AGUTTES NEUILLY. LETTRES & MANUSCRITS

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 14 28 BLANC Louis (1811 - 1882). L.A.S. « Louis Blanc l’un des deux rédacteurs en chef du Bon Sens », Paris 10 février 1836 : 2 pages in-4 à en-tête Le Bon Sens, journal de la démocratie. « Nous n’accordons à personne le droit de révoquer en doute notre sincérité et de nier notre patriotisme. Celui qui vous répond écrit dans le Bon Sens depuis plus de deux ans. Et il sait le cas qu’on doit faire des reproches qui portent sur la versatilité de ce journal demeuré scrupuleusement fidèle à son origine. […] le Bon Sens est celui de tous les journaux qui s’est imposé pour le peuple le plus de sacrifices et qui a apporté le plus d’abnégation dans son œuvre de propagande ». Il rejette comme une insulte l’accusation de patriotisme de la Bourse, alors qu’il reçoit des lettres de soutien « de patriotes qui sont ouvriers aussi […] Et certes au lieu des travaux, des fatigues, des chagrins de tout genre auxquels nous expose la défense d’une cause sainte, il est consolant pour nous d’acquérir de plus en plus cette conviction : qu’il n’en est pas de la reconnaissance des Peuples comme de la reconnaissance des rois »… On joint 3 L.A.S. par E.X. Poisson de LA CHABEAUSSIÈRE (1811, à Stanislas Champein), LAMOTHE-LANGON (1830, à M. Sclesinger) et SULLY-PRUDHOMME (1896). 100 - 150 29 BONAPARTE Joseph (1768 - 1844) frère aîné de Napoléon, Roi de Naples puis d’Espagne. MANUSCRIT autographe, Mon Brouillon de la lettre sur l’histoire de M. de Norvins. – Réponse à M. de Norvins, Philadelphie janvier 1829 ; 25 pages in-4 Brouillon d’un article adressé aux rédacteurs du Courrier des États-Unis pour réfuter les erreurs de l’Histoire de Napoléon du baron de Norvins. Sous couvert de l’anonymat, l’auteur se donne comme l’interlocuteur privilégié du comte de Survilliers, ayant consulté des pièces originales inédites… Il défend notamment le bilan politique et militaire de Joseph en Espagne. On joint une copie avec une nouvelle conclusion, et des corrections, feuillet intercalaire et couverture autographes ; et une autre copie avec qqs corrections et des compliments autographes ; plus le numéro du 31 janvier 1829 du journal new-yorkais avec qqs notes autographes. 1 200 - 1 500 30 BOULEZ Pierre (1925 - 2016). MANUSCRIT MUSICAL autographe signé, Deuxième Sonate pour piano (1948) ; 1 feuillet de titre et 23 pages in-fol. Précieux manucrit de la Deuxième Sonate pour piano, œuvre majeure de la production du premier Boulez et du répertoire pianistique du vingtième siècle. Composée d’octobre 1947 à mai 1948, elle fut créée par Yvette Grimaud à l’École Normale de Musique, au Concert des éditeurs, le 29 avril 1950, et publiée la même année chez Heugel. Le manuscrit est tracé avec précision à l’encre noire sur papier à 26 lignes Il est signé et daté en fin : « mai 48 / octobre-novembre 47 février 48 ». Il porte cette note en tête : « Remarque générale : Pour l’interprétation des nuances, éviter absolument, surtout dans les tempos lents, ce que l’on convient d’appeler les “nuances expressives” ». La Sonate est divisée en quatre mouvements : I. Extrêmement rapide ; II. Lent ; III. Modéré, presque vif (page 15 : 22 mesures biffées et insertion d’un feuillet avec 9 mesures nouvelles) ; IV. Très librement, avec de brusques oppositions de mouvement et de nuance. Citons le beau commentaire de cette Deuxième Sonate par André Boucourechliev : « Dans cette œuvre, le système dodécaphonique se transforme en une conception sérielle – beaucoup plus élargie – du langage musical, qui régit non plus les sons mais les rapports sonores, et fait entrer le rythme, sous une forme extrêmement développée et une organisation autonome, dans ses nouvelles structures. Boulez procède ici par cellules rythmiques brèves, constituées en véritables thèmes rythmiques indépendants, et développées selon des principes mis en valeur et enseignés par Messiaen : rythmes non rétrogradables, canons rythmiques, transformations, augmentation et diminutions proportionnelles des valeurs, etc. L’autonomie rythmique des contrepoints dans la Sonate de Boulez (où, comme l’indique le compositeur, toutes les voix sont également importantes), l’abolition totale de toute pulsation régulière (la barre de mesure n’est plus qu’un repère visuel pour l’exécutant), créent un temps musical nouveau, d’une totale discontinuité, qui exige de la part de l’auditeur une écoute nouvelle car, évidemment, c’est tout le contraire d’une évasion que nous propose l’œuvre de Boulez ; elle fait appel à notre participation, à notre propre inquiétude : alors seulement – et bien plus vite qu’il ne semble au premier abord – elle se révèle, avec ses violences rythmiques discontinues et imprévisibles, étonnamment proche de nous, de notre sensibilité d’hommes modernes ». On a joint les épreuves corrigées (Heugel 1950) tirées en bleu par le graveur Buchardt (48 pages chaque) : la première épreuve (8 décembre 1949) est surchargée de corrections autographes ; la 2e épreuve porte la commande du tirage (datée 21-2-50). Plus une L.A.S. de Pierre Boulez (1 p. in-8), avec une page in-4 de corrections autographes pour l’Errata ; plus le feuillet d’épreuve de l’Errata. Bibliographie : Dominique Jameux, Pierre Boulez (Fayard 1984), p. 298 - 315 (analyse détaillée de la Deuxième Sonate). Discographie : Maurizio Pollini (Deutsche Grammophon, enr. 1976). 30 000 - 40 000

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