91 Autographes & Manuscrits • 9 juillet 2025 581 DUMAS père Alexandre (1802-1870). MANUSCRIT autographe signé « Al. Dumas », La France et l’Espagne, [janvier 1863] ; 6 pages in-4 sur papier bleu, reliure moderne demi-chagrin brun. Article publié en italien dans son journal napolitain L’Indipendente, le 10 janvier 1863 (Anno III, n°7, p. 2) sous le titre La Francia e la Spagna. La version française est inédite. « Nous demandons pardon à nos lecteurs de leur faire un journal presqu’entièrement de notre prose – mais depuis trois jours les bateaux manquent et par conséquent nous n’avons aucune nouvelle de la haute Italie. A ce défaut de nouvelles notre devoir est de suppléer le mieux qu’il nous sera possible – en agitant des questions soit d’un intérêt particulier pour l’Italie soit d’un intérêt général pour la politique de l’Europe où l’Italie par ses 22,000,000 tient aujourd’hui une place supérieure, à la Prusse, à l’Espagne et à la Suède, -–venant immédiatement à la suite des grandes puissances au rang desquelles l’élèvera la cession de Rome et la conquête de Venise – deux faits politiques qui peuvent être retardés par les événements mais qui infailliblement un jour ou l’autre peuvent s’accomplir. Nous en revenons aujourd’hui au refroidissement de l’Espagne et de la France qui on se le rappelle nous a déjà deux à trois fois préoccupés ».. Dumas rapporte les propos prophétiques que lui avait tenus le duc de Lucques à Florence en 1842 : « Les Bourbons sont condamnés – dans trente ans il n’en restera pas un seul sur le trône. [….] Eh bien de tous ces Bourbons condamnés au dire du duc de Lucques – il ne reste plus aujourd’hui que la reine Isabelle d’Espagne. Par malheur la reine est d’un sang qui n’apporte pas avec lui sur le trône le respect personnel. En même tems que les derniers rejettons des familles Bourboniennes François II et le Comte de Chambord sont impuissans, les derniers héritières des couronnes Bourboniennes sont trop fécondes »… Pour lui, « la reine d’Espagne doit être la dernière victime de cette fatalité qui poursuit les Bourbons. À notre avis Sa majesté Isabelle ne mourra point sur le trône – ou si elle meur sur le trône – n’aura pas pour successeur un de ses fils »… Etc. Il conclut ainsi son article : « Car l’Angleterre c’est Carthage tandis que la France c’est Rome. Car l’Angleterre c’est le fait, tandis que la France, c’est l’Idée ! » 800 - 1 000 € 582 DUMAS fils Alexandre (1824-1895). 9 L.A.S. « A. Dumas f », [Paris et Saint-Valery-en-Caux, 1866-1867], à Edmond ABOUT ; 32 pages in-8. Belle correspondance amicale et littéraire. Dumas fait l’éloge du livre d’About Les Vacances de la Comtesse (1865) qui « sont de la famille des chefs-d’œuvre. Je viens de les dévorer et je vais les reprendre. Il n’y a pas du premier mot au dernier un moment d’éteint. […] Ceci est comme un bain. On s’y étend. On s’y détend »… Il encourage About et lui donne des conseils : « Tapez sur les abus et les erreurs et les folies de l’espèce […] publiez cela inédit, comme un coup de canon, et vous avez fait le livre que vous devez faire »…. Pendant l’été 1866, Dumas s’installe à Saint-Valery-en-Caux, dans la maison qu’il avait habitée huit ans auparavant : « Pour un rien je pleurnicherais […] C’est peut-être parce que je me remets au travail et que cette charrue que je traîne consciencieusement commence à me fatiguer ». Il envoie la trame d’une pièce, d’après l’évangile de Saint Luc, se mettant en scène aux côtés de Jésus et d’About « le pharisien de la Schlittenbach ». En octobre, il annonce la grossesse de sa femme, « condamnée à l’immobilité complète » ; et il termine une pièce qui viendra après celle de Sardou adaptée des Paysans de Balzac « moins Balzac et le forçat par amour de je ne sais ki ».. Dans une lettre spirituelle, il raconte son déménagement : « J’ai cloué, remué, sué, accroché, porté, tout le monde est installé. Made Dumas a été transportée comme une bouteille de vieux Chambertin qu’on a peur de remuer » ; il remercie About de son livre : « Bravo cher ami, c’est excellent – net – clair – vif – avec un acide qui court sur le tout et qui creuse aux bons endroits. Je suis très heureux comme ami et très fier comme confrère d’avoir mon nom en tête de ce livre » ; son père « s’inquiète d’un mot dans l’allusion à Jules Lecomte ». Au printemps 1867, Dumas a du mal à écrire son 3e acte : « J’étais le nez dedans jusqu’aux yeux. Il est enfin venu, il y a une heure. Je l’ai relu, et je ne le trouve pas bon. Allons bon ! Mais je veux […] laisser reposer la chose et revenir sur le tout avec l’oubli du détail et la fraîcheur des yeux reposés ! […] Un peu de patience. La jolie russe va arriver Nous l’attendons » [sa deuxième fille Jeannine naît le 5 mai 1867]. À l’été, Dumas félicite About pour la naissance de son fils Pierre (juillet 1867), ce qu’il comptait faire de vive voix en venant le surprendre dans sa maison près de Saverne, « la Schlitt ». Il remercie About de son étude parue dans La Situation, qu’il dévore : « Quel ami j’ai à Saverne quand il n’est pas à Paris et quel ami j’ai à Paris quand il n’est pas à Saverne »… 1 000 - 1 200 € 581 582
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