86 569 COCTEAU Jean (1889-1963). 4 L.A.S. « Jean Cocteau », Paris et Saint-Jean Cap Ferrat 1953-1958, à René BEHAINE à Villefranche sur mer ; 3 pages in-4 et 1 page in-8, 3 enveloppes. 13 décembre 1953. Il est malade. « Cette ville de Paris ne possède plus la moindre culture de l’âme. Il faudrait être Miss Europe et nous ne le sommes pas. Je n’en ferai pas moins l’impossible »… 4 février 1954 : « Votre lettre me trouve à mon retour de Paris où j’enterrais une amie admirable et mille souvenirs. […] Gaston Gallimard me boude parce que je publie ailleurs. J’y verrai un peu plus clair en mars […] Nous préparons un plan d’attaque »… 2 novembre [1956]. « Votre préface me plait beaucoup et j’imagine que le moment est venu de dire les choses. (Même les parlementaires s’y mettent et rompent avec le régime du blabla pour les paroles et les actes). Mais, notre rôle est de crier dans le vide. Or il n’y a pas de vide. C’est en vertu de ce subterfuge que nous vaincrons le vacarme»… 13 mars 1958. « Je suis heureux qu’un prix vous récompense, bien que votre livre soit une œuvre “sans prix” et qui porte sa récompense en elle-même, invisible à l’époque. Mais chaque fois que je découvre une faute dans la règle d’injustice, j’en éprouve quelque confort moral »…. 400 - 500 € 568 COCTEAU Jean (1889-1963). 12 L.A.S. « Jean », 1947-1952, à Georges HUGNET ; 12 pages in-8 ou in-4, 12 enveloppes. Intéressante correspondance amicale et littéraire autour de leur collaboration pour La Nappe du Catalan. [La Nappe du Catalan (1952), rassemble 64 poèmes écrits simultanément par Cocteau et Hugnet sur des nappes du restaurant Le Catalan lors de déjeuners, en fait des cadavres exquis littéraires, chacun des poètes laissant parmi ses vers des vides que l’autre comblait.] Milly 26 mars 1947. « Tu imagines bien que je pense à toi et que je regrette “notre Catalan”. Mais je ne pouvais plus vivre à Paris – J’avais, comme toi, un triste mélange d’agoraphobie et de claustrophobie ». Il demande à Hugnet de lui préparer les feuilles qui manquent : « Je les remplirai dans ma chambre d’Érasme. Tu devrais me rejoindre. […] je travaille entre les poules, les arbres qui verdissent et le feu de bois »… Saint-Jean Cap-Ferrat 1951. – 25 avril et 9 mai. Il charge Hugnet d’envoyer de sa part à Somerset Maugham, qui séjourne aussi à Saint-Jean, une revue : « Il est un peu grigou – mais il achète à des prix ridicules et devrait s’estimer heureux des prix français qui lui sont favorables. […] Accouche vite et donne des nouvelles ». Milly « se couvre de chats de toutes les couleurs. Ces dames couchent et accouchent sans cesse. Repeuplons»… – [27 septembre]. Il a relu les poèmes : « c’est très bien et il y a même des choses qui paraissent d’une seule plume (vrais enfants de notre couple) . Francine [Weisweiller] est très contente. Je me suis amusé à reprendre ta couverture au crayon gras – il y apparait une tête curieuse »… – 4 octobre. « Le livre a l’air de se présenter bien », mais il veut enlever deux poèmes : « Il y a quelque chose de caricatural que je ne trouve pas dans le reste. Dès que tu auras des feuilles prêtes, envoie-les ». Il veut savoir l’opinion de Nicolas (le fils d’Hugnet) : « Son œil est un juge terrible. […] Francine me charge de ses tendresses et Doudou [Dermit]. Ici je suis lancé dans un énorme tableau qui me lance mille maléfices. Soleil. Mer des équinoxes. Je rentre fin octobre pour monter mon film et tâcher de rendre ma pièce [Bacchus] jouable »… – 13 octobre. Il trouve la maquette excellente, attend les lithographies et réclame des « crayons litho […] Je suis très heureux de voir avec quel soin tu t’occupes de notre nappe. Il en résultera un beau livre »… 3 mars 1952. Il reprend doucement des forces, travaille un peu et remercie « de tes cartes suggestives. […] Les avions s’écrasent – Carnaval etc. – De Gaulle nous menace – La Corée continue – La terre tourne »… – 2 juillet. « Nous voilà revenus à Ithaque. Je me demande comment faisaient tous ces grecs pour voyager entre les îles. Peut-être faut-il sacrifier sa fille ou son fils pour obtenir des vents favorables. J’ai attaqué le plafond de Santo-Sospir. Il faut que j’arrive à ce que la villa ressemble au palais de Minos en Crète. Je travaille à l’adresse des archéologues futurs »…– 1er août. Il a terminé les plafonds, Doudou peint la façade de la villa… – 2 septembre. Après un gros travail, il est plus tranquille. « La photo de ta soucoupe volante est parfaite. Les autres sont exposées dans la chambre de Francine ». Ici rien ne change : « Le monde se meurt comme la vague au pied de notre roc solitaire »… – 15 septembre. « Hier on a posé ma mosaïque devant la porte. Je la trouve très belle et j’admire les ouvriers italiens qui l’exécutent. Il y en a un qui ressemble au docteur Caligari. Marie-Laure [de Noailles] déjeune avec nous ce matin. Je termine mon livre et un poème de 100 strophes (sic) – Loin des yeux, près du cœur »… On joint 4 brouillons autographes de poèmes pour La Nappe du Catalan (9 pages in-8 ou in-4) ; plus un télégramme. 2 000 - 2 500 € 568 569
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