LOT DESCRIPTIF ESTIMATION (€) 70 Le dossier des notes et plans est fort intéressant. On y trouve notamment une chronologie, un tableau des personnages, des indications topographiques, etc. Les notes préparatoires montrent aussi les hésitations du romancier lors de l’élaboration de son livre. Ainsi : « Paul convaincu d’inceste. Démissionnera-t-il ou se démariera-t-il ? Hésitations » ; et Queneau ajoute, non sans ironie : « Cornélien. Racinien. Eschylien (au moins) ». On trouve aussi sur ces feuillets des jeux sur le langage comme cette variation à partir du mot insecte : « In-Secte. Insectualité. In-sexualité. Intellectualité. In-Secte : celui qui n’appartient à aucune secte. In-Sexue : pas de sexualité. In-Texte : ni de texte écrit (intellectualité). Un Tel est que tu as lité ». Des douze poèmes de la première partie, onze sont présents dans les cahiers, et dans des versions offrant de très nombreuses et importantes variantes. Le premier poème, Le Veilleur, dont on a dans les notes un plan-graphique, figure ici dans une version primitive intitulée Les Douze Quilles de la nuit, très différente : « Le tans a renversé les douz quilles de la nui Plus une mintenan ; que le zéro demeure Dans les orères des chemins de fer Jusqu’à la correspondance avec le nombre pi »… La seconde partie est intitulée L’étoile du nord. Queneau a commencé à taper son texte directement à la machine (sur les 14 premiers feuillets) ; ce qui deviendra un monologue est alors une « Lettre de Paul Kougard à la belle dame ». Les 14 feuillets dactylographiés sont corrigés à l’encre ; puis Queneau va poursuivre à la main à partir de la page 15. La troisième partie se présente sous la forme de cinq actes ou tableaux (il manque dans ce manuscrit une partie du 4e et le 5e), dont on a une version primitive en manuscrit sous le titre « Dialogue de Jean et d’Hélène ». Mais Queneau avait d’abord songé à l’écrire sous forme romanesque. Le manuscrit offre ainsi la version primitive du « VIe livre » sous le titre : « Les Touristes » : « Harmonieuse comme un cigare et luisante comme un scarabée, l’auto s’avançait à travers des régions pierrouteuses et cailleuses, plus desséchées que les feuilles de tabac d’un cigare et sans plus de chair qu’un insecte. Les petites collines se succédaient, petits moutons ; et les routes en serpentin se développaient sur les pentes de leurs contours. Et Madame Decrumel s’endormit, avec distinction. Le chauffeur faisait rouler sa voiture avec grâce »… Un autre fragment décrit une excursion à la Source Pétrifiante, un troisième l’arrivée en train dans la Ville Natale d’Édouard Dussouchel. Au bas d’une des pages de ces feuillets écartés, on lit cette poignante confession : « Au fond je croyais que quand j’aurais une “situation” je serais heureux. Il n’en est rien. Impuissance et difficulté d’écrire » (Queneau avait été embauché aux éditions Gallimard en 1938). Romans, I, (Œuvres complètes, II), Bibliothèque de la Pléiade, tome II, Gallimard, 2002 (pour Les Temps mêlés, éd. de Jean-Philippe Coen : p. 997 - 1092, 1409 - 1429, 1670 - 1699, 1744 - 1745).
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