AGUTTES NEUILLY. LETTRES & MANUSCRITS

LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 56 129 MATISSE Henri (1869 - 1954). L.A.S. « H Matisse », 14 novembre 1946, à Mary HUTCHINSON ; 1 page in-8, enveloppe. Il lui envoie deux invitations : « Vous y verrez que la séance sera très intéressante. Je souhaite que vous puissiez remettre votre rendez-vous pour y assister »… On joint un télégramme de Matisse à la même (30.XII.1948), remerciements et vœux. 400 - 500 130 MAZARIN Jules, cardinal (1602 - 1661). L.A.S. « Giu. Mazarini », Rome 1er décembre 1636, au baron Giuseppe MATTHEI (à Civitavecchia) ; 3 pages in-4, dont le début par un secrétaire (petit trou par corrosion d’encre) ; en italien. Lettre du séjour romain de Mazarin, avant d’entrer au service de Richelieu. Le début de la lettre est écrit par un secrétaire ; puis Mazarin prend la plume pour écrire 17 lignes. Il remercie le baron de son extrême courtoisie, et de bien vouloir prendre soin du transport de ses biens et de deux chevaux, dont un gris que le cardinal BICHI souhaite présenter à Monseigneur GIORI. Il ne manquera pas de servir le baron si l’occasion se présente. Il promet de le rembourser des dépenses occasionnées. Dans le post-scriptum autographe, Mazarin renouvelle ses remerciements et annonce que les chevaux sont bien arrivés. Il a rendez-vous avec le Cardinal [Francesco] BARBERINI... On joint la fin d’une L.A.S. aux Surintendants (1 page oblong in-12), les priant de « faire payer de bonnes grace » une somme au cardinal Grimaldi. 1 500 - 2 000 131 MERMOZ Jean (1901 - 1936) aviateur. MANUSCRIT autographe, [fin 1934 ?] ; 16 pages in-4 au crayon, avec ratures et corrections (le début manque). Important exposé sur le développement de la ligne d’Amérique du Sud et la traversée de l’Atlantique pour le service postal et pour des passagers, avec un parallèle entre l’avion et l’hydravion, et le récit de ses traversées. Pour Mermoz, « l’avion et l’hydravion on chacun leur place dans l’avenir des traversées aériennes transatlantiques commerciales : L’avion au point de vue purement postal L’hydravion au point de vue purement passagers ». Il faut adopter l’avion (et écarter l’hydravion) pour le service postal, pour la vitesse d’abord, « base fondamentale des traversées transatlantiques postales régulières ».... « Le pilotage sans visibilité aux instruments représente un progrès considérable et ses possibilités certes sont immenses tout particulièrement dans la brume, les plafonds bas et même dans un grand nombre de systèmes orageux européens [...], mais il existe des temps dans lesquels je ne m’engagerai pas en pilotage sans visibilité et de nuit ». Quant aux perturbations météorologiques sur l’Atlantique Sud, elles peuvent être très dangereuses, sans compter « le fameux pot-au-noir », notamment lors de la mousson. « Pour ma part, j’ai eu l’occasion d’en rencontrer deux fois entre Natal et le rocher St Paul dans la zone de l’île Fernando de Noronha. La première fois de jour ce n’était pas une succession de grains relativement espacés comme ceux du pot-au-noir mais un véritable système cyclonique avec un front de tornade barrant la route d’Est en Ouest sur une distance inappréciable parce que trop étendue, aux nuages collés à l’eau avec par endroits quelques trombes marines suffisamment caractéristiques par leur forme pour ne pas les reconnaître comme extrêmement dangereuses. La mer était démontée et semblait se soulever comme aspirée. Pour passer au-dessus, il aurait fallu au moins atteindre cinq mille mètres pour trouver le calme. Changeant de route et circulant pendant vingt bonnes minutes vers l’Est, en bordure de ce front sans fissures, j’ai fini par trouver une vague issue qui semblait plus claire et m’y suis engagé. En deux abattées successives, l’appareil engagé à fond est descendu jusqu’à l’eau. De justesse il s’est redressé sous l’effort désespéré des commandes. En même temps nous sommes entrés dans une véritable masse d’eau qui semblait s’écrouler. Pendant un quart d’heure, propulsés par les rafales de vent dans un véritable déluge, à quelques mètres d’une mer démontée, Dabry, Gimié, Collenot (et moi) avons trouvé les minutes longues… Puis peu à peu tout se calma dans une pluie très dense comme celle des queues de tornade. Gimié put passer le fatidique T.V.B. » Mermoz raconte une autre perturbation qui l’obligea, après plusieurs tentatives, à retourner se poser, non sans mal, à Natal. Il n’est pas sûr qu’il aurait réussi à s’en sortir par nuit noire et en pilotage sans visibilité. Il vaut donc mieux, pour ne pas courir au désastre à cause des importantes perturbations atmosphériques, porter l’effort sur les vols transatlantiques de jour. Avec une vitesse de croisière de 300 km à l’heure de croisière, « on ira de Port-Etienne à Porto-Praïa en 3 heures ; de Porto-Praïa à Noronha en 7 heures ; de Noronha à Natal en 1 heure 20 ; de Dakar à Noronha en 8 h 45 ; de Dakar à Natal en 10 h. Je pense que voilà la véritable sécurité. Il est préférable de passer 10 h sur l’eau et de jour que d’y rester vingt ou vingt-trois heures »... Mermoz expose alors le développement des infrastructures des terrains à Praïa, l’île Maio, à Noronha, à Recife : « La plus longue distance transatlantique sans escale ne sera plus que 2.150 km ». Il veut aussi développer les liaisons radio, notamment avec les bateaux, par un accord entre Air-France et les compagnies maritimes... 800 - 1 000

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