765 764 764 BUFFON Georges-Louis Leclerc, comte de (1707-1788). L.S. « Buffon », Paris 5 novembre 1777, au Président de BROSSES ; 2 pages in-4, adresse « Monsieur le Comte de Brosse de Tournay au château de Montfalcon », avec cachet de cire rouge aux armes. Au sujet de l’instrument auditif de l’abbé de La Chambre. N’étant plus à Montbard mais à Paris, il a reçu la lettre du comte avec retard. « J’ai voulu m’informer auparavant de l’instrument auditif de l’abbé de la Chambre, j’en ai parlé à Mrs PORTAL et DAUBENTON qui ont été nommés Commissaires pour examiner les effets de cet instrument. Leur rapport n’est point du tout favorable puisque cet instrument ne fait pas plus et peut être moins d’effet qu’un cornet, et vous auriés pris une peine fort inutile si vous vous étiés transporté à Chartres et c’est même trop que d’avoir perdu un louis pour cela. J’ose assurer ici Madame la première présidente de Brosse de mon plus tendre respect ; j’embrasse aussi son petit amour qui rassemble, dit-on, le cœur et l’esprit de son cher papa et de sa chère maman. Je ne reste à Paris que jusqu’à la fin de ce mois ; il me paroit partout que j’entends dire que nous devenons très économes et cela me feroit craindre qu’on diminue quelque chose sur les promesses qu’on a pu vous faire. On assure d’autre part que rien ne sera décidé qu’après l’année révolue au sujet de toutes les demandes faites en finance »… 700 - 800 € 765 BUFFON Georges-Louis Leclerc, comte de (1707-1788). L.S. « Buffon », Montbard 5 janvier 1781, à Louis-Bernard GUYTON DE MORVEAU ; 4 pages in-4 (portrait gravé joint). Intéressante lettre scientifique parlant de sa forge et de son Histoire naturelle. Il a reçu « votre traduction du 1er volume de Bergmann [les Opuscules chymiques et physiques du chimiste suédois Torbern BERGMAN, imprimés à Dijon par Frantin en 1780] ; je reconnois à cela, comme à bien d’autres traits, votre amour pour le bien public et pour le progrès des sciences, car étant en état de produire de vous-même d’excellents ouvrages, ce ne peut être que ce grand motif qui puisse vous engager à traduire ceux des autres, et j’admire comment en remplissant aussi pleinement les fonctions de votre état [Guyton de Morveau était procureur général au parlement de Dijon] vous pouvés trouver encore le temps de travailler aux sciences et d’y faire autant d’expériences et plus qu’aucun de nos chymistes et physiciens quoique uniquement occupés de leur objet. Il y a près d’un mois que je suis de retour à Montbard, et cependant je n’ai pu trouver encore quelques heures de loisir ; [...] Mme Barbuot [épouse d’un conseiller au Parlement de Dijon] m’a remis avec ce livre le creuset de la terre de Flée qui me paroît être talqueuse et mêlée d’un peu de fer comme vous le dites très bien et je suis persuadé que nous pouvons en faire d’excellente brique pour reconstruire l’intérieur de mon fourneau d’acier que le feu violent de nos dernières expériences a fait couler de tous côtés. Les aciers que nous y avons faits se sont néanmoins trouvés très bons et comme il y en a de dix ou douze sortes de fer tant étrangers que nationaux, j’en ai gardé des échantillons que je vous offre et que je vous enverrai [...] Je suis très content de l’idée de M. l’abbé Mongez pour cristalliser les métaux [l’abbé Jean-André MONGEZ, physicien, auteur d’un Manuel du minéralogiste], et nous pourrons l’essayer aisément sur le fer. Ce que vous y ajoutés [...] vaut encore mieux et j’ai été charmé de voir votre cristallisation du bismuth ; elle est plus parfaite que celles que j’avais vu précédemment, car nous avons fait cette automne plusieurs cristallisations de métaux avec M. Brongniard au laboratoire du Jardin du Roi [le chimiste Auguste-Louis BRONGNIART, premier apothicaire de Louis XVI et démonstrateur de chimie au Jardin du Roi] et l’on est maintenant bien certain que tous les métaux et tous les demi-métaux peuvent se crystalliser au feu ; le cobalt seul est celui qu’on n’a pu réduire en cristallisation et vous pourrés peut-être en venir à bout par votre méthode ». Puis il évoque l’avancement de son Histoire naturelle : « le 42e cahier des planches enluminées d’oiseaux est et sera le dernier. Le huitième volume in-4° de cette histoire des oiseaux doit paroître incessamment et je compte vous l’offrir avec le 7e [...] le 9e terminera l’ouvrage, mais je ne pourrai le mettre sous presse que dans six mois, parce qu’il exige encore beaucoup de travail, et que d’ailleurs je fais actuellement imprimer un second volume de supplément à l’histoire des animaux quadrupèdes. Tout cela me recule beaucoup pour nos chers minéraux auxquels je voudrois travailler uniquement, mais cela ne m’est pas possible quant à présent ». Il remercie Guyton de la part qu’il a prise pour lui accorder « cinq coupes de bois. Le Roi y gagnera tout autant que moi, puisqu’au lieu de cinq cens milliers de fer que l’on feroit à mes forges, nous pourrons maintenant en faire un million et qu’au lieu de 5000ll de droits de marque il tirera dix mille francs de mes fourneaux par chacun an ; je dis de mes fourneaux car je vais en faire construire un second a deux cens pas audessous du premier »… 1 000 - 1 500 € 161 Autographes & Manuscrits • 9 juillet 2025
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