66 516 APOLLINAIRE Guillaume (1880-1918). L.A.S. « Guillaume Apollinaire », « Paris 15 rue Gros » [vers 1910], à un rédacteur de la revue lyonnaise L’Art Libre ; 2 pages in-8. Il remercie de l’envoi de L’Art Libre : « J’y retrouve les noms que j’aime et les tendances de votre revue me sont infiniment sympathiques. […] Votre ville est l’une de celles que je préfère et je la chante au premier chant d’un poème que j’achève [allusion à Vendémiaire, où il loue « les anges de Fourvière » et fait allusion aux soyeux de Lyon, à la Saône et au Rhône]… Spectaculaire signature. 800 - 1 000 € 517 APOLLINAIRE Guillaume (1880-1918). L.A.S. « Guillaume Apollinaire », [vers 1910], à un ami ; 2 pages oblong in-12. Il l’invite à venir le lendemain soir, espérant que « votre indisposition est complètement dissipée. Ma conférence [Les Poètes d’aujourd’hui] paraîtra en volume. Voulez-vous annoncer de moi un volume de vers pour octobre ou novembre »… Il donne son adresse « 15 rue Gros ». 400 - 500 € 518 APOLLINAIRE Guillaume (1880-1918). L.A.S. « Guillaume Apollinaire », 17 août 1918, à Philippe SOUPAULT, à l’Hôpital 47 à Paris ; 1 page oblong in-8 sur papier saumon, enveloppe autographe avec en-tête et cachet encre du Ministère des Colonies, et mention autographe de l’expéditeur : « S/lieut. G. Apollinaire, 202 Bd St Germain ». « Mon cher ami, je vous souhaite un prompt rétablissement. Je vous souhaite aussi que ce repos à l’hôpital vous procure le calme nécessaire à la composition des beaux poèmes que vous pouvez faire et que vous ferez. Votre ami, Guillaume Apollinaire ». Correspondance générale, t. 3*, n° 1932. 700 - 800 € 519 ARAGON Louis (1897-1982). L.A.S. « Louis Aragon », Neuilly 20 [septembre 1919], à Jean COCTEAU ; 1 page et demi in-8 à son adresse 12, Rue St Pierre Neuilly s/Seine, enveloppe. Belle lettre à Cocteau, peu après son retour à la vie civile. « Cher ami, me pardonnez-vous ma paresse ? Je voulais pourtant vous écrire le plaisir que m’avait fait votre geste, et combien j’aime l’atmosphère respirable où nous voici désormais. Les gens auront beau dire, on se sent mal à l’aise, en chiens de faïence dans une cloche à plongeur. Le monde s’est retourné : vous voici au diable et moi à Paris. Mais je regrette mon enfer et ses jolies flammes qui valent mieux que Luna-Park. Si vide soit-elle en été la capitale contient toujours assez d’individus pour vous marcher sur le corps et vous regarder de travers. On n’en meurt pas. On ne meurt de RIEN. Il n’y a là rien d’étonnant, on m’avait prévenu dans les manuels : Paris, capitale de la France, célèbre par son arc de triomphe, ville de perdition (les géographes écrivent bien mal). Il reste tout de même de belles boutiques dans le quartier SaintDenis, et quelques bars “inondés de lumière” qui sont encore le paradis terrestre. Puis vient d’ouvrir, à la station Sèvres-Lecourbe, le Cirque Monbar que l’on ne peut pas quitter sans larmes. En face de lui sous les arches du Métro un bel acrobate (vous savez ces maillots noirs coupés en diagonale, il n’est besoin que d’un sein pour le cœur) nous retient longtemps encore à la sortie de l’éden et nous pouvons imaginer que nous n’avons pas déserté la tente aux mille tours. Il n’y a pas de raisons pour que cela ne dure pas toute la vie. Helas, il y a l’hôpital, la Faculté, ce n’est pas tous les jours dimanche. […] Feu de joie paraît en Octobre (il n’y paraîtra pas beaucoup). En ce moment, on m’enlève les taches bleues de mes vêtements. Quand revenez-vous ? Vous ne trouverez plus que des gens comme tout le monde qui mangent deux fois par jour (quand ils en ont les moyens). J’attends beaucoup de ce changement de costume : retrouver de vieilles idées neuves, quelques douceurs, et un vieux ticket du Palais de glace oublié dans une poche »… 600 - 800 €
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