71 240 BERLIOZ (Hector). Lettre autographe signée à sa mère Joséphine Berlioz, datée Paris, ce 10 mai 1829, 6 p. in-4. Longue lettre, évoquant Lesueur, Cherubini, Rossini et Auber. Sachant que sa mère n’approuvait pas sa vocation, Berlioz s’efforce de lui montrer qu’il est lancé dans le monde musical parisien et fréquente d’illustres compositeurs. Il parle longuement de son maître et ami Lesueur, qui vient de connaître un échec : ... cet excellent homme est du siècle de Louis 14 et sa musique aussi. Il a voulu néanmoins faire exécuter deux de ses compositions dans un des superbes concerts du Conservatoire ; j’étais bien sûr d’avance de ce qui est arrivé ; ses deux morceaux placés à côté de Beethoven et de Weber ont éprouvé le plus complet échec. “ Cherubini au contraire qui est avec lui surintendant de la musique du roi, a fait exécuter deux fois dans ces concerts des fragmens de ses grands ouvrages et ils ont obtenu un succès de fureur ; presque autant applaudis que Beethoven ; cependant quoiqu’il soit évidemment le plus grand compositeur existant en France dans ce moment, il n’a pas été compris dans la faveur royale. (...) Rossini luimême, qui est l’homme à la mode, a été baffoué [sic] dans ces concerts... Il évoque ensuite son travail de rédacteur musical pour Le Correspondant entres autres. Il évoque son projet du concours de l’Institut en juillet, pour lequel il va faire demander à Cherubini …s’il me garde toujours rancune et s’il compte encor faire de l’opposition contre moi cette année… Correspondance générale, éd. de P. Citron, t. I, lettre 125, p. 251. Trois mots ont été découpés occasionnant des trous. 800/1 000 € 241 BERLIOZ (Hector). Lettre autographe signée à sa sœur Nanci. Paris, 4 août 1830. 4 p. in-8. Trace d’onglet. Belle lettre sur la Révolution de 1830 et sur sa cantate pour le prix de Rome. Les barricades sont démolies on repave les rues on fait des illuminations qui remplacent les réverbères. [..] si tu voyais, devant la croix noire plantée devant le Louvre et qui indique la grande fosse des gardes nationaux ces pauvres femmes qui pleurent sur leur fils ou mari, ou père, ou frère, c’est un spectacle déchirant. “ Il évoque la rumeur de la fuite de Charles X à Rambouillet, avec la foule à sa poursuite, puis sa cantate pour le Prix de Rome : Oui oui j’aurai le prix, sois tranquille. Mr. Lesueur est dans le ravissement de ma cantate [La Mort de Sardanapale]… Si j’étais né pour une vie de souffrances et d’émotions cruelles je remplis bien ma destinée. [...] J’attends dimanche, avec le tourment d’un homme qui à chaque seconde recevrait une goutte de plomb fondu sur le cœur… Correspondance générale, éd. de P. Citron, t. I, lettre n° 171. 600/800 € 242 BERLIOZ (Hector). Lettre autographe signée à sa sœur Nanci Pal, datée Paris 29 juin [1846], 4 p. in-8, adresse autographe et marques postales. Lettre sur La Damnation de Faust. Berlioz vient de passer une semaine à Lille, où a été exécutée le 14 juin 1846 sa cantate Chant des chemins de fer, spécialement composée pour la cérémonie d’inauguration du chemin de fer du Nord. … Les 250 musiciens militaires ont fait crânement leur devoir. La cantate a été chantée avec une verve peu commune et des voix fraîches que nous ne pouvons pas trouver à Paris pour nos chœurs.” … “On ne peut se faire une idée de cette cohue. Jules Janin [auteur des paroles de la cantate] a perdu au bal sa décoration turque en diamants qui valait 800 fr. On mourait de soif, les logemens manquaient pour les Parisiens et les Belges débarqués le jour même” Au sujet de “La Damnation de Faust c’est une immense partition et j’aurai fini bien juste pour le mois de novembre époque où je dois la faire exécuter” [la première aura lieu, mais sans grand succès, le 6 décembre 1846]… Ce n’est pas ce que tu crois, il n’y a qu’une scène infernale à la fin, le dénouement au contraire se fait dans le ciel. Si tu ne me crois pas je vais te dire le chœur final, ce sera une occasion de te faire admirer mes vers dont tu n’as jamais eu le bonheur de voir le moindre échantillon”… Correspondance générale, éd. de P. Citron, t. III, lettre 1045, p. 346. 800/1 000 € AUTOGRAPHES 241
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