ARIANE ADELINE EXPERT MARDI 14 NOVEMBRE 2023 HÔTEL DROUOT - SALLE 7
Marie-Hélène CORRE Tél. : + 33 (0)1 40 06 06 08 mh.corre@auctionartparis.com CONTACT ÉTUDE Ariane Adeline Membre du SFEP et du SLAM 40, rue Gay-Lussac 75005, Paris Tél. : + 33 (0)6 42 10 90 17 livresanciensadeline@yahoo.fr EXPERT EXPOSITIONS PUBLIQUES Lundi 13 Novembre de 11h00 à 18h00 Mardi 14 Novembre de 11h00 à 12h00 3, place du Louvre ‑ 75001 Paris Tél. : +33 (0)1 40 06 06 08 SVV agrément N 2008‑650 www.AuctionArtParis.com ‑ contact@auctionartparis.com Rémy Le Fur, Grégoire Veyres commissaires‑priseurs habilités CATALOGUE ET VENTE SUR INTERNET www.AuctionArtParis.com MARDI 14 NOVEMBRE 2023 À 15H30 DROUOT RICHELIEU, SALLE 7 9, RUE DROUOT ‑ 75009 PARIS II - Collection d'un grand amateur MANUSCRITS RARES
5 4 88 HEURES DITES DE BUREAU (HEURES ANCIENNEMENT DITES « DE COMMYNES ») Livre d’heures (à l’usage de Paris) En latin et en français, manuscrit enluminé sur parchemin France, Bourges (et/ou Vallée de la Loire si l’on admet l’itinérance de Jean Colombe), vers 1468-1470 et 1470-1475 Avec 23 initiales historiées, 24 petites miniatures au calendrier, 374 enluminures marginales latérales et 37 grandes miniatures à pleine page (dont une à trois quarts de page). Enluminures attribuables à Jean Colombe (actif à Bourges, c. 1463-1493) et ses collaborateurs. 800 000 / 1 000 000 € Entre ciel et terre, les figures de ce superbe livre d’heures nous transportent. Entre deux manuscrits d’une grande importance, l’artiste Jean Colombe (actif c. 1463 et c. 1493) nous livre ses « Heures dites de Bureau » pour un commanditaire issu de la famille Bureau, ancienne famille de serviteurs royaux sous Charles VII et Louis XI, établie entre Champagne et Paris et ses environs. Nous disons « entre deux manuscrits » car les Heures Bureau sont un trait d’union entre un manuscrit peint par Jean Fouquet (vers 14601465) et achevé par Jean Colombe (vers 1465-1470) à savoir les importantes Heures dites d’Antoine Raguier (?) et de Jean Robertet (New York, Pierpont Morgan Library, MS M. 834) et un manuscrit peint par Jean Colombe avec la participation d’artistes fouquetiens à savoir les Heures de Louis de Laval, seigneur de Châtillon (Paris, BnF, Latin 920). Jean Colombe est dans cette seconde partie de la décennie 1460 encore en formation, inspiré dans sa jeunesse par les enlumineurs angevins mais désormais conquis par les compositions du grand peintre et enlumineur tourangeau Jean Fouquet. Les Heures Bureau (vers 1468-1470 pour la première campagne, puis vers 1470-1475 pour une seconde et troisième campagne d’enluminure) nous révèlent un artiste encore à ses débuts qui assimile et copie les compositions fouquetiennes vues dans les Heures Raguier (?)-Robertet, tout en se forgeant une personnalité propre qu’il mettra à profit peu de temps plus tard dans les Heures de Louis de Laval (vers 1470-1475 pour la première campagne d’enluminure). Ainsi à l’instar des Trois Marie contenues dans ce manuscrit, radieuses et scintillantes (fol. 205), nous pouvons évoquer à travers les Heures Bureau « Trois Jean ». Jean Fouquet qui inspire Jean Colombe : l’artiste berruyer propose dans ces Heures Bureau des copies fidèles et adaptations sensibles des compositions de l’artiste tourangeau, peut-être directement sous l’œil d’artistes fouquetiens. Jean Colombe, artiste certes berruyer mais aussi connu pour une certaine itinérance, qui répond à une commande ambitieuse et qui signe ici son premier chef d’œuvre. Et enfin, hypothèse à travailler, Jean Bureau fils, évêque de Béziers (1457-1490), fils de Germaine Hesselin, dame de Monglat et de Jean Bureau père, Grand Maître de l’Artillerie et Trésorier de France sous Charles VII, qui pourrait être le commanditaire de ce magnifique livre d’heures. Le manuscrit est clairement fait pour un prélat et renferme quelques indices prometteurs qui se dévoilent au fil des pages. Bien qu’à ses débuts, Jean Colombe entreprend avec ses collaborateurs une œuvre surprenante et la redécouverte des « Heures dites de Bureau » permettront une meilleure appréciation de l’œuvre de Jean Colombe entre Bourges et la Vallée de la Loire, quelques vingt ans avant l’achèvement par l’artiste berruyer du trésor que sont les Très Riches Heures du duc de Berry.
6 7 Le second, le Berrichon bourru et passionné, auquel il faut laisser, je crois, tout le mérite d’un Livre d’heures qui ne peut se comparer qu’au fameux volume peint pour Louis de Laval, et où se révèle pleinement l’une des personnalités les plus originales et les plus rigoureuses de la peinture française, à la veille de la Renaissance Jean Porcher, Préface du catalogue de la vente Loncle, 1960. DESCRIPTION MATÉRIELLE XII ff. + 220 ff. [en tout 232 ff.], précédé d’un feuillet de garde de parchemin, manuscrit complet bien que le premier feuillet provenant d’un cahier finalement non retenu dans le manuscrit semble avoir été rajouté au cahier iv, : (8 + 1), manuscrit peut-être en partie inachevé avec feuillets blancs réglés prévus pour accueillir des miniatures supplémentaires face à la Vierge à l’Enfant (fol. 20) et face à la prière Salve regina (fol. 184), ces feuillets blancs sont les suivants : ff. 18v-19v et ff. 183-183v [nota bene : aucun manque de texte à signaler]. Collation : i6, ii6, iii1 [singleton inséré], iv9 (8+1), v-xxix8, xxx4, xxxi6 (dernier feuillet de ce cahier est blanc réglé, contrecollé comme contre-garde inférieure), tous les feuillets avec miniatures présentent du texte au dos à l’exception d’une miniature peinte sur un parchemin plus épais (fol. 1) insérée après le calendrier. Écriture bâtarde fort régulière à l’encre brune, texte copié sur 16 lignes par page, réglure à l’encre rouge pâle (justification des feuillets du calendrier : 82/84 x 90 mm ; justification des feuillets de texte : 52 x 85 mm), calendrier avec initiales KL ornées à l’or liquide sur fond bleu ou rouge foncé et écriture à l’encre bleue et or, rubriques à l’encre rouge pâle ou bleue, nombreuses petites initiales (1 à 2 lignes de hauteur) à l’or liquide sur fond bleu ou rouge foncé, certaines ornées de motifs d’arabesques, de fleurs ou de feuillages, bout-de-lignes ornés à l’or liquide sur fond bleu ou rouge foncé, quelques bout-de-lignes et initiales peintes en couleur avec motifs floraux, petit oiseau ou fraises sur fond doré (fol. 28v) se démarquant de l’esthétique générale et qui rappellent un « vignetteur » de certaines œuvres fouquetiennes (voir par exemple l’initiale ornée du Boccace dont les enluminures sont attribuées au Maître du Boccace de Münich (vers 1460-1465), manuscrit conservé à Münich, BSB, cod. Gall. 6, fol. 200v ou encore certaines baguettes du même manuscrit ; des motifs semblables ont servi dans l’encadrement enluminé d’un manuscrit peint par Colombe, Vatican, BAV, ms Rossiano 198, fol. 30 (voir Guernelli, 2017, pl. 22)) ; avec quatre plus grandes initiales de 4 lignes de hauteur peintes en camaïeu d’or et bleu, d’une grande finesse et de style fouquetien, figurant des putti, des hybrides zoomorphes (ff. 11v, 13v, 15v, 17v), qui rappellent celles des Heures Raguier (?)