Mercredi 8 novembre 2023 85 MUSIQUE 4) Correspondance de Serge Lifar et Arthur Honegger durant l’année 1935 pour la conception de Icare et 1 lettre adressée à Jacques Rouché sur le projet de décor proposé par Dali : — Serge Lifar : • 1 Lettre dactylographiée signée. Paris, 2 mai 1935 ; 1 page 1/3 in-4°. Il vient « de terminer un ballet où le rythme naît de la danse » et demande de l’aide à Arthur Honneger pour trouver « quel est l’instrument qui doit scander mes rythmes ». Il explique également dans cette lettre le nom donné à son nouveau ballet : Icare. • 1 lettre autographe signée avec 4 dessins adressée à Jacques Rouché (directeur de l’Opéra). Paris, 11 mai 1935 ; 9 pages in-8°. « Ainsi que nous l’avons convenue, j’ai vu Salvadore Daly au sujet d’Icare. [...] le Surréalisme est une conception excellente et sa transformation de l’art en matière, son néo-romantisme - tout extérieur - sont pleins d’intérêt. [...] Daly était ravi de collaborer avec moi et de travailler pour l’opéra, mais, malheureusement notre tentative n’a pas abouti. Hier il m’a fait voir ses esquisses. Voici d’abord pour les décors : Le rideau se lève avant la musique et découvre une toile très belle. Celle-ci se lève à son tour et démasque un rideau de fond, on ne peut plus ridicule, avec trente motocyclette en marche. Pour les costumes : un Icare complètement nu, coiffé d’un énorme petit pain au lait, avec une mouche au dessus du front, sur un fil de fer. [...] pour figurer les ailes, Daly m’a proposé une excellente paire de béquilles - pourquoi pas un morceau de vieux pneu sur le bout du nez ? [...] A la fin du ballet il propose que l’on fasse venir un prêtre installé dans un cercueil comme dans une périssoire, ramant avec une cuillère pour ramasser Icare à la petite cuillère. Comme j’étais stupéfait et ne savais pas comment me tirer de là. Il m’a répliqué qu’Elloire [Eluard] et Aragon étaient entièrement d’accord avec lui. [Nous sommes face à une maladie communisante [...] qui a l’air de passer en Russie, mais qui, ici, est malheureusement soutenu par des gens soutenu par des gens qui n’ont rien à faire et crèvent d’argent, par nos amis comme Marie Laure de Noailles, [...] Etienne de Beaumont, Picasso, [...] La princesse de Polignac [...] qui proposent la pourritures au peuple, en guise de beauté. Seule notre ami Coco Chanel, qui sait y voir clair, s’amuse beaucoup et ne se laisse pas faire. Je vous remercie, cher monsieur Rouché, de me soutenir dans mon audacieuse entreprise, mais je suis obligés, pour une fois, de vous demander de me donner un peintre, disons, modérément classique. Il est impossible qu’un principe musical nouveau soit compromis par une absurdité. ». – Arthur Honneger : 1 lettre autographe signée, adressée à Serge Lifar à qui il adresse quelques conseils pour la musique de Icare. « Hôtel Métropole de Bruxelles », 16 mai 1935 ; 1 page 1/2 in-8°. « Ton projet ballet bâti sur des rythmes est une excellente idée. On peut fort bien se passer (pendant un temps pas trop étendu naturellement) de l’élément mélodique, surtout si l’œil est occupé. Au fond dans ta conception c’est le danseur qui devient la « ligne mélodique ». Remarque que dans les danses populaires cela est fréquent. Tu devrais faire disposer ces rythmes pour un petit ensemble d’instruments à percussion afin de varier un peu le bruit pour l’oreille. Je te conseillerais aussi pour apporter un élément nouveau d’incorporer un appareil à vibration continu donnant un peu l’impression que donne une hélice d’avion qui tourne ! ». — Serge Lifar : Lettre dactylographiée signée, adressée à Arthur Honneger. 27 mai 1935 ; 1 page 1/3 in-4°. « Ton idée est remarquable et je conçois très bien des rythmes orchestrés pour tous les instruments à percussions. J’aime particulièrement ta suggestion des bruits d’avion qui prend avec Icare une valeur symbolique. [...] Tu m’a donné un conseil remarquable mais il n’y a qu’un seul homme qui puisse le réaliser, et c’est Arthur Honegger. Ne voudrais-tu pas lui demander, en invoquant une amitié de longue date, de s’occuper d’un pauvre chorégraphe empêtré dans ses rythmes et de les orchestrer. Je suis sûr qu’Arthur Honeger fera une œuvre énorme avec les faibles moyens musicaux mis à sa disposition ». — Arthur Honegger : lettre autographe signée, adressée à Serge Lifar ; 1 page in-8°. « Oui, c’est entendu. Tu peux compter sur moi [...] J’ai un gros travail en train en ce moment pour Ida Rubinstein mais cela me fera du bien de me détendre un peu avec une autre chose. Donc entendu tu peux l’annoncer à Rouché ». — Serge Lifar : lettre dactylographiée signée au crayon. Paris, 15 juin 1935 ; 1 page in-4°. « J’ai entendu pour la première fois ta partition, j’en suis enthousiasmé comme tu le seras quand tu l’entendras à la prochaine répétition, où tu viendras, n’est ce pas, comme tu l’as promis? Il résulte de ce martèlement continu du rythme dépouillé de toute fioriture mélodique, de cette fusion absolue avec la danse, un spectacle d’une sobriété et d’une intensité prodigieuses ». — Arthur Honegger : Lettre autographe signée, adressée à Serge Lifar. 2 pages petit in-8° sur papier à en-tête du « Carlton Hôtel London ». « Je suis très embêté. Je t’ai dit que je travaillais a un assez important ouvrage pour Rubinstein avec Claudel. Par déférence je lui ai dit que j’allais faire cette orchestration pour toi et par ailleurs cela ne me prendrait pas beaucoup de temps. (comme tu le sais par Szyfer qui est venu me donner un coup de main cela a été terminé en trois jours). Elle a naturellement acquiescé avec bonne grâce et a même dit qu’elle trouvait cela très intéressant. Mais voilà que depuis la semaine dernière elle m’envoie massivement Jacques [....], Fernand Ochsée, et Dorino pour me dire combien elle est peinée de me voir abandonner un ouvrage important pour un livre a des fantaisie [...] Que dois je faire? ». Du lot 269
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