AGUTTES NEUILLY. LETTRES & MANUSCRITS

69 Lettres, manuscrits, autographes, livres & photographies • 10 octobre 2023 LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 162 PROUST Marcel (1871 - 1922). L.A.S. « Bunnnn », Mardi [23 mai 1911, à Reynaldo HAHN ; 4 pages in-8 Belle lettre à son ami, à propos du Martyre de Saint Sébastien dansé par Ida Rubinstein. [Proust a assisté le 21 mai à la répétition générale du Martyre de Saint Sébastien de Gabriele D’ANNUNZIO, musique de Claude DEBUSSY, dansé par Ida RUBINSTEIN.] « Petit Gunimels, Pardonnez-moi monstrueux égoïsme de vous avoir mêlé à mes stupides agitations, mon état de santé était mon excuse. Et hélas, en revoyant votre lettre j’ai vu la nouvelle de cette mort [Leni Falk, née Seligman, nièce de Reynaldo Hahn, morte le 22 mai], faisant évanouir toute cette stérile agitation auprès des chagrins réels, de la vie terrible qu’on oublie trop. Depuis quelques jours je ne cessais de penser à votre pauvre petit neveu [Édouard Seligman, frère de Leni, mort en 1907] le sourd muet, à qui je pense souvent, dont je rêve souvent, un des seuls êtres pour qui je ne puisse pas croire que l’existence est finie et qu’il n’a pas ailleurs une compensation à son incomplète vie. […] Cher Buncht, mêlé sans interruption à toute ma vie (je vous avais écrit plusieurs lettres hier). Tout ce qu’il y a d’étranger chez Annunzio s’est réfugié dans l’accent de Me Rubinstein. Mais pour le style, comment croire que c’est d’un étranger. Combien de Français écrivent avec cette précision. Comme je finis toujours par venir à vos opinions j’ai trouvé les jambes de Me Rubinstein (qui ressemble moitié à Clomenil [la courtisane Léonie de Clomesnil], moitié à Maurice de Rothschild) sublimes. Cela a été pour moi, tout. Mais j’ai trouvé la pièce bien ennuyeuse malgré des moments, et la musique agréable mais bien mince, bien insuffisante, bien écrasée par le sujet, la réclame et l’orchestre bien immense pour ces q.q. pets. Dans le temple du 3e acte, j’étais persuadé que c’était la marche des Petits Joyeux [chanson d’Aristide Bruant] qu’on jouait. Mais tout à la fin, sous le soleil aux rayons raides, après la mort de St Sébastien, il y a un bel instrument joyeux »… Et il ajoute : « C’est un four noir pour le poète et le musicien. On n’est même pas venu dire les noms ». Correspondance, t. X, n° 139, p. 288. 6 000 - 8000 163 QUENEAU Raymond (1903 - 1976). MANUSCRIT autographe et TAPUSCRIT corrigé, Les Temps mêlés, [1939 - 1941] ; 188 pages la plupart in-4 ou petit in-4, et 133 pages in-4. Ensemble des notes et manuscrits préparatoires et du tapuscrit corrigé de ce septième roman de Queneau, suite de Gueule de pierre. Dès août 1938, Queneau songe à écrire une suite à son roman Gueule de pierre (1934), d’abord sous forme d’un poème en 24 chants, auquel il va travailler jusqu’en octobre 1938 à Coye-la-Forêt (Oise). Il se remet au travail en juin-juillet 1939, mais la guerre va l’interrompre ; il reprendra la rédaction du livre en janvier 1941, pour l’achever le 3 juillet. Les Temps mêlés paraîtra chez Gallimard en novembre 1941, avec le sous-titre (Gueule de pierre, II). Les deux romans seront intégrés avec une suite dans Saint Glinglin en 1948, Les Temps mêlés étant fortement remanié. Pierre Kougard est devenu maire de la Ville Natale ; devant la mairie, se dresse le corps pétrifié de son père. Lors des fêtes de la Saint-Glinglin, des touristes débarquent, dont la vedette de cinéma Cécile Haye, dont Paul (frère de Pierre) va tomber amoureux. Pierre veut introduire des réformes, et il arrête le chasse-nuages de l’inventeur Timothée Worwass, qui maintenait un ciel pur sur la ville. La pluie diluvienne provoque la dissolution et l’effondrement de la statue. La population mécontente chasse Pierre, et son frère Paul lui succède. Le roman est divisé en trois parties : la première est une série de poèmes évoquant divers habitants de la Ville Natale ; la seconde, un monologue de Paul ; la troisième, une pièce en cinq actes ou tableaux. Le manuscrit se compose de : A. Première partie (en vers) : feuillets détachés (papier ligné ou à grands carreaux) dans 2 cahiers d’écolier (22 x 17 cm) des Comptoirs français ; le 1er à couverture verte, portant la mention « GDP II (pas net) » (28 pages) ; le 2e à couverture rose, portant la mention « GDP II (net) » (23 pages) à l’encre noire, plus 5 feuillets in-4 et un dactylographié. B. Deuxième et troisième parties (prose et théâtre). 14 pages in-4 dactylographiées et corrigées, suivies de 62 pages autographes à l’encre noire. C. Un ensemble de 36 pages in-4 à l’encre noire, version primitive de la troisième partie rédigée en style romanesque. D. « Dialogue de Jean et d’Hélène », 9 pages in-4 sur papier vert accompagnées de 15 feuillets dactylographiés. E. Ensemble de notes, plans, ébauches diverses : 9 pages in-4 à l’encre noire et au crayon sur papier gris, et 16 pages de formats divers (in-8 ou in-12). F. 6 feuillets dactylographiés paginés 1-6 (texte sur les « médians »). G. Tapuscrit complet (133 ff. in-4), ayant servi pour la composition de l’édition. Il semble avoir été rédigé directement à la machine par Queneau lui-même, à partir des diverses ébauches manuscrites. Il présente des ratures et de nombreuses corrections, avec des passages biffés. Il est daté en fin (l’indication a été rayée pour la typographie) : « Neuilly, le 3 juillet 1941 ; midi 25 (à ma montre, avance un peu) ». H. Tapuscrit des poèmes La Vieille et Le Fantôme (4 ff. in-4), et placard d’épreuve de la revue Mesures (non publiés, la revue ayant disparu après avril 1940). 4 000 - 5 000

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