-Robertet (New York, Pierpont Morgan Library, MS M 834). Avec 23 initiales historiées aux contours tracés à l’or liquide et peintes en couleur ou en camaïeu bleu ou camaïeu d’or (4 à 5 lignes de hauteur), 24 miniatures au calendrier, manuscrit enrichi d’une abondante série de miniatures peintes dans les marges latérales des pages de texte (en tout 374 miniatures marginales latérales, dont nous fournissons le relevé ci-dessous), 37 grandes miniatures (dont une est à trois quarts de page, fol. 216), pour certaines inscrites dans des encadrements architecturés dorés et dotés de niches avec statuettes, putti et décor architectural gothique, pour d’autres dans des encadrements simples imitant le bois ou au décor doré simple (ff. 1, 10v, 192v, 197 et 208v (bien que ce dernier encadrement simple soit peint en vert à l’imitation d’un décor marbré)). Reliure du XVIIe siècle de maroquin Lavallière (brun-clair), dos à cinq nerfs cloisonné et fleuronné (décor à froid), double encadrement de filets droits à froid avec quatre fleurons aux angles extérieurs de l’encadrement central, rosace au centre des plats au motif à l’éventail, composition centrale inscrite dans un encadrement composé de filets droits de forme losangée, traces d’un décor argenté à l’origine (?), traces de clous signalant des fermoirs d’origine (manquants), tranches dorées. Boite-étui de conservation articulée en maroquin rouge, doublée de velours. Sur la boite de conservation, une pièce de maroquin vers avec lettrage doré : « Heures miniaturées par Jehan Foucquet et ses élèves à l’occasion du mariage de Philippe de Commynes et d’Hélène de Jambes ». Manuscrit en superbe état, aux couleurs denses et éclatantes. Signalons les points suivants : manuscrit rogné un peu court au niveau des marges supérieures, affectant parfois les encadrements architecturés dorés (ff. 28, 62, 100, 133, 188, 189v, 205, 212, 213v, 215 (flèches d’un pinacle à peine rognées), 216) ; visage de la Vierge dans l’Annonciation peut-être retouché ou inachevé (?); premier feuillet un peu frotté ; quelques taches au parchemin ; quelques miniatures marginales latérales légerement frottées. Dimensions des feuillets : 176 x 124 mm. – Dimensions de la reliure : 180 x 130 mm. Manuscrit cité : Baer dans Burlington Magazine, 1914 (25), pp. 40-59 avec plusieurs reproductions en noir et blanc. – Schaefer, 1977, p. 148. – Avril et Reynaud, 1993, p. 326, p. 329. – Schaefer, 1994, p. 12, p. 204, p. 232, p. 234, p. 286, note 54. – Avril et al., Jean Fouquet, 2003, p. 129 (et fig. III.2), p. 253, p. 390, p. 407. – ; Avril in Les Enluminures du Louvre, 2011, cat. 96, p. 194. – Avril, 2015, pp. 7, 13, 39, note 41 et fig. 6. – Jacob, 2012, p. 29 et note 44. – Seidel, 2017, p. 39, fig. 20 ; p. 57, note 151 ; p. 117, note 344 et notice no. 77, p. 338. – Seidel, 2018, p. 101.
8 9 PROVENANCE ET EXPOSITIONS 1. Manuscrit copié pour l’usage liturgique de Paris (Heures de la Vierge et version de l’Office des morts). Toutefois le relevé des saints du calendrier, comportant plusieurs saints honorés à Meaux, en Ile de France et à Paris, indique que ce calendrier fut établi pour un commanditaire ayant visiblement des attaches meldoises et parisiennes. La famille Bureau (voir infra et commentaire à la suite) est effectivement une famille avec de solides attaches en Champagne, dans la Brie, en Ile-de-France et bien sûr à Paris. Le manuscrit a certainement été peint par le jeune Jean Colombe, en association avec d’autres collaborateurs, notamment pour les miniatures marginales latérales. En cette fin de décennie 1460, l’artiste est établi à Bourges. Dans les présentes Heures Bureau, le peintre apparait profondément influencé par l’art tourangeau, notamment Jean Fouquet qu’il imite, et dont il emprunte les modèles vus notamment dans des Heures Raguier / Robertet commencées par Fouquet et terminées par Colombe (New York, Pierpont Morgan Library, MS M. 834). On signalera la participation d’un peintre fouquetien dans au moins quatre miniatures (ff. 10v, 20, 194 et 208v), témoignant de la collaboration entre Colombe et certains suiveurs de Jean Fouquet. Le lieu exact d’enluminure n’est pas connu mais depuis 1463, les archives révèlent que Jean Colombe est bien établi comme enlumineur à Bourges lorsqu’il apparait dans un compte de receveur du chapitre Saint-Pierre-le-Puellier pour les années 1463-1464 : il partage alors une maison sise rue des Écrivains avec un écrivain de forme Clément Thibault. En 1467, on le trouve toujours domicilié à Bourges dans une « maison d’Avignon » (voir Ribault, 2001, p. 17). Toutefois, il est possible que l’artiste Colombe se soit déplacé en Vallée de Loire, rendant difficile une identification précise du lieu d’enluminure. Artiste itinérant à ses débuts mais aussi plus tard dans sa carrière quand il travaille pour le duc de Savoie, Jean Colombe est un artiste berruyer qui semble s’être déplacé au fil des commandes. 2. Armoiries de la famille Bureau, identification rétablie par François Avril (1993, p. 326 : « […] les prétendues Heures de Commynes, peintes en réalité, d’après leurs armoiries, pour un membre de la famille Bureau) de l’ancienne collection Loncle »), corrigeant une identification erronée (famille de Commynes). Les armoiries de la famille Bureau se blasonnent comme suit : D’azur, au chevron potencé et contre-potencé d’or, accompagné de trois pots (ou buires, ou burettes) d’or, placées 2 et 1. Anciennement, ce manuscrit avait été associé à la famille de Commynes, marquant l’alliance entre Philippe de Commynes (1447-1511) et Hélène de Jambes. Cette confusion est due à une mauvaise interprétation des écus présents dans le manuscrit. Les armoiries de la famille Commynes se blasonnent comme suit : De gueules au chevron d’or accompagné de trois coquilles d’argent. La confusion vient certainement du chevron et trois meubles mal identifiés. On trouve les armoiries Bureau figurées à trois reprises dans les encadrements architecturés ou décorés dans lesquels sont inscrits les grandes miniatures, à savoir aux feuillets suivants : f. 28, f. 100 et f. 212. La famille Bureau est une famille de hauts fonctionnaires royaux et d’officiers du pouvoir central, proches des milieux de la Cour. Pour une hypothèse quant au membre de la famille Bureau qui serait le commanditaire de ces Heures, voir ci-dessous (A la recherche du premier commanditaire des Heures Bureau). Nous proposons Jean Bureau fils (mort en 1490), conseiller du roi, archidiacre de Reims, puis évêque de Béziers de 1457 à 1490. Il était le fils de Germaine Hesselin (1410-1494), dite « Madame de Monglat », dame d’honneur de Marie d’Anjou et de Jean Bureau père (1390-1463), Grand Maître de l’Artillerie royale, Trésorier de France, anobli par le roi à Bourges en 1447 et commissionnaire lors du procès de Jacques Cœur. Par ailleurs, Jean Bureau était seigneur de Monglat (près de Rozay-en-Brie), La-Houssaye-en-Brie, Fontenay-en-France, Thieux, Marle et La Malmaison. Dans sa fratrie, Jean Bureau avait pour frères Pierre III Bureau, Trésorier de France, et Simon Bureau, Maître des Comptes, et pour sœurs Philippa Bureau (morte après 1506) qui épouse Nicolas de la Balue en 1467 (mort en 1506) et Isabeau Bureau (morte en 1521) qui épouse Geoffroy Cœur en 1463 (mort en 1488), fils de Jacques Cœur, Grand Argentier du roi. Il y a donc depuis au moins deux ou trois générations des relations entre la famille Bureau et la famille Cœur. Plusieurs ouvrages fournissent des éléments de généalogie pour la famille Bureau, mais on consultera tout particulièrement les pages consacrées aux familles Bureau et Hesselin dans R. Descimon, « Élites parisiennes entre XVe et XVIIe siècle : du bon usage du Cabinet des titres », in Bibliothèque de l’École des chartes, 1997 (tome 155), pp. 629-630. f. 212, Sainte Agathe lisant. Armoiries de la famille Bureau dans l'encadrement.
