148 726 SOUPAULT Philippe (1897-1990). MANUSCRIT autographe signé, [1946]. Plus un manuscrit en partie autographe, Henri Rousseau, le douanier, [1979] ; 6 pages et quart in-4, et 5 pages in-fol. Sur le Douanier Rousseau. Le premier article fut écrit à l’occasion d’une exposition à la galerie Charpentier consacrée à l’École de Paris depuis Henri Rousseau, et parut dans Les Lettres françaises (n° 118), le 26 juillet 1946. « Pour celui qui a si durement travaillé, pour celui dont on s’est si méchamment et si injustement moqué pendant toute sa vie, la destinée fut cruelle […]. Peut-être n’est-il pas malgré tout trop tard pour réparer cette injustice »… Soupault s’attache à libérer ce « pionnier de la peinture » de l’étiquette de « primitif », et à défaire quelques idées reçues tenaces qui talonnent sa mémoire… Le second texte est élaboré à partir d’une photocopie d’un article paru dans La Revue du XXe siècle en 1962 (repris dans Profils perdus, 1963), collée sur de grands feuillets ; Soupault y apporte au feutre violet dans les marges d’importantes modifications et additions en vue du recueil Écrits sur la peinture (Lachenal & Ritter, 1980). Il rédige notamment une nouvelle conclusion, pour signaler La Vérité sur le douanier Rousseau d’Henry Certigny : « Cet érudit a retrouvé tous les documents sur la vie du peintre et recueilli, en les commentant, les témoignages de ceux qui l’avaient connu plus ou moins bien et qui l’avaient jugé plus ou moins mal. On peut douter que les propriétaires des toiles de Rousseau songent à lire ce livre vengeur ». 1 000 - 1 500 € 727 STAËL Germaine Necker, baronne de (1766-1817). L.A.S. « Necker Stael de Holstein », Coppet (Vaud) 24 juillet [1805, à François THUROT, directeur de l’École des sciences et belles-lettres] ; 2 pages in-4. Belle lettre inédite sur l’éducation de son fils Auguste. Elle désire envoyer son fils à la pension dont elle désire le prospectus, et demande si son fils pourrait y pratiquer quelques « exercices du corps » favorables à sa santé, tels que l’équitation, la natation et la danse. « Pour tout ce qui tient à l’instruction littéraire vous le trouverez je crois assez avancé, il sait le latin l’allemand l’italien, l’anglois, et pas mal le grec, mais il est ignorant dans les mathématiques ou du moins très peu avancé. On m’a dit qu’il n’y avoit point de maître de musique attaché à la pension, j’en donnerois un à mon fils car je serois très fachée qu’il négligeat ce talent qui contribue beaucoup à la culture de l’imagination »… M. Le Coulteulx De Canteleu se loue beaucoup des soins donnés à son fils par le directeur de pension… « Mon intention est de faire partir mon fils dans quinze jours, je voudrois avoir votre réponse avant ce tems »… 1 200 - 1 500 € 728 SUARÈS André (1868-1948). 3 L.A.S. (monogramme), 1929-1930, à Armand GODOY ; 9 pages in-4 à l’encre rouge, 2 enveloppes. Belle correspondance au poète Armand Godoy, dans le culte de Baudelaire. Paris 14 octobre 1929. « Vous avez le cœur du poète, cher Monsieur. Baudelaire lui-même a grand cœur : il ne veut pas qu’on le montre, – mais moins il le fait voir, plus il en a. Vous venez de me faire entendre le battement du vôtre […] j’admire ce culte magnifique de la poésie, où vous semblez avoir dédié votre vie ». Il est chassé de son domicile et doit « partir pour l’exil »... – Collioure 4 janvier [1930]. « Votre souvenir va bien au-delà, mon cher Godoy, de ce qu’on appelle une aimable pensée. Vous êtes venu comme Hermès, lequel n’est chargé pour chacun que du seul message qu’il soit digne de recevoir : le sien qu’il attend est celui pour lequel il est fait. […] On n’est pas poète seulement pour écrire des vers, mais bien plus pour vivre en poésie. Vous savez que le plus grand et le plus beau des dons est celui qu’on fait de soi à la beauté cachée »… – 29 avril. « Chacun de vos poèmes marque un progrès sur ceux qui le précèdent, mon cher Godoy. […] Peu de poètes plus fidèles que vous à la religion de Baudelaire : vous êtes des plus dignes d’appartenir à l’Ordre. Et du moins n’avez-vous pas la folie trop raisonnable de répudier l’émotion. On ne doit pas partir de son cœur ; mais pour vivre il n’est vraiment pas inutile d’en avoir un. Vos essais dans le vers de quatorze pieds et celui de quinze sont d’un haut intérêt. (J’ai écrit deux drames dans ce mètre) J’y vois une admirable matière, entre la prose et l’alexandrin. Par là même, il est mieux fait qu’un autre pour la poésie dramatique. Si on le manie avec quelque écrit et les sons de la musique, si on se garde surtout de le finir trop souvent par un alexandrin bien coupé en deux hémistiches, il tient lieu de vers blanc qui nous manque et qui a rendu tant de services aux Allemands et aux Anglais. Quant aux Grecs, à qui je me réfère presque toujours en tout, l’iambe de Sophocle est, à mes yeux, le type parfait de vers blanc tragique : il compte très souvent quatorze pieds »... Etc. On joint une petite L.A.S. à l’éditeur Rob. Émile-Paul, [25.X.1928 ?], concernant ses manuscrits, dont deux « pourraient convenir à Godoy » (1 p. in-12, adr., carte pneumatique). 500 - 600 € 726 727 728
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