AGUTTES . Vente Judiciaire, Aristophil

142 713 SAND George (1804-1876). L.A.S. « G. Sand », Nohant 16 avril 1864, à François BULOZ ; 6 pages in-8 à son chiffre. Longue lettre sur ses travaux. Elle travaille avec ardeur pour la Revue des Deux Mondes. « Je n’ai pas donné suite au roman commencé avant mon départ. Il me demandait trop d’études et de réflexions, et comme j’étais en retard, j’en ai continué un que j’avais entamé à Paris [La Confession d’une jeune fille] et qui peut s’écrire au courant de la plume »... Elle pourrait fournir ce qui est fait à la Revue, mais elle craint tout imprévu qui pourrait lui faire manquer la fin, et préférerait attendre le numéro du 1er juin, quand elle aura tout terminé : « C’est un roman de longue haleine et je vous assure que je ne le quitte pas un seul jour »... Elle relit pour se délasser le roman que son fils Maurice est en train d’écrire [Raoul de La Chastre] : « Ce sont les mémoires apocryphes d’un noble du 13me siecle, avec toutes les idées, les superstitions, les aventures et les appréciations de son tems et de son milieu. L’auteur ne le juge pas et le laisse parler. Je ne crois pas que cela ait été fait sous forme de roman »... Elle loue le style de son fils. « Donc, deux paires de mains très diligentes travaillent pour vous ». Elle n’a rien d’autre de digne dans ses « paperasses », et passe en revue les possibilités de Dumas fils et d’About, « qui a tant d’esprit, de savoir et de talent ». Puis elle évoque la charge de Nohant, la part discrète qu’y prennent Maurice et Lina, leur projet d’aller à Paris cet été. Elle a tout réglé à Nohant « sur un pied d’ordre et d’économie » avant d’aller s’installer à Palaiseau… Le succès du Marquis de Villemer à l’Odéon va la mettre « plus à l’aise. Villemer, bien que je n’aie pas fait une affaire avec la direction, me donnera de quoi vous rembourser quand et comme vous voudrez »… Correspondance, t. XVIII, n° 10817. 700 - 800 € 714 SAND George (1804-1876). L.A.S. « G. Sand », Palaiseau 4 janvier 1865, à Marie LUGUET ; 1 page in8 à l’encre bleue. « Mon cher Mario, J’ai reçu toutes vos jolies lettres du nouvel an, et je te charge de mes remerciements et de mes baisers, à ta petite mère d’abord, et puis au sage Jacot, au bon René et à la belle Margot. L’ami Manceau se joint à moi pour vous souhaiter à tous bonne chance et santé »… Lettres retrouvées, n° 208. 250 - 300 € 715 SAND George (1804-1876). L.A.S. « G. Sand », Palaiseau 21 mars 1865, à « Mon enfant » [Francis LAUR] ; 4 pages in-8 à l’encre bleue. Belle lettre de conseils et de soutien à son jeune protégé. Elle lui annonce d’abord « une triste nouvelle […] Après un très faible retour d’espérance, la pauvre petite noire [Joséphine Maillard, fille du tuteur de F. Laur] a fini de souffrir et s’est éteinte il y a deux jours. C’est une douleur à laquelle notre pauvre ami s’attendait bien mais qui lui a été épargnée [Louis Maillard, mort le 24 janvier]. Jacques [frère de Joséphine] est bien affecté. Écris-lui et console-le de ton mieux. C’est un brave enfant bien éprouvé. Je suis contente des renseignements que tu me donnes et remplie d’espérance pour toi, car je vois que tout dépend de toi, et je sais que tu apprécies la délicatesse extrême de ta position. Les agitations dont tu me parles, il ne faut pas seulement t’en parler à toi-même. Ton tems, tes petites ressources, ta volonté, tes rêves, ta santé, rien ne t’appartient dans le présent. Tu as passé avec ta conscience un contrat qui n’exige pas une âme ordinaire, mais de très grandes forces et un certain enthousiasme. Cette situation est une chaîne qui avilirait un esprit médiocre et qui doit te rehausser dans ta propre estime, toi qui l’as prise au sérieux, et qui t’es lié ainsi par dévouement pour cette grande et belle patrone, la science, l’idéal de tes jeunes années, la souveraine de ton âme, de tes sens, de tout ce qui est toi. Je ne te plains pas, moi qui voudrais recommencer ma vie avec la paire d’ailes que l’on est en train de te faire pousser. Ne te plains donc pas non plus. Le sacrifice est aisé quand le but est si noble et si clairement tracé. Tu auras de grandes jouissances, le jour où tu pourras regarder derrière toi sans y trouver aucune tache et aucune défaillance. Tu auras eu une vie d’exception, celle de l’obligé vraiment fier, et tu pourras penser à ta jeunesse remplie de victoires comme à un très beau roman, meilleur que tous ceux qu’on écrit. […] Bonsoir, mon garçon, bon courage, et remplis ta cervelle de belles choses que tu m’expliqueras. » Correspondance, t. XIX, n° 11531. 700 - 800 € 713 714 715

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