143 Autographes & Manuscrits • 10 juillet 2025 716 SAND George (1804-1876). L.A.S. « G. Sand », Nohant 4 mai [sic pour juin] 1866, à Francis LAUR ; 4 pages in-8 à son chiffre. Belle lettre de conseils à son jeune protégé. « Mon enfant, ta lettre m’embarrasse beaucoup. D’abord et avant tout, tu vas entrer dans une liberté complète que tu as conquise par ton travail et ta volonté. Ton droit est donc absolu et le mien se borne à des conseils. Mais ce n’est pas seulement un droit que j’ai, c’est un devoir. En m’intéressant à toi dès le premier jour, j’ai contracté l’obligation de te continuer cette sollicitude tant que tu en seras digne, et comme tu en es parfaitement digne, il faut, bien que cela me coûte, que je te dise ce que je crois nécessaire de te dire. Ta santé exige plus de ménagements que tu ne parais le croire. Tu n’es pas pris, mais tu es menacé. Question de tempérament, qui rendra toujours assez grave un rhume ou un enrouement insignifiant chez un autre. Je suis presque sûre de ce que je te dis, et en mon âme et conscience, je t’avertis de deux choses. La première c’est qu’il ne faut pas te marier très jeune, la seconde c’est qu’il faut passer deux ou trois ans en Afrique ou dans le midi de l’Espagne ou de l’Italie. Tu es libre de jouer ta vie, de la faire, comme on dit, courte et bonne. Mais as-tu le droit de courir les chances d’un suicide ? Interroge ta conscience »… Correspondance, t. XX, n° 12686. On joint une émouvante L.A.S. « G. Sand », [Paris, 31 (?) décembre 1855], à Caroline LUGUET (1 p. in-12 sur papier bleu). « Ma chère Caroline, j’envoie à notre petite Marie la poupée favorite de ma pauvre Nini [sa petite-fille Jeanne Clesinger, morte le 13 janvier]. Ce n’est qu’à elle au monde que je la donne avec plaisir »… Correspondance, t. XIII, n° 6953.. 600 - 800 € 717 SAND George (1804-1876). L.A.S. « GS », [Nohant] 11 novembre 1868, à André BOUTET ; 4 pages in-8, enveloppe timbrée. Elle le prie de toucher « les petits coupons », et de lui envoyer la somme, avec « les recettes d’Aucante, […] les dettes courantes prélevées. Nous voici dans un renouvellement de bail pour deux fermes, et en attendant que nous ayons à toucher, il faut débourser pour un complément de cheptel. […] Comment allez-vous tous ? Je pense que vous êtes à Paris par ce tems froid. Chez nous, le ciel gris est plein de bataillons de grues qui volent en flèche, en poussant des cris lamentables. On allume le calorifère, on joue au salon avec les enfans, on travaille et on accepte l’hiver comme un vieux ami dont on a su émousser les dents. Ce n’est pas sans peine, mais c’est fait, et on vit d’une façon plus intime que dans les beaux jours ». Elle évoque la saisie des journaux l’Avenir national et la Tribune [qui lançaient une souscription pour le monument au député Alphonse Baudin, tué sur les barricades le 3 décembre 1851] : « C’est mal prendre son tems, que de s’opposer aux manifestations de sentiment pour les morts. Les gouvernements feront donc toujours les mêmes fautes ? » Elle est « plongée dans le travail ». Quant à ses petites-filles : « Lolo [Aurore] est toujours la 8me merveille du monde et Gabrielle la neuvième. Lettres retrouvées, n° 323. 500 - 700 € 718 SAND George (1804-1876). L.A.S. « G. Sand », Nohant 15 juin 1869, [à Francis LAUR] ; 4 pages in-8 à son chiffre. Belle lettre à son jeune protégé. Elle a parlé de Laur « avec le bon père RODRIGUES, ce juif seul chrétien que je connaisse parmi les riches. Il est fier de toi »... Ses petites-filles « font la joie de la maison »... Eugène FROMENTIN, qu’elle n’a plus revu, « ni cherché à revoir a un grand succès comme peintre et le voilà riche. C’est, dit-on, sa femme qui l’a voulu impérieusement ; mais était-ce une raison pour lâcher des amis dévoués ? C’est qu’il n’est pas dévoué lui-même apparemment et c’est tant pis pour lui. Je ne connais qu’une manière de punir les oublieux, c’est de les oublier aussi »... Elle en vient à la politique et évoque les mesures répressives à la suite des élections au Corps législatif [victoire des républicains dans les grandes villes] : « Emeutes dans Paris. Fond mystérieux. Enfans perdus lancés par la police ou par un parti, on ne sait, et on ne saura que ce que le gouvernement laissera voir. Partis attentifs, regardant passer l’émeute, tous prêts à tirer profit du dénouement : c’est toujours la même chose ! »... Elle est allée à Paris pour vendre et déménager Palaiseau, lire sa pièce [L’Autre] à l’Odéon et fixer les conventions ; à présent elle rêve de reprendre la botanique... Elle ajoute : « J’aurais pu te prendre et te garder comme secrétaire, ça m’aurait bien servi sur mes vieux jours ! mais je t’aurais fait manquer la vie, une belle vie, et je me réjouis de n’être pas égoïste »... Correspondance, t. XXI, n° 14365. 800 - 1 000 € 718 716 717
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