10 11 3. Inscription à l’encre brune au recto de la première garde : « Maria » (non identifiée). 4. William Bragge (1823-1884), ingénieur britannique et collectionneur d’art et important bibliophile. Une partie de sa collection, notamment ses manuscrits médiévaux furent exposés à Leeds en 1868 : National Exhibition of Works of Art at Leeds, 1868. Official Catalogue, no. 549 : « Officium B.M.V., of early date, with almanack and miniatures in gold and colours, in Latin and French ; in case ». Vignette de l’exposition contrecollée au bas du contreplat supérieur. Collection de William Bragge. Vente Sotheby’s, Wilkinson and Hodge, Catalogue of a Magnificent Collection of Manuscripts, formed by a Gentleman of Consummate Taste…, Londres, 7 juillet 1876, lot 486 : « Horae Beatae Mariae Virginis, cum Calendario. A Splendidly Illuminated Manuscript on 230 leaves of fine vellum by a French artist of the first excellence. French citron morocco ». Le catalogue Bragge identifie le commanditaire comme Philippe de Commines. 5. Alfred Henry Huth (1850-1910), issu d’une famille de banquiers, célèbre bibliophile britannique et l’un des fondateurs de la Bibliographical Society. Vente Sotheby’s, Londres, 2-9 juin 1913 : Catalogue of the Huth Collection of Printed Books and Illuminated Manuscripts. Third Portion, no. 3797 : « A splendidly illuminated manusctipt on vellum…This beautiful volume is supposed to have been executed for Philip de Comines (as his arms are found in the margin of one of the miniatures), and presented by him to some person of distinction, whose initials N, E., are found in several of the borders and miniatures. The large miniatures are thirty-seven in number, many of them represent subjects of very unusual occurrence ». 6. Joseph Baer and Co., marchands et libraires de Francfort, d’après une mention dans l’article suivant : Swarzenski et Baer, Burlington Magazine, 1914 (25), pp. 40-59. Dans cette publication, G. Swarzenski précise : « A richly illustrated manuscript belonging to Messrs. Joseph Baer and Co., the old-established booksellers in Frankfurt aM., has recently been brought to my notice… ». Suit le texte de Leo Baer dans lequel l’attribution de l’enluminure est toujours décrit comme de la main de Jean Fouquet : « It is of the highest artistic interest since some of the numerous illustrations which it contains are obviously in the style of Jean Fouquet and may be regarded as characteristic work by his hand...». 7. Graf Axel Albin Benno von Kalckreuth (1874-1933). Vignette ex-libris armoriée : « Bibliothek des Grafen Axel von Kalckreuth ». Le Comte von Kalckreuth est mort à Münich. 8. Exposition Paris, Bibliothèque nationale, 1955 : J. Porcher, Les manuscrits à peintures en France du XIIIe au XVIe siècle. Préface d’André Malraux. Paris, 1955, no. 327, pp. 154 - 155. La notice confirme qu’en 1955 le possesseur était bien Maurice Loncle (« A maître M. L. ») et propose une datation de 14801490, un peu plus tardive que celle que l’on préconise aujourd’hui. Le manuscrit est bien attribué à Jean Colombe mais le commanditaire est toujours identifié à Philippe de Commynes à l’occasion de son mariage avec Hélène de Jambes : « Ouvrage remarquable, contemporain des Heures de Louis de Laval (no. 326), avec lesquelles il présente d’étroits rapports, décoré par Jean Colombe et son atelier […] Un grand soin a été apporté, non seulement à la qualité des peintures dont certaines sont parmi les meilleures de l’artiste mais aussi à la composition de l’ensemble… ». 9. Collection Maurice Loncle (1879-1966), avocat et bibliophile, son estampille à l’encre avec chiffre ML apposée dans le coin supérieur gauche du verso de la première garde. Vente Ader - Picard - Tajan, Précieux manuscrits à peintures du XIIIe au XVIIe siècle, 17 juin 1960, lot 14. Si le commanditaire est toujours identifié comme étant Philippe de Commynes dans ce catalogue, le bibliographe a toutefois reconnu que les miniatures devaient être rendues à Jean Colombe plutôt que Jean Fouquet (ce que Porcher avait déjà suggéré en 1955). Toutefois, le bibliographe en 1960 relève l’influence importante de Fouquet : « Le portrait de Sainte-Catherine reproduit, planche VI de ce catalogue, n’est pas sans rapport, en effet, avec la Vierge d’Anvers, œuvre de Fouquet lui-même… ». Le catalogue Loncle donne comme ancien possesseur Dudley Maple Colman (1886-1957) de Hove (East Sussex) [Yale University Library Gazette le dit originaire de Norwich]. Nous n’avons pas trouvé trace de ce manuscrit dans les catalogues liés aux ventes Coleman et donc cela reste à vérifier. Certains manuscrits de grand prix de cette même collection furent acquis par l’Université Yale en 1955, voir Yale University Library Gazette, vol. 29, no. 3 (January 1955), pp. 99-112: « Eight Medieval Manuscripts ». On y apprend que Colman avait acheté plusieurs manuscrits de provenance Thomas Philipps. La préface de ce catalogue était signée Jean Porcher, qui dit à propos des présentes Heures : « Le second, le Berrichon bourru et passionné, auquel il faut laisser, je crois, tout le mérite d’un Livre d’heures qui ne peut se comparer qu’au fameux volume peint pour Louis de Laval, et où se révèle pleinement l’une des personnalités les plus originales et les plus rigoureuses de la peinture française, à la veille de la Renaissance ». 10. France, collection particulière.
