Mercredi 8 novembre 2023 86 MUSIQUE — Serge Lifar : lettre dactylographiée signée, adressée à Arthur Honneger. Paris, 25 juin 1935, 1 page 1/3 in-4°. « Envoie-la au diable, cette rouquine, ou du moins tâche d’arranger la chose, parce que Rouché ne sait pas quoi faire et me propose de signer l’œuvre. Je ne vois rien à faire, de mon côté, car je ne veux pas et ne peux pas entrer en contact avec Rubinstein. De tout temps, elle a détesté Diaghilev et les Ballets Russes, qu’elle a essayé de copier piteusement, et je crois qu’un peu de cette haine rejaillit aujourd’hui sur moi. Mais quoi qu’elle dise et quoi qu’elle fasse, Icare passera, et il faut inventer quelque chose pour que tu signes ton orchestration ». - Arthur Honegger : lettre autographe signée, adressée à Serge Lifar. Juin 1935 ; 1 page in-4°. Honneger trouve très violent serge Lifar dans ses propos sur Ida Rubinstein et « Tu es un peu violent en ce qui concerne Ida et je suis loin de partager ton point de vue mais je dois avouer qu’elle nous complique un peu l’existence en ce moment. J’ai du voir Rouché pour lui demander d’intervenir et d’arbirtuer en quelque sorte le différent. Si la chose vient de lui Ida ne se révolterai pas. C’est parce que tu es là qu’elle se montre ainsi. Naturellement Rouché, trop heureux de nous voir dans l’embêtement a beaucoup rigolé mais ne veut rien faire. Je ne vois qu’un moyen de tourner la difficulté ( car je ne veux pas blesser Rubinstein qui a toujours été si chic avec moi tu le comprends) c’est de demander à Szyfer de signer la partition. Puisqu’il était au courant de la chose et qu’il m’a même donné un coups de main et qu’il doit diriger cela me semble tout indiqué. Parle lui en et présente lui la chose comme un service qu’il me rendrait. Je lui en parlerai de mon coté, a moins que tu ne signes toi même ce qui au fond ne serait pas si mal Enfin arrange ça au mieux, l’important est que la chose soit faite et que et que tu ais la partition à temps ». — Serge Lifar : lettre autographe signée, adressée à A. Honegger. Paris, 28 juin 1935 ; 2 pages in-8°. Lifar est désolé car c’est Szyfer qui va orchestrer « Icare ». « Ce que m’apprends là est absolument catastrofique. Ainsi, donc il n’y a décidément rien à faire avec la rouquine. Puisque tu me l’as suggéré j’ai parlé à Szyfer dans le sens que tu désirais car moi je ne peux pas signer l’œuvre d’Honegger. Il s’est fait prier invoquant des tas de motifs moraux et supérieurs au fond il avait peur surtout de se faire démolir par la critique pour être l’auteur d’une partition aussi « anti-musicale ». Mais en fin de compte, il a marché, car il sera au pupitre. Et à mon vif désespoir Icare sera dansé sur des « Rythmes de Serge Lifar orchestré par J.H Szyfer « C’est dommage pour nous deux et pour l’art en général ». — Arthur Honegger : Lettre autographe signée, adressée à Serge Lifar. 1er Juillet ; 1 page in-folio. Honegger annonce à la première, car il est retenu à Zurich. « je suis désolé d’apprendre que Jean est encore retardé car ainsi je ne pourrai assister à la première. Mais je suis tranquille rien qu’après une répétition comme celle-ci laquelle j’ai assisté. Je crois que tu auras un très grand succès surtout auprès du public jeune ( qui te suit avec tant d’instinct). J’ai l’impression que ce sera d’un effet saisissant ». — Serge Lifar : Lettre dactylographiée signée et 8 lignes autographes signées. Paris, le 10 Juillet 1935. 3 pages in-folio. serge lifar donne ses impressions à Honegger après la première et le triomphe de la représentation de « ICARE ». « Icare a passé et nous avons triomphé. [ ] Mardi après midi, il y avait une grande réception avec Rouché et le directeur des BeauxArts. Beaucoup de discours, des vœux plus ou moins sincères pour la réussite de Icare. Rouché s’attend à une catastrophe; les musiciens ne cachent pas leur opposition et prédisent un four complet... Le soir, je dansais le « Spectre de la rose ». J’y ai été applaudi comme jamais, mais fort peu rassuré : on m’applaudit comme danseur, me disais je, pour mieux me faire chuter comme chorégraphe. Enfin, Icare. Szyfer monte au pupître avec la tête d’un condamné à mort, et donne le départ du geste d’un homme qui se jette à l’eau, ne sachant pas nager. Le rideau se lève. Rouché tique à la première apparition [. ] l’orchestre joue bien, mais manque un peu d’assurance et surtout de conviction. Dans la salle, un silence glacial pas le moindre applaudissement pendant le. ballet. Le rideau tombe - toujours pas le moindre applaudissement : ai je perdu la partie ? le rideau se relève, nous venons saluer. Un silence, puis, tout à coup, une rafale, une tempête d’applaudissements : le délire succède au silence. Il y a eu en tout quinze rappels - un triomphe sans précédent de la danse à l’opéra. NOTES MANUSCRITES : PS : souviens toi bien de ce jour : ICARE est un départ pour l’éternité. Et bien entendu c ‘est un spectacle dramatique tout nouveau depuis Pétrouchka il n’y a rien eu d’aussi beaux ». 5) Manuscrit autographe « Le manifeste du chorégraphe » signé. 1935. 15 feuillets in-folio, les deux dernières feuilles ont une brûlure de cigarette. Texte dicté par serge Lifar à son frère et revu et corrigé par lui. On joint l’exemplaire imprimé personnel de l’auteur et signé. Broché, 1935, Imprimerie « Coopérative Etoile, Paris VII° ». 6) Paul R. Larthe : 3 dessins originales des personnages pour le ballet « Icare ». Gouaches et crayon signées des initiales de Paul R. Larthe. 31 x 24 cm. 7) Deux photographies signées « Serge Lifar 1935 » dont une avec le tampon du Studio Lipnitzki au dos. 10 000 / 12 000 € Du lot 269
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