GIQUELLO ART ET LITTERATURE

29 54 BATAILLE Georges. 6 LETTRES AUTOGRAPHES SIGNÉES à Marie-Louise BATAILLE. Riom 1919- Orléans 1952. 22 pages in-4 et in-8 de Riom, et 5 pages et demie in-8 d’Orléans. Correspondance intimiste de Georges Bataille alors âgé d’une vingtaine d’années à sa cousine Germaine Marie-Louise Bataille qui deviendra historienne d’art et publiera sous le pseudonyme de Jean Calmes et Marie Elbé. Dans cette correspondance se dessinent déjà le futur Georges Bataille et l’influence de Nietzsche. … Je tape des poings sur la table parce que je suis un imbécile. D’abord je songe à une multitude de choses qui sont vides comme des courants d’air. Ni toi ni moi nous ne voyons jamais n’est-ce pas ce qu’est notre vie ni celle des autres humains vivants. C’est une honteuse comédie à laquelle nous obéissons. Nous sommes les jouets d’un metteur en scène je te jure que nous sommes idiots…. Je te jure encore que je ne pense bien que lorsque je suis en colère. Notre vie est aussi vaine que celle des mouches. Nous n’avons rien donné et nous salissons des déchets. Combien de fois y eut-il une chose pour laquelle nous avons marché qui valut que nous mettions le pied avant. Et il n’y a rien qui explique une telle incohérence. Tu peux tourner : le monde humain n’est qu’un désert pour qui cherche les raisons de ses pas. Je sais bien que j’exagère comme un fou mais c’est une chose en laquelle des fous ont seuls le courage de voir clair. Est-ce que cette humanité vivante est faite pour la misère qu’elle crée ? Je ne marquerai pas le pas avec cette horde. Il y a ceci de vrai dans ma vie que j’ai eu cette haine, j’ai eu la lâcheté de l’oublier quand il m’a été agréable de vivre comme le monde. Cependant je ne suis pas encore assez carié pour me laisser faire. Tu me retrouveras sauvage. BATAILLE Georges. LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE à Victor BATAILLE. Le Mont Dore 20 mai 1921. Une page et demie in-4. Victor Bataille, homme politique, fut le cousin de Georges Bataille. Dans cette lettre il est fait mention du père de Bataille syphilitique, aveugle, paralysé qui mourut en 1915 sous les bombes et d’une rumeur grave commise par un certain Jean. …. Je savais depuis vendredi soir l’acte grotesque commis par mon père. C’est tellement pompier tellement absurde que cela serait ridicule seulement si ce n’était pour Jean, Henri et surtout pour moi odieux à l’extrême. Il s’entête à laisser supposer et à faire croire une chose que je sais fausse, que tout le monde maintenant sait fausse. Il me retourne par bêtise le fer dans la plaie et au lieu d’adopter l’attitude que je lui avais demandé de suivre, attitude que ma mère a suivie d’une façon admirable il se montre par plaisir grotesque et méchant. J’ai eu avec lui à la suite de cette lettre dont il m’a fait lire la copie une scène d’une violence inouïe et je suis parti malade et écœuré de tant de bêtise. Rare lettre où il est fait mention du père et de la mère de Bataille. 3 000 /4 000 €

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