AGUTTES . Vente Judiciaire, Aristophil

37 Autographes & Manuscrits • 9 juillet 2025 253 ROUAULT Georges (1871-1958). L.A.S. « Georges Rouault », 25 mars 1947, à un Président de tribunal ; 2 pages in-4. Importante lettre après le procès contre les héritiers Vollard, sur le sort de ses œuvres après sa mort. [Au terme du procès contre les héritiers d’Ambroise Vollard, qui avaient fait saisir des centaines d’œuvres dans l’atelier du peintre, Rouault avait obtenu, en juillet 1946, que lui soient restituées des centaines de toiles inachevées ; décision confirmée par un arrêt de la Cour d’Appel de Paris du 19 mars 1947, accordant au peintre la propriété de ses œuvres tant qu’il ne les a pas achevées et librement délivrées.] Rouault remercie le Président « pour vos conclusions juridiques si lumineuses qu’il n’est besoin d’avance d’aucune explication pour que certains profanes puissent distinguer les points névralgiques qu’il était nécessaire de souligner et de solutionner définitivement. Permettez-moi de vous dire que depuis 1939 mort de feu Ambroise VOLLARD, bien que sentant ma cause juste, j’ai vécu avec certaine angoisse bien qu’au cœur toujours une fine pointe d’espérance. Je vois à la page 9 de cet arrêt : que le versement de l’indemnité ne saurait légitimer la détention des toiles que les défendeurs se sont indûment appropriées ni habiliter ces derniers à exposer publiquement et à mettre en circulation comme œuvres de Rouault soit du vivant, soit après la mort de l’artiste ses productions qu’il juge imparfaites et conserve le droit de ne pas avouer pour siennes... Cette angoisse dont j’ai parlé plus haut venait non seulement du fait des événements et des malheurs visibles ou secrets actuels, mais aussi du fait à 76 ans d’une santé précaire et de l’idée d’une mort possible et de cette pensée lancinante et tenace “Que deviendront mes œuvres ?” Il sera fait peut être en anglais-français ? une plaquette résumant tous les débats et plaidoyers avec une introduction de M. Cassou et un petit portrait écrit de feu Ambroise Vollard par moi-même pas trop méchant pour le distinguer de ses héritiers ; je serai heureux de vous l’offrir avec une dédicace que je souhaite plus éloquente que cette lettre »... [Le 5 novembre 1948, ayant obtenu la restitution de ses tableaux, Rouault brûlera devant huissier 315 peintures inachevées.] 1 000 - 1 500 € 254 SIGNAC Paul (1863-1935). L.A.S. « P. Signac », [1928], à Henri MARTINEAU ; 5 pages in-8 à l’encre bleue, à en-tête de la Société des Artistes Indépendants. Belle lettre à l’éditeur des œuvres de Stendhal. Il le remercie de son nouvel envoi : « Désormais, grâce à vous, j’aurai toujours un Stendhal dans ma poche – avec quel émoi j’attends Lamiel ! » Et il lui envoie « une petite aquarelle de Macon », pour illustrer un passage des Mémoires d’un touriste, qu’il cite. « La maison indiquée par ma flèche est celle où était l’auberge du Sauvage (et non du Bœuf Sauvage… précaution stendhalienne). Après enquête, sur place, je n’ai pu avoir de renseignements sur l’aventure de l’incendie » ; mais il rapporte les anecdotes piquantes qu’il a apprises sur la « renommée galante de Madame Delorme »… Et il conclut, à propos de l’incendie : « Le pauvre voyageur n’était pas dans sa chambre en feu, mais dans celle de l’hôtesse accueillante ». 1 000 - 1 200 €

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