161 GILBERT-LECOMTE (Roger). La peinture est signification. MANUSCRIT AUTOGRAPHE. 2 p. in-4 sur papier ligné, à l'encre noire, ajouts et corrections. S. d. (1929). 3 000/4 000 € Texte inédit, réflexions sur la peinture d'imagination distincte de la peinture surréaliste, qui pourrait être contemporain de celui introductif au catalogue de la première exposition du Grand Jeu, du 8 au 22 juin 1929, Galerie Bonaparte, Ce que devrait être la peinture ce que sera Sima. La peinture est signification. Depuis qu'elle est, deux tendances la tiraillent Une des interprétations de la nature : l'objet peint étant l'apparence subjective de l'objet vu, - variations à partir de cette (sic) objet - autrement dit partir de la terre pour aboutir à soi. 2/ Reproduction d'un monde de rêves : l'objet peint dev[en]ant calquer, copier le plus servilement possible l'objet rêvé, ou au contraire se confier à l'automatisme du délire (…) Que le lecteur n'aille pas me croire dupe de cette pseudo-dualité que je ne dissocie que pour la commodité de l'exposition. Plus que quiconque je sais qu'il n'y a qu'un. Cette seconde tendance est actuellement représentée par ce que Breton appelle la peinture surréaliste (Picasso - perpétuel commencement absolu, Chirico - peintre de l'angoisse métaph[ysique]). Mais l'expression peinture d'imagination ou pire encore peinture subjective ne suffit pas à définir la peinture surréaliste. Car des peintres d'imaginations, irréductibles au surréalisme (peintures d'histoires, de légendes etc… peinture sacrée) ont existé de tout temps. Si l'on veut différencier de celle-ci la peinture surréaliste, c'est en analysant le terme « imagination » qu'on y arrive. Les notions les plus élémentaires de philosophie apprennent que l'imagination dite créatrice, ne crée jamais rien (…) Les peintres d'imagination peignent donc des souvenirs de perception. Ainsi Gustave Moreau (…) appliquant par anticipation l'aphorisme d'Oscar Wilde : « La vraie école de l'art, ce n'est pas la vie, c'est encore l'art » peint des évocations antiques ou orientales. Au contraire le peintre surréaliste cherche à faire le vide en soi, à chasser tout souvenir littéraire ou pictural du passé. Cependant sa peinture devra rester logiquement un amalgame de souvenirs de plus en plus pauvre (puisqu'il élimine tout souvenir reconnu comme tel) et à la limite de la lucidité : tableau noir. Mais plaque sensible à d'inconnues vibrations un but encore obscur est au fond de leur tentative. Ils ne veulent pas que le monde soit un vase clos… 69
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