AGUTTES NEUILLY. LETTRES & MANUSCRITS

17 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies • 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 39 CASSATT Mary (1844 - 1926). 2 L.A.S., [Paris 1911], au critique d’art Achille SEGARD ; 3 et 2 pages in-8 à son adresse 10 rue de Marignan (deuil). Au futur auteur de Mary Cassatt, un peintre des enfants et des mères (Ollendorff, 1913). 18 octobre [1911]. Elle le prie d’excuser son retard à lui répondre : « La vérité est que je suis en ce moment une pauvre femme malade, incapable de m’occuper de rien. Après un hiver passé en Egypt j’ai eu la grande douleur de perdre le dernier membre de ma famille à Paris au printemps dernier [son frère Gardner]. La chose a été trop pour moi et je ne commence que maintenant à sortir d’une dépression nerveuse qui m’a enlevé toute force »… Elle ne fait que passer à Paris pour voir un médecin, et remet à plus tard le plaisir de le voir. « Quant à ce que Monsieur Destrées vous a dit, il y a erreur je ne possède qu’un seul de mes tableaux, et je ne crois pas que ce soit parmi les meilleurs. Mess. DURAND-RUEL savent beaucoup mieux que moi où sont mes tableaux, aussi chez M. VOLLARD 6 rue Lafitte il y a des pastels »… Elle le charge de répondre au souvenir de CLEMENCEAU. « J’espère qu’il garde toujours sa grande vitalité et son bel énergie. Les hommes en Amérique s’en vont de si bon heur terrassé par la lutte à soixante ans. Combien on est plus sage ici »… Jeudi. Elle est rentrée mardi et aura plaisir à le voir, en début d’après-midi, « car je suis obligée de prendre l’air quand le temps est beau »… 1 200 - 1 500 40 CASSATT Mary (1844 - 1926). L.A.S., Mesnil-Breaufresne par Mesnil-Theribus (Oise) Samedi [automne 1911], au critique d’art Achille SEGARD ; 4 pages in-8 à son adresse (petit deuil). « J’étais à Paris cette semaine pour deux jours, mais je n’aurais pas eu la force de causer art, je suis en convalescence mais c’est long et je ne travaille pas encore. Je suis obligée de vous demander de venir ici puisque je ne puis retourner de suite à Paris ». Sa nièce, qui va repartir pour l’Amérique, doit venir la voir… « Mon auto est en réparation mais j’ai une petite voiture en location, je serai obligée de vous demander de venir jusqu’à Chaumont en Vexin. Je serais heureuse de vous dire de vive voix combien j’admire votre beau livre sur le SODOMA [Giov. Antonio Bazzi detto Sodoma et la fin de l’école de Sienne au XVIe siècle]. Je l’ai lue avec un grand plaisir. Quand au livre que vous me dédiez, il me semble que mon bagage artistique est bien léger. Il y a bien longtemps que je n’ai vue de mes tableaux, on me dit qu’il y a deux très anciennes choses au salon d’Automne de moi. Comment trouvez-vous ce procédée, d’exposer des tableaux d’un peintre sans lui en demander l’autorisation ? »… 1 000 - 1 500 41 CÉLINE Louis-Ferdinand (1894 - 1961). L.A.S. « Destouches », [Prison de Copenhague] Jeudi 1er août 1946, à son avocat danois Thorvald MIKKELSEN et à SA FEMME Lucette DESTOUCHES ; 2 pages in-4 au crayon sur papier rose à en-tête de la prison Københavns Fængsler, Vestre Foengsel. Belle lettre de prison, en grande partie à sa femme Lucette, publiée dans les Lettres de prison à Lucette Destouches et à Maître Mikkelsen (Gallimard, 1998, n° 103). « VOLTAIRE caractérise la France comme une nation “légère et dure”. Rien hélas n’est plus exact » ; il est vain d’attendre une amnistie : « Je n’attends rien de la magnanimité française ! ». Quant à CHARBONNIERE, « ce petit roquet foireux enragé représente ma pauvre Patrie »… À sa femme : il ne faut plus compter sur une libération prochaine, il en a pour des années : « L’impatience est le vinaigre des supplices ». Il est vain d’attendre de l’aide de BIDAULT, « un pauvre petit merdeux éclos dans la mascarade de la résistance où tout petit merdeux capable de dévaliser un bureau de tabac s’est pris pour un nouveau Clemenceau », de TEITGEN et autres nabots, « poux de catastrophe ». Il fait des recommandations pour l’hiver à Lucette, et pour le chat BÉBERT. Il regrette : « J’ai manqué de réflexe, de vivacité, d’instinct de conservation. […] Plus éveillé je filais en Espagne 1 an plus tôt et tout était dit. […] Ce sont les vieux sangliers qui tombent les premiers à la chasse ». 1 000 - 1 500 42 CÉLINE Louis-Ferdinand (1894 - 1961). L.A.S. « LFC », [Kørsør] Le 31 [décembre 1947], à son ami Georges GEOFFROY ; 3 pages in-fol., enveloppe. Il lui souhaite une bonne année, et l’encourage à venir le voir... « je te vois encore bien mélancolique avec ton Hélène ! Et foutre elle rigole bien, baise bien, bouffe bien. Elle te ménage pardi dans le cas où… Si tu es assez cave pour te laisser mettre au placard, en pot de confiture éventuel ! » Qu’il fasse comme Popol [Gen-Paul] qui « jouit seconde par seconde. Fais en autant bordel ! Demain quand [les] Chinois seront Place de la Concorde, ce n’est pas le souvenir d’Hélène qui te rattrapera le moment perdu ! […] quand on est condamné à mort on va tout de suite à l’essentiel on ne le quitte plus. 4 ans de misère infecte de supplice sans nom vous ôtent le goût des vains chichis. […] L’homme libre est celui qui a de l’argent en poche. Alors la vie, les filles, la liberté, l’amour, et nom de Dieu la jeunesse ! »... 800 - 1 000

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