AGUTTES . Vente Judiciaire, Aristophil

150 733 VALÉRY Paul (1871-1945). L.A.S. « Paul Vly », à Paule GOBILLARD ; 2 pages in-4 au crayon bleu (plis). Belle lettre sentimentale et mélancolique où Valéry évoque Gide et Mallarmé. [Paule Gobillard (1867-1946) était fille de la sœur de Berthe Morisot. Sa sœur, Jeannie, devint l’épouse de Paul Valéry.] « Ma chère Paule, Votre mot me décourage de venir aussitôt. [...] Mais que faire ? Je suis désert et errant. Sur mon âme l’ancien ennui se joue... Voulez-vous l’emploi de mon temps ? Hier, j’ai dîné chez les Gide fort aimablement, on a beaucoup regretté la séance que je méditais. Aujourd’hui j’ai vu les Mallarmé – leurs amitiés – puis dîné à la taverne anglaise de la rue d’Amsterdam – (oxtail remarquable, stout). Ce soir je trouve un âtre amer, votre lettre désenchantée, les portraits de mon Jeannie et un livre de philologie, heureusement, pour m’anesthésier un peu. Allons, quand faut-il venir ?? Répondez vite. Comment va Julie [Manet, fille de Berthe Morisot] ? Bonsoir, sainte femme » 600 - 800 € 734 VALÉRY Paul (1871-1945). L.A. (minute), [à Ernst Robert CURTIUS ?] ; 4 pages in-8. Intéressante lettre sur Marcel Proust. Il remercie pour l’envoi d’un beau livre : « Vous avez institué entre PROUST et moi une relation dont je ne manque d’être intéressé, d’abord pour y figurer et ensuite par l’imprévu ». Il s’attarde sur le rapprochement très suggestif fait entre BERGSON, PROUST et EINSTEIN, par « affinité ethnique » et une « coïncidence chronologique [...] Toutefois il ne faut point oublier que les travaux d’Einstein sont inséparables d’une symbolique et d’un formalisme prodigieux, qu’ils passent les bornes de la faculté de la représentation, et que l’on pourrait par là les rapprocher d’un “Mallarmisme” »… Il estime qu’une comparaison entre Proust et lui-même est difficile : « Proust se met dans son œuvre, de tout son esprit et de toutes ses vertus. Il vit en elle, et pour, et par elle. Moi, c’est tout le contraire. J’écris à regret. Même à 19 ans je fus émerveillé, indigné, abasourdi par André GIDE me disant qu’il se tuerait si on l’empêchait d’écrire ! Ceci ne me gênerait guère. J’aime un certain genre d’analyse, et c’est tout ! […] Proust a développé infiniment le rôle de la mémoire. C’est un culte chez lui. Il en tire d’admirables modulations. Mais où commence la vraie mémoire, où finit la puissance de l’art ?? Il y a donc chez lui cette ambiguïté entre le littéraire ou poétique, et l’exact, qui est chez moi ce que je redoute le plus »… 800 - 900 € 735 VALÉRY Paul (1871-1945). POÈME autographe signé « Paul Valéry », La Dormeuse ; 1 page in-4 sur papier vergé. Très beau sonnet de Charmes. Ce sonnet a été recueilli dans Charmes (1922). Le manuscrit est superbement calligraphié à l’encre noire sur un beau papier vergé avec un écu filigrané ; une note au crayon indique : « Ce feuillet de papier vergé était de ceux que Gabriel d’Annunzio faisait faire pour son usage ». Ce manuscrit présente quelques variantes de ponctuation avec l’édition. « Quels secrets dans son cœur brûle ma jeune amie, Ame par le doux masque aspirant une fleur ? De quels vains aliments sa naïve chaleur Fait ce rayonnement d’une femme endormie ? »… 1 200 - 1 500 € 733 734 735

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