116 117 78. [DUCHESSE DE BERRY – COMTE DE CHAMBORD]. RECUEIL de souvenirs autographes, signés ou non, de LL. AA. RR. Madame [la] Duchesse de Berry, Monseigneur le Duc de Bordeaux et Mademoiselle [d’Artois], sa sœur, l’ensemble réuni par le professeur d’histoire de la duchesse, Henri Colart. 1833, un volume grand in-4°, veau vert estampé à froid sur les plats d’une grande plaque à large encadrement de grecques ellemême sertie d’une roulette de palmettes poussée à froid et d’un filet doré, dos lisse à motif losangé estampé à froid, roulette intérieure dorée, tranches naturelles (reliure de l’époque). 2 000 / 3 000 € L’album se compose de 19 feuillets de papier vélin fort blanc, répartis en trois sections, chacune dédiée à l’un des trois élèves royaux de Colart. Sur les feuillets sont montées, au total, 9 pièces autographes (textes ou dessins), signées ou non, de la duchesse de Berry (1 pièce sur 3 ff.), du duc de Bordeaux (3 pièces en 4 ff.) et de Louise d’Artois (5 pièces en 4 ff.). Chaque section s’ouvre par un feuillet sur lequel est calligraphié un titre, lui-même encadré d’un rinceau feuillagé serti de plusieurs filets, le tout tracé aux encres noires et de couleurs très vraisemblablement par Henri Colart. [Description détaillée sur demande] Émouvant album-souvenir, formé par [Henri ?] Colart, « professeur d’histoire de la duchesse de Berry », réunissant divers manuscrits et dessins autographes. Il constitue un précieux témoignage de l’intérêt que Marie-Caroline de Berry (1798-1870), née de Bourbon-Siciles, petite-nièce de Marie-Antoinette par sa mère, portait à parfaire sa formation intellectuelle bien après ses années d’enfance – au moment du cours donné ici, en mars 1829, elle est âgée de 30 ans. Plus encore, il témoigne de la relation pédagogique créative et bienveillante que l’enseignant, dont on ne sait rien ou presque, sut nouer avec les enfants de la duchesse, Henri (1820-1883), duc de Bordeaux, et sa sœur Louise d’Artois (1819-1864), auxquels il prodigua également ses enseignements, et enfin de son attachement pour sa royale élève et sa famille. Outre qu’il est émouvant, ce document est remarquable en ce qu’il nous apprend tout d’abord que la duchesse de Berry, princesse étrangère devenue altesse royale française, veuve, susceptible de devenir mère de roi et pourquoi pas régente, suit avec, semble-t-il, beaucoup d’attention, un enseignement dont l’histoire est assurément l’un des pivots. L’importante bibliothèque qu’elle a réunie à grands frais dans son château de Rosny constitue un autre témoignage de son goût pour les matières intellectuelles. Nous sommes à la veille de l’insurrection royaliste de 1831-1832 que la princesse tentera de mener contre le gouvernement de Louis-Philippe, issu de la révolution de Juillet, auquel elle dénie toute légitimité. De fait, MarieCaroline entend assurer la régence au profit de son jeune fils, que la renonciation de son oncle, le duc d’Angoulême, fils aîné de Charles X, voue, selon elle, au trône de France. Veuve du duc de Berry, frère puîné du duc d’Angoulême, à peine quatre ans après leur mariage, Marie-Caroline estime, et de nombreux légitimistes avec elle, que son fils et elle-même incarnent l’espoir de la dynastique des Bourbons de France. Henri Dieudonné d’Artois, titré à sa naissance duc de Bordeaux – il sera plus tard connu sous le nom de comte de Chambord, mais que, pour l’heure, l’on nomme volontiers « l’Enfant du Miracle » –, est devenu in extremis, par sa naissance sept mois après l’assassinat de son père, la promesse de la dynastie. Il est dès lors l’objet particulier de toutes les attentions. Fils de France, l’éducation du duc de Bordeaux est d’abord placée, ainsi que celle de sa sœur, sous l’autorité de la gouvernante des Enfants de France, Joséphine de Gontaut (1773-1862), nommée à cette fonction, auprès des parents, dès la naissance de Louise. La gouvernante des Enfants de France peut être assistée dans sa tâche par un personnel relativement nombreux, de sous-gouvernantes, de femmes de chambre et de nourrices, et, bien sûr, d’enseignants. Parmi ceux-ci, le professeur d’histoire de Marie-Caroline, M. Colart, a naturellement sa place. Néanmoins, l’éducation du jeune prince sera rapidement confiée, ainsi que le veut la tradition, à un gouverneur militaire – en 1828, le baron de Damas (1785-1862) est nommé à ce poste par Charles X en remplacement du marquis de Rivière qui vient de mourir. Dans ses souvenirs, le baron, revenant sur sa prise de fonction, juge avec sévérité la direction générale qui était alors donnée à l’éducation du jeune garçon. Il n’épargne que deux des maîtres en place : le géologue Joachim Barrande (1799-1883), le seul dont les cours possédassent « quelque solidité » et M. Colart, à propos duquel il écrit : « Je multipliais les promenades, les exercices, et je me servais beaucoup de M. Colart, qui savait amuser les enfants en les intéressant. »
RkJQdWJsaXNoZXIy NjUxNw==