13 12 Redécouverte des Heures Bureau, illustres et pourtant mal connues Jean Colombe à ses débuts : entre Bourges et la Vallée de la Loire ? Ce superbe manuscrit, dit « Heures Commynes », était connu des historiens de l’art et des amateurs de manuscrits richement enluminés. Tous le cherchaient un peu, mais seuls certains l’avaient vu, par exemple Jean Porcher en 1955 lorsque ce manuscrit faisait encore partie de la prestigieuse collection Loncle. C’est encore Jean Porcher qui identifie le talentueux Jean Colombe (actif 1463-1493) et ses collaborateurs comme le peintre de ces Heures, alors que par le passé elles avaient été attribuées au peintre et enlumineur majeur que fut Jean Fouquet (c. 1420-c. 1478/1481). Inclus dans la grande et prestigieuse exposition de 1955 organisée à la Bibliothèque nationale par Jean Porcher, ces Heures étaient exposées sous le numéro 327 non loin des célèbres Heures de Louis de Laval (numéro 326). Laudatif, Jean Porcher évoque les Heures de Louis de Laval et les « Heures Commynes » : « […] mais les Sibylles et certaines Vierges des Heures de Laval, qu’il a peintes évidemment seul, le portrait de Louis de Laval lui-même (no. 326) comptent parmi les œuvres maîtresses de la peinture médiévale française, et l’on peut en dire autant du livre qu’il a exécuté pour Philippe de Commines (no. 327) » (Porcher, Les manuscrits à peintures en France du XIIIe au XVIe siècle, Paris, 1955, p. 151). Plus tôt en 1914, Leo Baer était convaincu de l’origine fouquetienne de ces Heures et reconnaissait volontiers la main du maître tonrangeau dans certaines miniatures : Baer avait vu très justement qu’il y avait dans les Heures Commynes un lien avec l’art de Fouquet. C’est en 1993 que François Avril corrige l’attribution erronée des armoiries – anciennement identifiées comme celles de Philippe de Commynes – et les identifie comme étant celles de la famille Bureau, établie à Paris mais aussi en Champagne, dans la Brie et en Ile de France. Les Heures Commynes seront rebaptisées dans les travaux consacrés à l’art de l’enluminure « Heures Bureau ». Le manuscrit sera par la suite étudié d’après les seules photos et reproductions connues (Avril, Jacob, Seidel). Cette réapparition sur le marché de l’art permet enfin à cette œuvre importante d’être vue et appréciée de la communauté des chercheurs et des collectionneurs. Né à Bourges vers 1430, Jean Colombe fut un enlumineur actif entre circa 1463 et 1493. Il fut le frère aîné de Michel Colombe, important sculpteur. Il fonde à Bourges un atelier dynamique qui fournit des livres d’heures, des livres d’histoire et de chroniques et des livres de philosophie ou théologie à une clientèle diverse, en particulier de riches et puissants commis et serviteurs d’État en Berry (Jean Cœur puis Jacques II Cœur), en Touraine (Robertet, Chauvigny/Amboise) et en Champagne (les Molé, Le Peley et surtout Louis de Laval, gouverneur de Champagne, puis de Touraine), puis à des mécènes royaux et princiers tels Anne de France, Charlotte de Savoie, reine de France et Charles Ier de Savoie. On rappellera que c’est à la demande de Charles Ier de Savoie, qui le promeut enlumineur officiel en 1486, que Jean Colombe acheva deux importants manuscrits à savoir les Très Riches Heures de Jean de Berry (Chantilly, Musée Condé, MS 65) et une Apocalypse (Madrid, Bibliothèque de l’Escorial, E. Vit. 5). Plusieurs historiens de l’art se sont intéressés aux « débuts » du peintre-enlumineur Jean Colombe. Des recherches effectuées en archives par J.-Y. Ribault (commencées dès les années 1970 et publiées le plus récemment en 2001) ont donné pour les membres de la famille Colombe des lieux de vie et quelques balises chronologiques. Paul Durrieu puis Claude Schaefer se sont attachés à mieux cerner les débuts de l’artiste dans des études pionnières, suivies des recherches de Nicole Reynaud et François Avril dans les années 1990. Plus récemment, des synthèses et études plus poussées ont été menées par des historiens de l’art tels Marie Jacob, Christine Seidel et Samuel Gras, ainsi que les travaux de Marie Mazzone et Katja Airaksinen-Monier sur l’enluminure berruyère. Un petit groupe de quelques manuscrits peuvent être rassemblés autour de ces premières années de production « colombienne » que Christine Seidel verrait bien commencer sans doute un peu plus tôt que la date admise de circa 1463 (elle évoque une date de circa 1460 comme début d’activité). A la suite de Schaefer, C. Seidel rassemble un petit groupe de manuscrits liés aux débuts de Jean Colombe (peints à Bourges ou en itinérance ?) : Missel-Pontifical de Jean Cœur (New York, Pierpont Morgan Library, MS G. 49) ; Heures à l’usage de Bourges, témoin de l’influence de la peinture angevine sur Colombe (Vienne, Kunsthistorisches Museum, KHM 14642) ; Heures de Catherine de Chauvigny, enluminé avant 1464 date de son mariage avec Charles d’Amboise (Oxford, Bodleian Library, ms. lat. liturg. f. 6) (voir Seidel, 2018 : « Les Heures Chauvigny précèdent ce premier contact avec l’art de Jean Fouquet » (p. 106)) ; enfin un manuscrit daté 1464, le Bréviaire de Pierre Milet, signalé par François Avril (Berlin, Staatsbibliothek, ms. theol. Lat. qu. 6 ; voir Seidel, 2018, p. 107). f. 208v, Sainte Catherine tenant un livre ouvert.
