Mercredi 8 novembre 2023 50 HISTOIRE 162 CLERGÉ - RÉVOLUTION Lettre autographe, non signée, adressée à l’abbé de Seyssel, à Münster. 27 août 1797 chez Mde Henen, près la porte d’Auguste ; 3 pages in-12, adresse, petit cachet de cire noire (petites déchirures par bris de cachet). Très intéressante missive sur la soumission du clergé, après la loi du 19 fructidor V qui imposa un nouveau serment républicain aux ecclésiastiques. Le rédacteur de la lettre, probablement un prêtre réfractaire, a fait envoyer à son correspondant, ancien vicaire d’Arras ayant émigré en Allemagne, le mémoire de l’abbé du Voisin [JeanBaptiste Duvoisin, futur évêque de Nantes] qui devrait avoir autant de succès que celui de l’abbé de La Sépouze puisqu’il a déjà été approuvé par un grand nombre de prélats dont l’archevêque de Reims [Alexandre de Talleyrand-Périgord] et autres personnes de confiance comme le comte de Saint-Priest, même si on ne peut pas attendre une approbation publique. « la prescription n’étant point fondée sur le droit naturel, étant même en soi contraire à la justice naturelle, ne peut être appliquée aux droits des souverains, qu’autant qu’il y aurait eu quelque convention entr’eux ou entre les nations policées, qu’on en eût fait une loi positive, comme la prescription civile n’a de force que par la loi d’un souverain particulier. […] Il faut donc se borner de dire. Que les droits des souverains légitimes, quoique imprescriptibles, peuvent être suspendus, et cela non point par une loi positive, mais par la loi naturelle qui ne permet plus de les exercer lorsqu’on ne pourroit le faire qu’à la ruine de la société pour la conservation de laquelle ils ont été donnés. Cette défense ne peut être connue que par les faits, et s’entendre que moralement. Elle se montre assez clairement lorsque la cause du souverain légitime a été soutenue en vain par une guerre longue et cruelle, et qu’il ne lui reste plus de force suffisante pour ramener son peuple à l’obéissance. C’est alors qu’il doit poser les armes et le laisser vivre sous le gouvernement qu’il a choisi ou auquel il s’est soumis, jusqu’à ce que l’expérience ou le cri de la conscience rappelle ce peuple égaré, sinon tout entier, du moins la grande majorité à son devoir et lui rendent l’énergie nécessaire pour secouer le joug qu’il s’est laissé imposer ». Et en post-scriptum, dans la marge supérieure : « Bonaparte vient de faire enlever d’un coup de filet tous les prêtres français réfugiés dans la République cisalpine et de les faire enfermer dans Mantoue. C’est M. l’évêque de Langres [CésarGuillaume de La Luzerne], qui le mande ici à Mde de Montboissier et qui n’a échappé lui-même que par miracle ». En 1795, l’abbé Duvoisin avait fait imprimer en Allemagne son Examen des principes de la Révolution françoise, qui parut à nouveau en 1798 sous le titre « Défense de l’ordre social contre les principes de la Révolution française ». 200 / 300 € 163 COMMERCE MARITIME Lettre autographe signée « Lemaire », adressée à M. René Blancan, négociant à Bordeaux. Falmouth 4 février 1769 ; 3 pages in-4 sur un double feuillet, adresse, cachet de cire noire, marques postales, avec mention manuscrite indiquant que la lettre a été contrôlée à Bordeaux le 3 mars 1769. Intéressante lettre relative à un navire de fret chargé de morue et de vin de Malaga. Le capitaine du bâtiment est arrivé à Falmouth [à l’extrême sud des Cornouailles] et a été contraint de décharger toute la marchandise afin de faire réparer les nombreuses avaries constatées par les autorités du port. Il a fait mettre la morue dans des tonneaux garnis de paille « pour la maintenir sèchement, couverte de mes bonnettes et autres menues voilles et la mauvaise ou l’avariée séparément, l’estimation faite, ayant ensuite posé 3 cadenas sur la porte, un aux offrs de la douane, un aux offrs du sel & l’autre à moi ». Il liste ensuite toutes les avaries constatées par les experts qui vont nécessiter le démontage de nombreux éléments, s’inquiétant des frais encourus, notamment en raison du tarif des charpentiers « travaillant comme dans tous les ports, très lentement pour gagner plus de journées ». Il craint également que durant l’immobilisation du navire, la guerre ne soit déclarée et demande des éclaircissements. Il assure M. Blancan qu’il lui remettra à son arrivée à Bordeaux un livre de comptes parfaitement tenu à jour, avant d’évoquer une autre crainte, celle concernant le vin de Malaga qu’il a également fait mettre en magasin : « cette misérable engeance d’employés qui se trouve par tout le monde, ont percé, sondé presque tous les barils, malgré mes prières pour les en empêcher, les futailles étant faibles, j’espère qu’il n’y aura aucun accident. Jusqu’à présent, tout s’est bien comporté ». Les noms de Jean Lemaire et de René Blancan figurent dans le Répertoire des expéditions négrières françaises au XVIIIe siècle (Publications de la Société française d’histoire des outre-mers, 1984), pour une expédition en 1774, avec un navire de 138 tonneaux, « La Fortune ». 50 / 80 € 164 DAMAS Ange-Hyacinthe-Maxence, baron de [Paris, 1785 - id., 1862], officier et homme politique français. Lettre autographe signée d’un paraphe adressé à un baron. Menou 7 avril 1823 ; 2 pages et demie petit in-4. Belle lettre amicale, datée du château de Menou, dans la Nièvre où le baron de Damas fait réaliser des aménagements. Il s’inquiète du lieu où se trouvent ses caisses de livres et à quel moment elles arriveront à Cosne, bien que la bibliothèque pour les accueillir ne soit pas encore commencée. « Nous travaillons cependant avec une grande activité et nous sommes au milieu des décombres, des ouvriers et des nouvelles constructions. Ces occupations, le calme et le bonheur de la campagne me font passer fort doucement mon temps. Aussi, ne suis-je pas pressé de retourner dans votre tourbillon de Paris ». Il se rendra en Bretagne le mois prochain lorsqu’il y sera appelé. « Il est bien juste que, puisque j’ai été jugé inutile, je consacre une bonne fois mon inutilité aux soins de mes affaires ». En post-scriptum il demande si le marquis de Lauriston a donné des ordres pour le salon de Madame de Damas. Nommé ministre de la Guerre en octobre 1823, après des actions d’éclat menées pendant l’expédition d’Espagne, le baron de Damas remplacera Châteaubriand après l’éviction de ce dernier en juin 1824, puis deviendra le précepteur du jeune duc de Bordeaux en 1828 ; sa femme et lui partageront l’exil de la famille royale après l’abdication de Charles X. On joint : une lettre autographe signée de la baronne de Damas, née Charlotte Laure d’Hautefort, adressée à M. de Villarmois. Paris le 31 mars 1830. À propos d’une terre appartenant à sa famille, qu’elle a été contrainte de céder mais qu’il serait envisageable de racheter, avec l’aide de son correspondant (3 p. in-4). 40 / 50 €
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