65 134 COCTEAU Jean. LE THÉÂTRE ET LA MODE. MANUSCRIT AUTOGRAPHE SIGNÉ [1945]. 14 pages grand in-4 avec quelques ratures et corrections. En vue d’une publicatin pour vogue L’on joint le tapuscrit complet avec quelques corrections, 7 pages in-4, l’ensemble en vue d’une publication pour « Masques, Revue internationale d’Art dramatique ». ... Ma véritable collaboration avec le Ballet russe fut de l’aider à tourner une page. Diaghilew reniflait vite les choses. L’orientalisme de Bakst et le folklore de Benoît commençaient à se vulgariser et à envahir le music-hall. Je lui amenais Picasso et Erik Satie. En pleine guerre, en 1917, nous fîmes Parade qui laisse le souvenir type du scandale salubre. Depuis le scandale de Hernani je ne pense pas qu’on pisse citer un pareil remue-ménage. Le mot cubisme servait de cible. Le décor simple, superbe et solennel de Picasso, décors de rue et de foire nocturne, la musique sans sauce et comme toute nue d’Erik Satie, mes personnages qui me servaient à hausser des gestes de la vie quotidienne jusqu’au style de la danse, tout cela révoltait d’avance un public prévenu contre le neuf et ne s’épanouit quatre ans après pour le public qui passe d’un extrême à l’autre ne se lassait pas d’applaudir en 1923 ce qu’il ne se lassait pas de siffler en 1917. Le théâtre m’avait attrapé au piège. Car le théâtre n’est pas sans quelque ressemblance avec les salles de jeux. On jure de n’y jamais remettre les pieds et, c’est plus fort que soi on y retourne… … Je me sens étouffé de mise en scène, qu’elle retourne à sa place enrichie de nos leçons : au music-hall, à l’opéra, à la danse… mais quelle ne sera pas notre récompense s’il arrive que le vrai public, le gros public qui ne préjuge pas, nous accorde son attention. Alors j’aurai encore une fois bouclé la boucle, car la mode se retourne vite, elle n’est pas sotte et elle possède son génie qui consiste à flairer la minute exacte où le bateau coule et à la fuir coûte que coûte pendant que les moutons de panurge se noient. 2 000/2 500 € 135 COCTEAU Jean. LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE sur papier à entête de la villa Santo-Sospir à Saint-Jean Cap-Ferrat, 2 août 1957. 2 pages in- 4 … Puisque vous m’avez fait la grâce de me prendre comme président d’honneur [du festival de Cannes en 1957], et que mon travail des fresques de Menton me cloue à des murs et m’attaches à des échelles, c’est mon fantôme que je vous délègue… .Oui, ce fantôme ressemble à mon œuvre car une œuvre c’est le seul moyen d’être jeune et beau lorsque l’âge nous conseille de rester en coulisse, et ce fantôme que je vous délègue danse, pareil aux funambules célestes de Rimbaud et de Nietzsche… 300/400 €
RkJQdWJsaXNoZXIy NjUxNw==