14 On s’accorde généralement maintenant à dire qu’il existe une production du peintre Jean Colombe avant sa rencontre décisive avec l’art de Jean Fouquet, sous l’influence d’Angers et de Barthélémy Van Eyck (Avril et Reynaud, 1993, p. 326 ; Avril et al., 2003, p. 390). Toutefois, les Heures Bureau ont certainement été commencées après la rencontre avec la peinture de Fouquet et l’esthétique tourangelle, puisque Colombe reprend quasi littéralement dans les Heures Bureau les compositions fouquetiennes des Heures dites d’Antoine Raguier (?) et de Jean Robertet (New York, Pierpont Morgan Library, MS M. 834, réalisées en deux campagnes d’enluminure, pour Antoine Raguier (hypothèse de C. Schaefer), trésorier des guerres de Charles VII par Jean Fouquet puis achevées pour Jean Robertet, qui est au service des ducs de Bourbon, puis du roi Louis XI). Nous savons que Colombe est responsable de la deuxième campagne d’enluminure des Heures Raguier (?)-Robertet, commencées à Tours par Jean Fouquet vers 1460-1465 et terminées par Colombe à Bourges vers 1465-1470 (ou sur place à Angers ou Tours ? Rappelons que dans le catalogue Les Enluminures du Louvre, Jean Colombe est donné comme « Enlumineur itinérant établi à Bourges » (p. 192) ; Avril et al., 2003, cat. 28). En ce qui concerne la première campagne d’enluminure (datable circa 1468-1470 ?), les Heures Bureau sont certainement un peu antérieures aux célèbres Heures de Louis de Laval (Paris, BnF, latin 920) peintes pour Louis de Laval, seigneur de Châtillon. Puis lors d’une seconde campagne d’enluminure (circa 1470-1475 ?), les Heures Bureau apparaissent quasi contemporaines des Heures de Louis de Laval dans leur première version, avant les rajouts des années 1480. Réalisées pour des familles puissantes et cultivées, les Heures Bureau et les Heures de Louis de Laval (ces dernières dans leur premier état, avant la seconde campagne d’enluminure), partagent de nombreuses compositions et choix de mise en page. Parmi les œuvres à replacer dans la première partie de la production de Jean Colombe, les Heures Bureau sont intéressantes car elles témoignent des relations complexes entre le miniaturiste berruyer, Jean Fouquet et ses suiveurs ou collaborateurs. Il est possible que certaines des enluminures des Heures Bureau aient été le fruit d’une collaboration avec un artiste fouquetien : nous pensons à la Vierge à l’Enfant (fol. 20) et notamment le traitement fouquetien de l’Enfant ; à la tête de saint Claude bénissant, coiffé de sa mitre d’évêque (fol. 194) et à la superbe sainte Catherine tenant un livre ouvert aux accents clairement fouquetiens (fol. 208v). Ce recours à un artiste « faiseur de têtes » fouquetien, pour reprendre le terme de François Avril, se remarque aussi dans les Heures de Louis de Laval peintes très peu de temps après les Heures Bureau (voir Avril et al., 2003, cat. 52 et p. 390). Les trente-sept miniatures que comptent des Heures Bureau sont dans un état de conservation remarquable : elles ont conservé leurs couleurs éclatantes et la brillance de l’or généreusement apposé. De plus, ce cycle de grandes peintures est complété de 374 peintures marginales latérales, des initiales historiées d’inspiration fouquetienne en camaïeu bleu et d’or et un calendrier où miniatures enluminées alternent avec miniatures en camïeu d’or. On rappellera qu’un autre manuscrit colombien, plus tardif (vers 1475-1480), passé récemment sur le marché, les Heures de Guyot Le Peley fut acquis par la Médiathèque de Troyes en 2005 : il comportait quatorze grandes miniatures. Plus de recherches et comparaisons s’imposent, mais on distingue a priori plusieurs étapes dans l’élaboration de ce manuscrit. Pendant l’achèvement des Heures Raguier (?)-Robertet, Jean Colombe est pétri de nouvelles références fouquetiennes qu’il met à contribution dans les Heures Bureau. Mais dans ce même manuscrit on verra Jean Colombe élaborer aussi des compositions toutes « colombiennes » qui seront reprises dans plusieurs manuscrits des années 1470 et 1480 au fur et à mesure que l’artiste prend de l’assurance auprès de commanditaires de plus en plus prestigieux. Une première campagne d’enluminure reprend des modèles de Fouquet, parfois presqu’à la lettre, avec des paysages soignés, aux ciels clairs et aux architectures détaillées, datables vers 1468-1470, sans doute de manière concomitante avec l’achèvement par Colombe des Heures Raguier (?)-Robertet (vers 1465-1470). Ces quatorze miniatures sont : les quatre évangélistes (ff. 11, 13, 15, 17), l’Annonciation (f. 28), la Visitation (f. 50, bien qu’elle n’ait pas de composition équivalente dans les Heures Raguier (?)-Robertet), la Nativité (f. 62) et peut-être aussi le David et Goliath avec une scène de décapitation particulièrement sanguinaire (f. 100) et la Rencontre des trois morts et des trois vifs (f. 133) ; parmi les Suffrages, le martyre de sainte Catherine (f. 185), l’Arrestation de saint Jean-Baptiste sur ordre d’Hérode (f. 186v), le saint Michel archange terrassant le dragon avec en arrière-plan le Mont St-Michel (f. 188), les Apôtres saints Pierre et Paul et la Chute de Simon le Magicien (f. 189v) et peut-être Marie-Madeleine lisant avec en arrièreplan le sanctuaire de la Sainte-Baume en Provence (f. 207). f. 188, Saint Michel terrassant le dragon ; en arrière-plan, le Mont St-Michel. 15
16 17 Un second groupe d’enluminures se détache, avec des paysages parfois encore très fouquetiens mais où le style de Colombe s’impose et les encadrements architecturés sont de plus en plus élaborés, datables vers 1470 et peu après, réalisés de manière quasi concomitante avec la première campagne des Heures de Louis de Laval (?). De plus amples recherches permettra peut-être de distinguer aussi dans certaines miniature de cette série la participation d’un peintre fouquetien en collaboration avec Jean Colombe. Il s’agit de dix-sept miniatures : la Déploration du Christ devant la Croix (ou Lamentation) (f. 2), l’Annonce aux bergers (f. 69), la Présentation au Temple (f. 74), l’Adoration des mages (f. 79), la Fuite en Egypte (f. 84), le Couronnement de la Vierge (f. 94), Jésus au jardin des oliviers (f. 119), la Pentecôte (f. 127), la Tentation de saint Antoine (f. 202), sainte Anne et la Vierge (f. 203v), les Trois Marie (Trois sœurs : Marie mère de Jésus, Marie de Cléophas, Marie-Madeleine) (f. 205), sainte Agathe lisant (f. 212), le Martyre de sainte Apolline (f. 213v) et sainte Marguerite issant du dragon (f. 215). On rajoute à cette liste de miniatures aux riches encadrements dorés/cuivrés le saint Claude bénissant (f. 194) même s’il nous semble que la tête a pu être peinte par un artiste fouquetien intervenant ponctuellement dans une miniature par ailleurs de facture colombienne. De même dans cette seconde campagne, il faut inclure, nous semble-t-il, le Salvator Mundi bénissant qui imite des modèles fouquetiens mais qui reste de facture plus modeste, peut-être par un autre peintre ou par un collaborateur de Colombe (f. 4v). Enfin, sans doute relevant de cette seconde campagne à plus proprement parler « colombienne », on classe aussi la Scène de mariage devant le parvis d’une Eglise (f. 216), au vu des architectures gothiques, des colonnades et statuettes