p 7 p 6 La vie secrète d’une bibliothèque Si chaque bibliothèque dessine une image de son propriétaire, alors celle-ci dresse le double portrait chinois des deux architectes-historiens qui l’ont patiemment rassemblée, au fil de leurs travaux et de leurs pérégrinations. Leurs cheminements communs ou parallèles, dans les domaines de l’ornement ou des édifices d’Italie, des architectures rurales ou des savoirs constructifs, des antiquités et du goût néoclassique, expliquent ses orientations et sa focale chronologique, sur un temps long mais polarisé, autour de 1800. À l’ombre des grandes figures tutélaires de la tradition classique, de Vitruve à Serlio ou Palladio, d’Abraham Bosse à Le Muet ou Blondel, les premiers rôles reviennent ici aux générations du basculement dans la période contemporaine : celle de Panseron, de Rondelet, des deux Viel ou de Quatremère de Quincy, d’abord ; celle ensuite de Durand, de Bruyère, de Louis-Pierre Baltard, de Charles Normand et bien sûr de Percier et Fontaine ; celle enfin de leurs élèves, de Grandjean à Hittorff, avec, intercalés, des francs-tireurs ou des méconnus : Cointeraux, Séheult, Wlgrim-Taillefer, etc. Mais cette documentation curieuse de la diversité des cultures architecturales et constructives est aussi traversée par une haute idée du livre, envisagé dans sa dimension matérielle et dans son rôle comme vecteur d’échange. D’où un intérêt particulier pour les architectes-éditeurs et pour l’enseignement, pour les exemplaires qui témoignent de la fabrique des livres, ou qui gardent la trace des transmissions et des échanges ; d’où le soin d’enrichir les exemplaires de lettres, de documents, d’où encore l’attention portée à la qualité des papiers et aux techniques de l’image, avec notamment les premières lithographies ou les gravures rehaussées. Finalement l’édifice soigneusement érigé livre à livre – comme on dit brique à brique – vient aujourd’hui en dispersion. En cela, il ne fait que respecter l’ancienne écologie des bibliothèques, qui de tout temps se forment lentement à partir des fragments de celles qui les ont précédées, avant de se défaire d’un coup pour plus tard en nourrir de nouvelles. S’agit-il de l’ultime opération, qui conclut en bon ordre un projet bien gouverné ? Ou doit-on simplement l’accepter, en toute humilité, comme une étape inéluctable d’un processus naturel ? Les ouvrages décrits dans ce catalogue sont identifiés par un petit ex-libris bleu linogravé ARCHITECTURE, ORNEMENT, CONSTRUCTION, BEAUX-ARTS Tabl e Dessins et manuscrits (n° 1 à 12) Manuscrits et dessins relatifs à Charles Percier et Pierre Fontaine (n° 13 à 20) Exemplaires uniques (n° 21 à 29) La théorie classique (n° 30 à 70) Architectures rustiques, rurales et communales (n° 71 à 87) Antiquités, histoire de l’architecture (n° 88 à 110) Enseignement, envois de Rome (n° 111 à 133) Architectures italiennes (n° 134 à 149) Innovations constructives et traités pratiques (n° 150 à 183) Essais, débats et théories (n° 184 à 201) Palais, édifices publics (n° 202 à 218) Architectures domestiques (n° 209 à 218) Paris et ses environs (n° 219 à 236) Ornements, décorations, arts et métiers (n° 237 à 256) 6
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