45 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies • 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 100 IBERT Jacques (1890 - 1962). MANUSCRIT MUSICAL autographe signé, Le Chevalier errant (1936) ; titre et 239 pages in-fol. montés sur onglets, en un volume relié toile noire à coins. Importante musique d’un ballet sur Don Quichotte, composé pour Ida Rubinstein et monté par Serge Lifar. Jacques Ibert confiait : « le personnage de Don Quichotte m’a toujours poursuivi, à moins que ce ne soit moi qui l’ai recherché. Mais il ne faut pas en conclure que j’aime me battre contre les moulins ou faire figure de redresseur de torts. Don Quichotte représente pour moi un homme à la poursuite d’un idéal qu’il ne rencontre jamais. Peut-être y a-t-il là une mystérieuse et secrète correspondance avec mon propre tempérament ». Ibert composa successivement en effet en 1932 pour Chaliapine les chansons du film Don Quichotte de Georg Wilhelm Pabst ; en 1935 - 1936 le « choréodrame » Le Chevalier errant ; et en 1947 la musique de Don Quichotte de la Manche, une évocation radiophonique de William Aguet. C’est à la demande de la danseuse Ida RUBINSTEIN, qui en sera la dédicataire, que Jacques Ibert a écrit Le Chevalier errant, « épopée chorégraphique en 4 tableaux d’après Cervantès », sur un scénario d’Élisabeth de Gramont et des textes d’Alexandre Arnoux. Un contrat fut signé en décembre 1937 par Ida Rubinstein avec le directeur de l’Opéra de Paris, Jacques Rouché, pour une série de représentations où elle devait monter et danser ce « choréodrame » ; mais ce projet n’aboutit pas. C’est Serge LIFAR qui monta enfin le ballet à l’Opéra de Paris le 26 avril 1950, dans des décors de Pedro Florès ; Serge Lifar, en Don Quichotte, était entouré par les meilleures étoiles de l’Opéra : Lycette Darsonval, Christiane Vaussard, Micheline Bardin. La musique était dirigée par Louis Fourestier. La partition avait paru l’année précédente aux éditions Alphonse Leduc (cachets de l’éditeur). Jacques Ibert en tirera une suite symphonique. Le Prologue s’ouvre deux ans après la mort de Don Quichotte : sa nièce Antonia et Carrasco s’interrogent sur l’homme, qui va être évoqué au fil des tableaux ; les récitants et les chœurs, assis en gradins sur un des côtés de la scène, commentent le récit chorégraphique ; le « chevalier errant » apparaîtra comme un homme de foi, une âme pure, un chevalier de l’Absolu. Le manuscrit est à l’encre noire sur papier à 32 lignes, avec des corrections, grattages et collettes ; il a servi de conducteur pour les représentations, et est annoté au crayon noir ou rouge. Il est signé et daté en fin « ParisHoulgate 1935/36 ». Il porte en tête la nomenclature des instruments : 3 flûtes (dont petite flûte), 2 hautbois, cor anglais, 2 clarinettes, clarinette basse, saxo alto, 3 bassons, contrebasson, 6 cors, 4 trompettes, 3 trombones, tuba, 4 timbales, batterie (tam-tam, cymbales, tambour de basque, caisse claire, wood block, triangle, grosse caisse, tom-tom, glockenspiel, tambourin, cloches), xylophone, célesta, 4 guitares, 2 harpes, quintette à cordes. Il est ainsi découpé : 1. Prélude (p. I-IV), Moderato molto ; 2. Les Moulins (p. 1-33), Larghetto avec chœurs « Toutes les fois que l’homme fabrique un outil »… ; Apparition de Dulcinée (p. 1-12), Andante grazioso ; 3. Les Galères (p. 34-90) ; 4. L’Âge d’Or (p. 91-137) ; 5. Les Comédiens (138 - 178), Animato assai ; Enchaînement du IIIe au IVe tableau (14 p., la p. 14 est intitulée Entrée des Géants ; plus une page par copiste) ; puis pages 179 - 209. Discographie : Georges Tzipine, Chœurs et Orchestre National de l’ORTF, 1955 (L’Empreinte digitale 2000). 6 000 - 8 000 101 JAMMES Francis (1868 - 1938). L.A.S. « Francis Jammes », Orthez mai 1901, à Téodor de WYZEWA ; 3 pages in-fol. (petites fentes réparées). Longue et belle lettre. Jammes remercie d’abord Wyzewa pour sa lettre , qui lui a donné « la plus pure sensation de gloire ». Il lui écrit « devant la chaude prairie, dans une mansarde où je m’isole au-dessus de la chambre que ma mère occupe. Ma vieille chienne est là, harassée. Ma pipe est allumée. J’écoute mon cœur pour vous écrire». Il évoque «ce mystère de l’inspiration », et ses œuvres qui plaisent tant à Mme de Wyzewa, à qui il enverra l’épruve d’Almaïde d’Entremont, refusée par la Revue de Paris… 400 - 500
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