dans les niches même si celle-ci évoque par certains côtés une esthétique angevine. Une troisième série correspond aux six enluminures inscrites dans des encadrements simples composés de baguettes dorées imitant des cadres en bois, réalisées sans doute un peu plus tard (vers 1475 ?): Jugement dernier (f. 1), Messe de saint Grégoire (f. 10v), le Martyre de saint Sébastien (f. 192v), saint Christophe et l’Enfant Jésus (f. 197). Si la première miniature (Jugement dernier) est effectivement une addition au manuscrit (un feuillet singleton inséré, sans doute une commande particulière du commanditaire), la Messe de saint Grégoire semble avoir été prévue dès le départ dans les cahiers qui devaient composer le manuscrit (on trouve de l’écriture au recto du feuillet qui contient la miniature) mais fut déplacée à dessein pour former une sorte de diptyque d’ouverture face au saint Jean l’Evangéliste sur Patmos et le texte que la Messe de saint Grégoire devait introduire n’a pas été retenu. On peut joindre à ce troisième ensemble la Vierge à l’Enfant (f. 20) même si elle est dotée d’un encadrement orfévré et la sainte Catherine lisant (f. 208v), prévues dans le programme d’enluminure mais sans doute réalisées un peu après. Ces deux miniatures pourraient avoir bénéficié de la participation d’un artiste fouquetien pour l’Enfant et pour la superbe tête de sainte Catherine. Datables de la toute fin des années 1460 et du début des années 1470, les Heures Bureau, peintes par le jeune Colombe encore fortement imprégné de modèles angevins mais désormais copiant les modèles tourangeaux de Fouquet, peut-être avec la participation d’un artiste fouquetien pour certaines miniatures, constituent sans conteste un témoin important pour l’étude de « la question des années de formation de l’enlumineur berrichon, dont le destin voulut qu’il fut confronté aux œuvres des meilleurs artistes de son temps, Jean Fouquet, Barthélemy d’Eyck et peut-être André d’Ypres et Colin d’Amiens » (Avril, in Les Enluminures du Louvre, 2011, p. 194). C’est une redécouverte dont nous pouvons tous nous réjouir. f. 74, Présentation au Temple f. 197, Saint Christophe et l'Enfant Jésus A la recherche du premier commanditaire des Heures Bureau Dès 1993, François Avril avait signalé que les armoiries peintes à trois reprises dans ces Heures n’étaient pas celles de la famille Commynes et ne pouvaient donc pas commémorer le mariage entre Philippe de Commynes et Hélène de Jambes (voir Avril, 1993, p. 326). Il s’agit plutôt des armoiries d’un membre de la famille Bureau, importante famille de serviteurs d’État, investie dans la finance, l’artillerie et le service du roi, notamment sous Charles VII et Louis XI. La branche concernée est celle de Simon Bureau l’aîné (mort en 1438), bourgeois de Paris, natif de Semoine (Aube), en Champagne. Parmi les membres de la famille Bureau issue de la progéniture de Simon Bureau l’aîné, on citera Jean (13901463), Hugues Bureau (mort en 1464) et Gaspard (mort en 1469). L’aîné, Jean Bureau (1390-1463), fut Grand Maître de l’Artillerie sous Charles VII (en 1439), capitaine de la ville et du marché de Meaux, vainqueur de la bataille de Castillon (1453) contre les troupes anglaises dirigées par John Talbot. Il fut seigneur de Monglat (près de Rozay-en-Brie), La Houssaye-en-Brie, Fontenay-en-France, Thieux et Noisy-LeSec, Marle et La Malmaison, ainsi que propriétaire de l’Hôtel des Porcherons à Paris. Gaspard Bureau (mort en 1469), fut Grand Maître de l’Artillerie en 1444 puis capitaine du château du Louvre (1463). Seigneur de Montfermeil, de Nogent-sur-Marne, de Villemomble et d’autres lieux, Gaspard Bureau œuvra aussi comme balisticien. Enfin Hugues Bureau (mort en 1467) fut Audiencier au Châtelet de Paris, Receveur ordinaire des Domaines et Voyer de la Ville de Paris (1441-1464), seigneur de Forfry, Verneuil et Saint-Soupplets (Seine-et-Marne, arrondissement de Meaux). Nommé Trésorier général de France, Jean Bureau père sera anobli à Bourges en 1447. Il épouse Jeanne Hesselin (morte en 1428) puis Germaine Hesselin (vers 1410-1494), dame d’honneur de la reine Marie d’Anjou (voir La Chesnaye des Bois (1866), tome X, col. 621). Lors du sacre de Louis XI en 1461, Jean Bureau est fait chevalier et membre du Conseil du roi. On notera qu’il sera commissionnaire lors du procès du Grand Argentier Jacques Cœur (anobli pour sa part, ainsi que ses descendants, en 1441) qui se tint entre 1451-1452. Jean Bureau fera partie, comme Jacques Cœur, Etienne Chevalier, ou encore plus tard Laurens Girard, des proches conseillers d’origine roturière qui entourent Charles VII dans les années 1440-1460 (voir Pierre Clément, Jacques Cœur et Charles VII, ou La France au XVe siècle, Paris, 1853). La postérité reconnait aux frères Bureau d’avoir permis des avancées techniques en matière de technologie militaire : « En France, la guerre de l’Indépendance contre les Anglais avait réveillé le génie guerrier de la nation, et, non-seulement l’héroïque Jeanne d’Arc s’occupait elle-même de diriger l’artillerie ; mais deux hommes éminents sortis du peuple, les frères Bureau, apportèrent tous leurs soins à perfectionner les bouches à feu et à la conduite des sièges… » (Louis-Napoléon Bonaparte, Études sur le passé et l’avenir de l’artillerie, tome II, 1851). Sur les frères Bureau, voir Père Anselme, Histoire généalogique de la Maison Royale de France (1712), tome II, p. 1065-1068 ; La Chesnaye Des Bois (1863), tome 3, col. 507 ; Epitaphier du Vieux Paris, Tome VI, Les Saints-Innocents, n° 2734, p. 87. Jean Bureau meurt en 1463 : il est enterré à Paris, Église de Saint-Jacques de la Boucherie. On connait un portrait de Jean Bureau père par une gravure réalisée au XVIIe siècle par Jacques Grignon (dit le vieux) (vers 1640-vers 1698) (Musée Carnavalet). Pendant le lit de justice de Vendôme, réuni pour juger le duc d’Alençon en 1458, Jean Bureau père est assis non loin d’Etienne Chevalier, autre trésorier et grand commis du roi de France (voir la miniature peinte par Jean Fouquet dans le manuscrit Des cas des nobles hommes et femmes de Boccace, Münich, BSB, Cod. Gall. 6, f. 2v ; pour le positionnement des siégeants, voir Paris, BnF, fr. 5942, Chronique anonyme d’Alençon, fol. 104 : « Item en ung aultre banc au costé desdits seigneurs… Maistre Jehan Bureau tresorier de France…Maistre Estienne Chevallier… »). Jean Bureau père (mort en 1463) a plusieurs enfants dont Jean Bureau fils (mort en 1490), seigneur de Montglat, d’Ezanville, de la Houssaye-en-Brie et La Malmaison. Clerc, Jean Bureau sera abbé de la Sainte-Trinité (Morigny) et surtout évêque de Béziers (1457-1490) et sera inhumé à Paris au Couvent des Célestins. On conserve une copie de son testament dans la Collection Godefroy conservée à la Bibliothèque de l’Institut (voir L. Lalanne, « Inventaire des pièces manuscrites de la Collection Godefroy (suite) », in Annuaire-Bulletin de la Société de l’Histoire de France, vol. 4, no. 2 (1866), p. 17 : « Testament de Jean Bureau (1490)). Son frère Pierre III Bureau (mort en 1492 ?) est Trésorier de France et capitaine de la ville et marché de Meaux et le calendrier des présentes Heures reflète les attaches meldoises de la famille. f. 10v, Messe de saint Grégoire, détail.
