AGUTTES NEUILLY. LETTRES & MANUSCRITS

55 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies • 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) Peut-on supposer qu’entre sa visite et l’arrivée chez les brocanteurs de Paris, un tri aurait été fait par certaines personnes de la bibliothèque ? Pierre Gasnault explique que ces feuillets avaient été donnés par le libraire Techener vers 1830 a Amans-Alexis Monteil (1769 - 1850) pour le remercier d’une expertise sur des manuscrits, et il aurait vendu le reste au célèbre collectionneur anglais Phillipps. Le feuillet manuscrit qui accompagne notre fragment, comme ceux qui accompagnaient les autres vu par Pierre Gasnault en 1967, est de la main du fils de Monteil (« Deux nouveaux feuillets », pp. 308-09). Un recueil de fragments réunis dans un volume apparait dans la vente de 1833 de Monteil et le présent feuillet était sans doute parmi eux (une foliotation tardive 3a pourrait correspondre à ce recueil). Vendu chez Sotheby’s Londres le 29 juin 1989, lot 26 (l’autre feuillet réapparaitra ultérieurement [Fogg, cat.16, 1995, n° 14]), Schøyen MS 570. Le papyrus copte L’envers du parchemin, qui porte du papyrus contrecollé, a attiré l’attention du cardinal Giovanni Mercati (1866 - 1957), érudit bibliothécaire du Vatican. Il a travaillé sur le texte d’après les transcriptions de Montfaucon quelque deux siècles plus tard, ne sachant pas que l’original avait survécu. Il a identifié les mots en onciale copte du VIe/VIIe siècle, comme faisant partie d’un poème grec sur la vie de Saint Joseph par le théologien syriaque, Ephraïm le Syrien (c. 306 - 373). Ce papyrus est à ce jour le témoin le plus ancien de ce poème. La question de la présence de ce manuscrit grec au sein des murs de l’abbaye tourangelle dès le début du haut moyen-âge peut se poser, car la maîtrise du grec était alors une compétence très rare. L’historien Max Ludwig W. Laistner observe qu’au VIIIe et IXe siècle, les personnes pouvant encore le lire se comptaient sur les doigts d’une main (Thought & Letters in Western Europe, 1931, p. 238). L’autre hypothèse probable serait un usage des papyrus non comme témoin textuel mais comme matière première. Les auteurs anciens furent probablement victime du manque d’intérêt pour la culture antique dans l’empire devenu chrétien. Grégoire de Tours raconte que le commerce des papyrus en Europe au VIe siècle résistait encore face à l’arrivée du parchemin, et il fut même utilisé pour les bulles pontificales jusqu’au XIe siècle. Le spécialiste des manuscrits du Haut Moyen Âge, E.A. Lowe, répertorie seulement une poignée de manuscrits sur papyrus pour la période (Codices Latini Antiquiores). Notre fragment d’origine égyptienne est d’autant plus précieux que la destruction de la bibliothèque d’Alexandrie par les troupes arabes était survenue quelques décennies plus tôt, vers 640. Bibliographie : P. Gasnault, « Deux nouveaux feuillets de la comptabilité domaniale de l’abbaye Saint-Martin de Tours à l’époque mérovingienne », Journal des savants 1995, pp. 307-21 ; S. Sati « The Merovingian Accounting Documents of Tours: form and function », Early Medieval Europe, 9 (2000), pp. 143-61. 128 MARIE LESZCZINSKA(1703 - 1768) Reine de France, femme de Louis XV. L.A., Versailles 22 août 1745, à son gendre l’Infant Dom PHILIPPE, duc de PARME ; 1 page in-4, adresse « A mon frere, cousin et gendre, l’Infant Dom Phillippe », cachets de cire rouge à ses armes sur soies roses. Belle lettre familiale, après le mariage (23 février 1745) du Dauphin Louis de France avec Marie-Thérèse d’Espagne, fille de Philippe V et sœur de l’Infant Philippe, duc de Parme, qui avait épousé en 1739 la fille aînée de Louis XV, Louise-Élisabeth-Marie. Elle a eu plaisir à recevoir sa lettre, car elle était fâchée de son silence : « J’avois chargé vostre sœur de vous en gronder. Je luy scait tres bon gré de s’en etre acquitée. Il est juste que je vous instruise de mes sentimens pour elle, je l’aime de tout mon cœur, je desire qu’elle soit heureuse, je tacherois d’i contribuer toute ma vie. Il faut vous parler aussi du principal personage sur ce qui la regarde qui est mon fils cela me paroit tenir plus de l’amour que de l’amitié, et j’en suis enchanté. Dieu veuille que cela dure toujours. De meme je le desire, et l’espere »… 1 200 - 1 500 128 bis [MARIE-LOUISE]. – DU ROZOIR Charles. Éloge de Pie VI, avec l’Histoire religieuse de l’Europe sous son pontificat, accompagné de pièces officielles et de documents authentiques. Paris, Arthus Bertrand, 1825. In-8, demi-cuir de Russie rouge avec coins, chiffre couronné au centre, dos lisse orné (Reliure de l’époque). Édition originale, ornée d’un portrait lithographié de Pie VI. Histoire du pape PIE VI (1775 - 1799), martyr de la Révolution française, du Directoire et du Consulat. Après avoir assisté, impuissant, à l’entrée des troupes de Berthier dans Rome en février 1798 et à la proclamation de la République romaine, le souverain pontife fut contraint de renoncer à son pouvoir temporel et de quitter la Ville éternelle. Réfugié en Toscane, il fut capturé par l’armée française et déporté dans la prison de Valence où, après un interminable périple, il succomba d’épuisement. Un ouvrage éclairant sur l’affrontement que la République française puis Napoléon ont livré, au-delà de la personne de Pie VI, à la Papauté. Exemplaire provenant de la bibliothèque de Marie-Louise à Parme, relié au chiffre de l’ancienne impératrice des Français. Quelques rousseurs. Dos un peu noirci. Provenance : Calvin Bullock (ex-libris). 400 - 500

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