AGUTTES . Vente Judiciaire, Aristophil

90 579 DUMAS père Alexandre (1802-1870). L.A.S. « Al. Dumas », [1848 ?], à un « cher confrère » ; 2 pages in-4 sur papier vert d’eau (lég. fente au pli). Intéressante critique d’un drame. Dumas prie d’excuser sa franchise, mais d’un « point de vue scénique – avec les conditions d’art dont je me suis fait une règle, je ne crois pas la représentation de votre drame possible ». C’est tout un ensemble : l’intrigue manque de vérité et les caractères de logique... Dumas reprend chaque personnage en expliquant ce qui ne va pas, avec une terrible franchise : les protagonistes n’ont pas de profondeur, pas de vraies motivations, certains sont inutiles, leur emploi très maladroit, ou ils manquent de panache… « Malo, qui tire sur la marquise de Trianna – et qui tue un domestique qui tire sur Malo et qui tue son cheval – est trop maladroit pour un chasseur vendéen. Mr de Verneuil – Made de Berry, qui s’allie avec des assassins et des empoisonneurs – me parait au théâtre pardonnez moi le mot un sacrilège politique ». Quant à Tiburce, le héros, plein de maladresse, qui quitte la scène quand il devrait y rester, qui est plein d’inconséquences et d’actions irréfléchies, il « ne me parait pas un pivot suffisant à soutenir une pièce en 10 tableaux. Je ne crois donc pas le sujet heureux. Comme caractère de pays il n’en a pas. Comme historique il ne se rattache à rien. Enfin comme imagination, il retombe trop souvent dans cette combinaison de coups de fusils avec lesquels il me parait difficile de nouer ou dénouer les drames, à moins que comme dans le Freichutz le surnaturel ne s’en mêle et que les acteurs ne se servent de balles enchantées. […] Sur ce sujet vous perdez votre tems – peut-être le drame sera-t-il joué, mais je vous l’affirme d’avance, il ne vous récompensera ni en succès ni en argent de la peine que vous avez prise »… 700 - 800 € 580 DUMAS père Alexandre (1802-1870). MANUSCRIT en partie autographe, Alfred de Vigny – Antony – Dorval ; 18 pages in-4 dont 4 autographes, sur papier bleu. Deux chapitres de souvenirs sur ses débuts d’auteur dramatique. Les quatre premières pages sont autographes ; le reste a été dicté à deux secrétaires différents (qui ont signé « Alex. Dumas ») ; le texte, assez proche des chapitres clxxv et clxxvi de Mes Mémoires, a été publié en italien dans le journal napolitain de Dumas, L’Indipendente (III, n° 228, 12 octobre 1863 : Alfredo de Vigny, V, 5e feuilleton de souvenirs après le décès de Vigny). « Ma vie littéraire est tellement enchevêtrée avec celle de mes bons amis HUGO et De VIGNY que toutes les fois que je parle de l’un ou de l’autre il faut nécessairement que je parle de moi. J’étais l’aîné du triumvirat poétique et parti en faisant signe aux deux autres de le suivre »... Et de raconter comment, après une vive discussion avec le chef de la censure à propos de Christine, il eut l’idée du dénouement d’Antony : « Elle me résistait, je l’ai assassinée ! » Faire la pièce était une bagatelle dans l’état d’esprit où il était alors : « J’étais amoureux d’une femme qui était loin d’être belle mais dont j’étais horriblement jaloux, jaloux parce qu’elle se trouvait dans la position d’Adèle, qu’elle avait un mari officier dans l’armée et que la jalousie la plus atroce que l’on puisse éprouver est celle qu’inspire un mari attendu qu’il n’y a pas de querelle à chercher à une femme en puissance de mari si jaloux que l’on soit de ce mari. Un jour elle reçut du sien une lettre qui lui annonçait son retour. Je faillis devenir fou. […] Antony n’est point un drame Antony n’est point une tragédie Antony n’est point une pièce de théâtre Antony est une scène d’amour et de jalousie de colère en cinq actes. Antony c’était moi moins l’assassinat. Adèle c’était elle moins la fuite »… Il est question des interprétations de Mlle MARS et FIRMIN, des répétitions, de l’intervention amicale de Hugo pour attirer Dumas à la Porte-Saint-Martin ; puis Dumas donne, longuement, l’échange qu’il eut avec Firmin et Mars, qui aboutit à son retrait de la pièce du Théâtre Français. Le chapitre suivant rapporte la conversation qu’il eut avec Marie DORVAL, pour obtenir d’elle qu’elle assumât le rôle d’Adèle, avec force confidences sur les amours de l’actrice et de VIGNY… 800 - 1 000 € 579 580

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