18 19 Les Heures Bureau contiennent un ajout rare en fin de manuscrit, à savoir un rituel de mariage et donc serait un manuscrit sans doute prévu pour un clerc amené à célébrer des mariages. Il est possible que ce livre d’heures ait pu être commandité par Jean Bureau fils, alors évêque de Béziers (1457-1490), dont la famille était solidement ancrée en Ile-de-France, dans la Brie ainsi qu’à Paris, peut-être pour commémorer le mariage d’une fille de la lignée Bureau, sans doute celui de sa sœur Philippa Bureau avec Nicholas ou Nicole de la Balue (mort en 1506) le 18 septembre 1467 (voir Journal de Jean de Roye, Chronique scandaleuse, vol. 1, Paris, 1894, pp. 178-179). Signalons un autre mariage important parmi les enfants de Jean Bureau et Germaine Hesselin, celui d’Isabeau ou Isabelle Bureau (morte en 1521) avec Geoffroy ou Geoffrey Cœur (mort en 1488), dernier fils de Jacques Cœur, célébré le 29 août 1463. Isabeau Bureau était la sœur de Philippa Bureau (épouse Balue) et donc la sœur aussi de Jean Bureau, évêque de Béziers. Ce mariage Bureau-Cœur est important car il renforce les liens entre Bourges et la famille Bureau et pourrait en partie expliquer le choix de Jean Colombe comme artiste pour peindre les présentes Heures bien que Colombe avait déjà parmi sa clientèle plusieurs familles de hauts serviteurs royaux. On rappellera que Jean Colombe a peint des manuscrits liés à la famille Cœur, en particulier un Missel-pontifical pour Jean Cœur (1421-1483), archevêque de Bourges et un autre fils de l’Argentier Jacques Cœur (New York, Pierpont Morgan Library, G 49 : on trouve dans ce manuscrit aussi des armories de la famille de Harlay sachant que la nièce de Jean Cœur, Germaine Cœur (fille d’Isabeau Bureau et de Geoffroy Cœur) a épousé Louis de Harlay ; voir P. Chenu, « Le livre des offices pontificaux de Jean Cœur, archevêque de Bourges », in Mémoires de la Société des antiquaires du Centre, XLVIII, 1940, pp. 1-32 ; Seidel, 2017, p. 129 ; Seidel, 2018, p. 103). On signalera aussi un livre d’heures peint pour un membre de la famille Cœur avec certaines miniatures peintes plus tardivement par Colombe et/ou son atelier et figurant de nombreux emblèmes et devises de la famille Cœur (Münich, BSB, Clm 10103, datable de la seconde moitié des années 1480 ; voir L. Delisle, « Les Heures de Jacques Cœur (Munich) », in Bibliothèque de l’Ecole des chartes, 65 (1904), pp. 126-131 : le manuscrit aurait été réalisé pour le petit-fils de l’Argentier à savoir Jacques II Cœur, fils d’Isabeau de Bureau et de Geoffroy Cœur ; le manuscrit passa ensuite dans la famille de Baillancourt ; C. Schafer, « Communication sur le livre d’heures dit de Jacques Cœur de la Bibliothèque de Münich », in Bulletin de la Société des antiquaires de France, 1971, pp. 143-156). Si Jean Bureau père aurait pu constituer un bon candidat comme commanditaire des présentes Heures, sa mort en 1463 l’exclut f. 157, Clerc tonsuré dans une salle aux colonnes brisées « en dents-de-scie » [miniature enluminée]. f. 216, Scène de mariage devant le parvis d'une Église. d’autant que Colombe peint a priori les Heures Bureau à la fin des années 1460 (vers 1468-1470 ?), en tout cas nécessairement au moment où il complète (ou peu après) les Heures de Raguier (?)-Robertet, tâche qu’il accomplit circa 1465-1470. Par contre son fils homonyme Jean Bureau, seigneur de Monglat, La Houssaye, La Malmaison fut conseiller du roi, archidiacre de Reims puis évêque de Béziers (1457-1490) et pourrait être le commanditaire des présentes « Heures Bureau ». Nous proposons ici quelques indices et pistes de réflexion allant dans ce sens. Dans les Heures Bureau, il y a neuf feuillets qui ont été déplacés, à notre avis à dessein et sans doute à la demande du commanditaire. Ces feuillets sont ceux qui portent la foliotation moderne ff. 2-10v. Dans la collation, on remarque qu’à la suite du calendrier (2 cahiers de 6 feuillets, foliotés ff. I-XII), on a inséré un singleton (f. 1), miniature du Jugement dernier (à titre de comparaison cette scène figure au feuillet 335 des Heures de Louis de Laval), mais aussi ces neuf feuillets qui contiennent les prières Stabat Mater (illustrée de la Déploration du Christ devant la Croix (f. 2)) et Dulcissime Domine (illustrée par le Salvator Mundi (f. 4v)) et qui traditionnellement auraient été placés en fin de manuscrit, après les Psaumes de la Pénitence. Dans les Heures Bureau, il y a en plus une miniature figurant la Messe de saint Grégoire (f. 10v), avec du texte au recto (f. 10, fin de la prière Dulcissime Domine), a priori le premier feuillet d’un cahier qui devait contenir à la suite de la miniature le texte O bone Ihesu pour les Sept prières de saint Grégoire (que l’on trouve dans les Heures de Louis de Laval aux ff. 294-296). Le placement de ces feuillets (cahier iv de la collation composé de 8 feuillets plus un feuillet isolé) à cet endroit précis, avant les Péricopes évangéliques, permettait de créer un diptyque plaçant face à face la Messe de saint Grégoire et le saint Jean l’Evangéliste sur l’île de Patmos. On remarquera dans la Messe de saint Grégoire un des clercs tonsurés dont le visage est particulièrement personnalisé (comme celui de saint Grégoire d’ailleurs) : ce personnage tient un livre, détail intéressant si l’on considère que cela peut être le commanditaire qui s’est fait figurer un livre à la main. Faut-il y voir le portrait de Jean Bureau ? De plus dans les miniatures marginales latérales, on trouve à plusieurs reprises un dévot ou clerc agenouillé tenant un livre ou représenté avec un livre posé devant lui (ff. 60v, 134, 139v, 156v, 163, 179, 180). Autre indice, on relève à de nombreuses reprises le monogramme N et E relié par un lac ou une petite cordelière (par exemple aux ff. 4, f. 156v, Homme tenant un livre ouvert [miniature peinte en camaïeu d’or]. f. 139v, Dévot agenouillé en prière devant un livre au sol [miniature peinte en camaïeu d’or].
20 21 ff. 10v-11, Deux miniatures formant diptyque dans ce manuscrit : Messe de saint Grégoire ; Évangéliste saint Jean sur l'ile de Patmos.
