81 Autographes & Manuscrits • 9 juillet 2025 553 CHARDONNE Jacques (1884-1968). 21 L.A.S. « JC », 4 janvier-16 février 1951 et 6 mai-20 juin 1956, à Roger NIMIER ; 35 pages in-4 ou in-8, enveloppes. Correspondance amicale et littéraire, avec 4 lettres de Paul Morand. Rendez-vous et déjeuners au restaurant, échanges sur l’actualité littéraire et jugements sur leurs lectures et leurs contemporains. Janvier-février 1951. « C’est le temps où les romanciers sont devenus tristes et où le roman est mort ». Il évoque Marcel AYMÉ, dont les nouvelles sont « bien agréables », Pierre Mille, Duvernois, et surtout MAURIAC : « Le Diable a joué un mauvais tour à Mauriac. Il a seulement fait grincer sa plume, grimacer ses figures et salit partout. Le genre sordide […] n’est pas le vrai Mauriac. Il est la jeunesse, la spontanéité, la grâce, à la fois frêle et robuste, et il a un beau style ». La situation politique inquiète Chardonne ; il voit le danger des Russes, et la nécessité d’une armée européenne et « océanique ». Mai-juin 1956. De nouveaux noms apparaissent : Bernard FRANK, Françoise SAGAN, Jacques LAURENT, Jean-Louis CURTIS dont il lit Un saint au néon. Il ne ménage pas André BILLY, « le critique le plus sot qui ait jamais existé ». Il signale le bel article sur les Matinales par Jean GUITTON, « un vrai mystique ; et un philosophe ». Mondor lui envoie son livre sur Barrès ; il rencontre l’éditeur Julliard « un homme bien antipathique, Espèce de hareng sot », qui lui annonce que Schoeller va épouser Sagan ; Jean Rostand « un phénomène » … Chardonne dit son admiration pour Paul MORAND : « Morand c’est du champagne. Jouhandeau, je crois bien que c’est de la piquette » ; et il fait suivre à Nimier 4 L.A.S. de Paul MORAND écrites de Tanger en mai 1956 (6 pages in-8 et in-4) : 4 mai, à propos d’un article dans La Parisienne sur Mauriac journaliste et romancier ; 29 mai , où il résume ses années de jeunesse et d’études et évoque la situation du Maroc qui vient juste d’acquérir son indépendance ; 30 mai, où il dit la beauté de l’Afrique « avec ses présents empoisonnés […] les jolis coins à la Delacroix » ; il évoque l’auto-destruction des jeunes,« à quoi Nimier ajoute la destruction en auto », le climat d’inquiétude actuel, et il se remémore Giraudoux qui n’avait pas peur, et qui « se moquait des Américains et des Juifs […] comme Proust ; mais ce n’était pas un complexe comme chez Proust »… Etc. 1 500 - 1 800 € 554 CHARDONNE Jacques (1884-1968). 19 L.A.S. « J.C », Paris et La Frette, 15 avril-4 juin 1954, à Roger NIMIER ; 30 pages 4 ou in-8, enveloppes. Correspondance presque quotidienne entre les deux amis, pendant la préparation de l’édition des Lettres à Roger Nimier qui sera publiée par Grasset en septembre. « Lettres excellentes, qui surpassent ce que j’attendais. C’était très difficile. C’est réussi. Cela donne de vous une silhouette, une juste image, sur toutes les faces ». Chardonne choisit, relit attentivement les manuscrits, et suggère des changements, des corrections et des suppressions... À propos de l’emploi du X : « L’X a du sel. Cela ne vaut pas la peine de se faire des ennemis pour si peu. Ainsi j’ai nommé Camus (“Camus succède à St Exupéry dans la ferveur d’honnêtes gens qui ne sont pas difficile sur la nature de leur goût”). Je vais le remplacer par un X ». Il ne partage pas toujours les opinions de Nimier, en politique ou en littérature, que ce soit sur le style de Jules Romains, sur Georges Duhamel (on joint la dactylographie corrigée du texte caustique de Nimier sur Duhamel, « l’aimable pharmacien de notre littérature »), et sur les propres romans de Nimier (son avis que son auteur trouve ennuyeux), Il donne aussi son jugement sur MAUROIS et sa biographie de Hugo, et envoie à Nimier les Pensées d’un biologiste de Jean Rostand. Il donne également des conseils à Nimier pour la publication de son « dictionnaire critique » et pour la Revue Femina : « Collectionnez les jolies plumes et vous ferez une belle revue. Rien d’autre n’est à considérer. Les penseurs étant réservés à la N.R.F. », et lui propose des noms : Félicien Marceau, Henri Hell, Michel Mohrt, André Bay, Marcel Brion… Il est impressionné par Jacques LAURENT, « une tête forte. L’argumentation de son article de la Parisienne (Maulnier-Malraux) ça vaut les Provinciales. Et on sent un brave homme. […] La discussion, c’est son fort »... Etc. 1 000 - 1 500 € 553 554
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