] je vais tâcher de mériter tout ce que vous dites ». Félicitations pour le Hussard bleu (19 octobre 1950) : « Merci de ce Hussard, si bien habillé. (Céline en paraît fou. Il a dû vous l’écrire.) » Excuses pour le retard à publier sa « lettre » dans les Cahiers. 200 - 250 € 691 QUENEAU Raymond (1903-1976). L.A.S. « Raymond », [Stenay] 29 août 1939, à sa femme Mme Janine QUENEAU ; 2 pages et demie in-8, enveloppe portant au dos les nom et adresse : « Raymond Queneau Réserviste B6 C.H.R. 155e R.I.F. Caserne Chanzy Stenay (Meuse) ». Belle lettre à sa femme pendant la guerre. « Mon amour – chère Janine – chère Janine aimée – excusez-moi. Je crois bien qu’hier je ne vous ai pas écrit. Je suis bien coupable n’est-ce pas. Et pourtant je pense tout le temps à vous. Mais je trouve mes lettres bien ridicules, mes récits bien sots. Constatations générales : combien il est facile de redevenir militaire, on s’y fait très vite. C’est assez étonnant. 2èmement : je trouvais Petitjean ridicule avec le tapage qu’il faisait autour de la “condition de la mobilisable”. Mais il est de fait que ce n’est pas ordinaire ; on voit des types qui après avoir terminé 2 ans de service en août dernier ont été rappelés 1 mois en septembre et rappelés de nouveau en mars sont à la caserne – ou en ligne – depuis ce temps-là. Et d’autres qui depuis 1 an ont été rappelés 4 fois. Sans compter des vieux de plus de 50 ans qui sont rappelés. 3èmement : c’est pas mal la pagaïe. Hier soir, on n’a eu qu’un morceau de viande (petit) et un ¼ de vin pour tout dîner. Dimanche, je suis allé me promener à Morzay, le long de la Meuse. Hier, tout le temps s’est passé à changer de chambrées, à s’habiller (on est de nouveau habillé, et faut voir comme), etc. On doit – on devait aller à Morzay (ou zet) hier soir ; nous n’y sommes pas partis ; on attend d’y partir. On ne fait rien – sinon, bénévolement, de balayer les chambrées (quels taudis c’étaient). La discipline aussi, quelle rigolade. Il est vrai que ça peut changer. Bref, tout ça c’est peu de chose. Ça m’amuse assez de me demander si j’entrerai en oct. à l’école Jolas. Si oui, j’ai bien fait de commencer à me préparer tôt. Si non, encore du “temps perdu” - si l’on perd son temps. Je vous aime mon amour […] Je vous aime, je vous aime »… 600 - 800 € 689 690 691
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