22 23 9, 38v, 218). Sans pouvoir l’affirmer avec certitude, il semble que l’on puisse reconstituer le nom IEAN en considérant la cordelière comme formant une lettre « A ». Notre commanditaire se prénommerait bien « Jean ». Cette reconstitution du prénom « Jean » suivrait donc un autre exemple semblable à savoir le monogramme d’Antoine, Grand Bâtard de Bourgogne (14211504). Sur le même modèle on reconstitue le prénom d’ANTHOINE (voir monogramme dans Münich, Bayerische Staatsbibliothek, ms. Cod. gall. 28, f. 130 ; C. Van den Bergen-Pantens, « Héraldique et bibliophilie: le cas d’Antoine, Grand Bâtard de Bourgogne (1421-1504) » in Miscellanea Martin Wittek: Album de codicologie et de paléographie offert à Martin Wittek, ed. by A. Raman and E. Manning, Louvain, Paris, 1993, pp. 323-353). Si l’on admet que le commanditaire se prénommait « Jean », on comprend mieux la part belle réservée aux saints patrons Jean l’Evangéliste et Jean-Baptiste, notamment dans les miniatures marginales latérales (ff. 11v, 12, 12v, 60v, 61v, 68, 73v, 92v, 93, 178, 178v, 186) même si ces saints sont des saints importants et fréquemment mis en avant. Toutefois, il n’est pas anodin de voir un dévot (ou le commanditaire ?) figuré d’abord seul avec saint Jean l’Evangéliste (f. 68) puis tourné en prière devant saint Jean-Baptiste (ff. 178v-179). De plus, ce même dévot ou commanditaire semble s’être fait représenté à différentes périodes de son existence (à l’instar de Louis de Laval dans les Heures de Louis de Laval) et dans des scènes de dévotion (par exemple : ff. 4, 5v, 7, 7v, , 9, 9v, 23v, 24v, 25v, 29, 32v, 38, 45v, 54v, 55v, 69, 71, 72, 73, 78, 83, 85v, 90, 96, 99v, 108, 110, 112, 115v, 118, 132, 139v, 141v, 145v, 151v, 154v, 159v, 161v, 164v, 171, 172v, 179, 180, 180v, 199v). Cela rappelle aussi les nombreux portraits de Louis de Laval qui scandent son livre d’heures (Paris, BnF, latin 920 ; voir Seidel et Gras, 2020, pp. 192-193). Dans le Jugement dernier, on soulignera la présence de saint Jean-Baptiste, un des deux intercesseurs peints de part et d’autre du Christ en majesté. De fait on trouve saint Jean-Baptiste dans d’autres représentations du Jugement dernier mais il est intéressant de souligner que le commanditaire a certainement fait part de son souhait de voir son saint patron inclus dans la scène et a fait placer cette miniature au commencement du manuscrit, immédiatement après le calendrier, ce qui constitue une place pour le moins atypique. Dans le Jugement dernier de ces Heures Bureau, on remarque une figure plus grande de clerc tonsuré qui ressucite de sa tombe au premier plan, peut-être encore une allusion au commanditaire ? On trouve au calendrier des mentions liturgiques sur les degrés de solennité des fêtes qui suggèrent que ce livre d’heures était destiné à un clerc plutôt qu’à un laïc (ce qui n’est pas le cas par exemple dans les Heures de Louis de Laval). Dans les textes pour l’Office de la Vierge, pour matines des Heures de la Vierge on trouve aussi des instructions liturgiques que l’on ne trouve pas dans un livre d’heures plus classique : “Notandum est quod a pascha usque ad pentecostem qualibet antiphona matutinas… » (ff. 31-31v). Ces instructions liturgiques sont copiées dans un module d’écriture un peu plus petit, sans rubriques. Plus étonnant encore, et s’expliquant peut-être par le fait qu’un clerc officiait des messes de mariage, on trouve inclus dans ces Heures un rituel de marriage (ff. 216-219v) ce qui de nouveau est tout à fait atypique : on ne connait pas d’équivalent et qui semble être une commande particulière. Ces derniers feuillets font partie intégrante du manuscrit et présentent un décor homogène et ne sont pas un rajout tardif. Si dans ce rituel de marriage, les noms « Jehan et Marie » évoqués dans les passages en français sont f. 9, Dévot (Jean Bureau ?) en prière devant un autel (initiales N et E sur le parement d’autel f. 1, Jugement dernier, Christ en majesté entre la Vierge et saint Jean-Baptiste. f. 68, Dévot (Jean Bureau ?) agenouillé devant saint Jean l’Evangéliste portant une coupe. génériques et ne désignent pas un couple précis et documenté, on peut légitimement s’interroger sur la raison pour laquelle ce rituel est inclus dans ce livre d’heures. On pourrait supposer que le rituel fut prévu dans ces Heures dont le commanditaire était un prélat et qui a très bien pu marier des couples. Est-ce un clin d’oeil aux récents beaux mariages conclus par les soeurs de Jean Bureau, à savoir Isabelle Bureau avec Geoffroy Coeur ou plus encore celui de Philippa Bureau avec Nicolas de la Balue, chevalier, maître des comptes et conseiller du roi ? Dans la grande miniature qui illustre ce rituel, variante d’une composition souvent representée à savoir le Mariage de la Vierge, on remarque que le couple semble bien un couple réel (et non pas une figuration de Marie et Joseph) et on note aussi le regard de l’évêque qui célèbre le mariage, tourné vers la mariée, peut-être sa propre soeur ? Le mariage Bureau-Balue fut en partie célébré à l’hôtel Bourbon à Paris en 1467 : parmi les convives on compte le roi Louis XI et la reine Charlotte de Savoie mais aussi le duc et la duchesse de Bourbon ainsi que Jeanne de Valois, comtesse de Bueil (troisième fille de Charles VII et Agnès Sorel). Les festivités furent décrites par le chroniqueur Jean de Roye, notaire de Louis XI, qui precise que le couple reçut « de moult grans, beaulx et riches dons » (Journal de Jean de Roye: connu sous le nom de Chronique scandaleuse, 1460-1483, vol. 1, Paris, 1894, pp. 178179). Les miniatures du present rituel de mariage (ff. 216-219) font-elles allusion à cette cérémonie nuptiale et la fête qui s’ensuivit ? Ces années furent difficiles pour le couple Balue-Bureau suite aux saisies et confiscations effectuées sur les biens du cardinal-évêque Jean de la Balue, frère de Nicolas de la Balue, accusé de trahison et emprisonné sous Louis XI. Parmi les pieces réclamées par Nicolas de la Balue et Philippa Bureau, on relève une tapisserie qui portait « deux lettres enveloppées » à l’image de celle qui figure dans la miniature de de la scène de banquet nuptial (f. 218) (voir J. Claustre-Mayade, « Esquisse en vue d’une anthropologie de la confiscation royale: la dispersion des biens du cardinal Balue », Médiévales 56 (2009), pp. 131-150). Jean Bureau fils, évêque de Béziers, proche des milieux royaux par sa famille et par son statut de haut prélat, nous apparait comme un commanditaire plausible pour ces Heures. Ceci est évidemment soutenu par un élément héraldique essentiel, à savoir la présence des armoiries de la famille Bureau peintes en camaïeu d’or, discrètement insérées dans les riches encadrements architectures dorés à trois reprises dès la première campagne d’enluminure. De plus amples recherches sont nécessaires pour mieux connaitre le mécénat de ce prélat et ses rapports avec les enlunimeurs de son temps en particulier le jeune Jean Colombe auquel il aurait confié le soin de peindre de précieuses Heures. f. 31, Pentecôte ; dans le texte, mentions liturgiques f. 218, Scène de banquet nuptial avec un semé d’initiales N et E liés par une cordelière en arrière-plan (tenture ? tapisserie ?)
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